Si les Blues de St. Louis connaissent tant de succès cette saison, c'est notamment grâce à un trio aussi dominant qu'inattendu, formé par les ailiers Jaden Schwartz et Vladimir Tarasenko, et piloté au centre par Jori Lehtera.

Avant le match d'hier, les trois comparses totalisaient 56 points et en venaient même à faire oublier le début de parcours tranquille de Paul Stastny au Missouri.

Or, le destin a bien failli empêcher les Blues de compter sur les services de Lehtera.

C'est qu'en 2010-2011, le Finlandais faisait ses débuts en KHL avec le Lokomotiv de Yaroslavl. L'année suivante, il portait plutôt les couleurs du Sibir de Novosibirsk. Dans l'intervalle, le 7 septembre 2011, un avion transportant notamment 37 membres du Lokomotiv s'écraisait.

Bref, si Lehtera était resté chez le Lokomotiv, il ne serait plus des nôtres aujourd'hui.

«Je n'aimais pas l'entraîneur, je voulais aller ailleurs et le Sibir souhaitait m'embaucher, raconte Lehtera. J'avais eu une saison correcte, mais en séries, ça a vraiment mal été (trois passes en 18 matchs). J'avais une mauvaise relation avec l'entraîneur, je voulais changer d'équipe et en raison de ces mauvaises séries, ils m'ont laissé partir.

«Je n'ai jamais pensé à ce qui serait arrivé si j'étais resté à Yaroslavl. Mais avec le recul, je suis content d'avoir connu de mauvaises séries.»

Six ans plus tard

En accueillant Lehtera dans leurs rangs, les Blues ont obtenu le même genre de cadeau inespéré que le Canadien il y a trois ans, quand Alexei Emelin a traversé l'Atlantique. Emelin avait été repêché en 2004, et a attendu sept ans avant de se joindre au Canadien. Lehtera, lui, est un produit de l'encan 2008.

«Mon plan original était de rester en KHL un an et m'en venir ici après. Mais un an est devenu quatre ans!»

Avec 18 points en 18 matchs, on n'exagère pas en parlant d'un impact immédiat. Et selon Lehtera, il s'agit là du fruit d'une bonne préparation en KHL. À ses trois dernières campagnes, il y a obtenu 118 points en 125 matchs.

«Après quatre ans, c'était assez, je sentais que je n'avais plus à apprendre là-bas, affirme-t-il. J'étais prêt. Les Jeux olympiques m'ont aidé, j'ai vu plusieurs joueurs de la LNH et j'ai pris conscience que je pouvais jouer ici.

«Je gardais toujours la LNH en tête. Chaque été, je regardais les deux contrats côte à côte et je faisais les pour et les contre. Chaque été, je pensais venir ici et chaque fois, je disais à ma copine qu'on irait en Amérique du Nord la saison suivante. Et quand je lui ai annoncé l'été dernier que je venais à St. Louis, elle m'a répondu "Oui, c'est ça". Elle ne me croyait plus!»

Ken Hitchcock ne se dit aucunement surpris des succès de son protégé.

«Pour les points, peut-être un peu, mais pas pour son jeu d'ensemble, a dit l'entraîneur-chef des Blues. C'est ce qu'on voyait en lui. On savait qu'il jouerait dans nos trois premiers trios, peut-être même nos deux premiers. On l'a vu aux Jeux de Sotchi avec la Finlande. Il a commencé comme ailier gauche dans le quatrième trio et a fini comme centre d'un des deux premiers trios. Il sait comment jouer, c'est un vrai pro. Il a le sens de la compétition typique des Finlandais. Je ne pense pas qu'il va ralentir.»

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Kirk Muller et le taoïsme

Depuis le début de la saison, Ken Hitchcock compte sur les services de Kirk Muller parmi ses adjoints. Muller s'est trouvé cet emploi l'été dernier, après avoir été remercié par les Hurricanes de la Caroline, qu'il dirigeait depuis l'automne 2011.

Hitchcock n'a pas tari d'éloges à l'égard de l'ancien du Canadien. «Il est le yin et je suis le yang. Ou je suis le yin et il est le yang, peu importe! Il est très bon au banc avec moi, il a un très bon lien avec les joueurs.»

Hitchcock a également souligné sa contribution à l'avantage numérique des Blues, le deuxième de la LNH, et a rappelé que l'expérience de Muller comme entraîneur-chef ne nuit pas. «Il est capable de dire les choses difficiles aux joueurs, car il a déjà été entraîneur-chef. Il peut dire les choses que je dois dire, et m'évite d'être toujours le méchant.»

Hitchcock y est allé d'une prédiction. «Il va éventuellement nous quitter pour diriger sa propre équipe, et j'espère que ce sera dans l'Est!»