Le Canadien cherchait à aligner sa plus longue séquence victorieuse depuis mars 2006 en remportant un septième match de suite. Mais les Penguins de Pittsburgh ont stoppé ça net.

La bande à Sidney Crosby, qui a modifié son style de jeu sous les ordres du nouvel entraîneur-chef Mike Johnston, s'est accaparée l'enclave en première période, prenant une avance de 2-0 qu'elle allait développer vers une victoire facile de 4-0.

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C'était le cinquième revers du Tricolore en temps règlementaire cette saison et, chaque fois, le CH a perdu par un écart d'au moins trois buts. Lors de ces cinq revers, il a été dominé 25-3 au chapitre des buts.

Tant qu'à perdre, aussi bien ne pas faire les choses à moitié!

«C'est le genre de match qui nous donne une bonne dose d'humilité, a indiqué l'entraîneur-chef Michel Therrien. Ça met les choses en perspective. Quand on affronte une équipe comme les Penguins, on réalise qu'il nous reste énormément de travail à faire si l'on veut se comparer à eux.»

Alors qu'on attendait Crosby ou encore Evgeni Malkin, c'est le troisième trio des Penguins, mené par le jeune Beau Bennett, qui a sonné la charge.

Le choix de première ronde des Penguins en 2010, dont l'arrivée dans la LNH a été ralentie par les blessures, n'a peut-être pas le coup de patin du siècle, mais ses instincts offensifs ne font aucun doute.

Le trio qu'il complète aux côtés de Brandon Sutter et Steven Downie est tombé à bras raccourcis sur le duo formé de Nathan Beaulieu et Tom Gilbert.

Beaulieu a servi à Bennett une passe parfaite dans l'enclave, et l'attaquant de 22 ans en a profité pour marquer son premier but de la saison.

Moins de deux minutes plus tard, une couverture nonchalante a permis à Downie de doubler l'avance des Penguins. Beaulieu et Max Pacioretty ont joué mollement du bâton sur la séquence.

Dommage pour le jeune défenseur du Tricolore car Mike Weaver avait déclaré forfait avant le match en raison d'une blessure au haut du corps, et l'occasion était belle pour Beaulieu de prouver qu'il avait sa place parmi les six premiers défenseurs.

Gilbert n'a pas été en reste. Il a été sur la glace pour les quatre buts des Penguins - à sa décharge, il venait à peine de sauter sur la glace sur le troisième - et Michel Therrien lui a préféré Beaulieu lors d'une supériorité numérique en début de troisième période.

Une machine bien huilée

Le Canadien a été en mesure de resserrer quelque peu sa défensive en deuxième période mais ça ne l'a pas empêché de concéder deux autres buts aux visiteurs.

Un mauvais choix de jeu d'Alex Galchenyuk lors d'un changement a permis à Sutter d'orchestrer une attaque des Penguins pendant que les forces fraîches du CH tardaient à arriver.

Sidney Crosby a profité d'une punition à ce même Galchenyuk pour inscrire son premier but en neuf matchs. L'avantage numérique des Penguins n'avait pas marqué lors des deux rencontres précédentes, mais affiche tout de même le meilleur taux de succès de la LNH.

On aurait pu croire que Carey Price allait être relevé après deux périodes puisqu'il était assez évident que le Tricolore n'était pas équipé pour remporter ce match-là. Il a toutefois fini la rencontre.

À l'autre bout, Marc-André Fleury a eu à se distinguer en début de troisième période afin d'inscrire son quatrième blanchissage de la saison. Ça lui fera du bien d'avoir obtenu un résultat de la sorte face à sa bête noire!

Jiri Sekac a mené quelques bonnes poussées en sa direction, mais rien n'a vraiment été concluant du côté du CH. Quelques chances en début de rencontre, quelques autres lorsque le match a été hors de portée, mais rien de bien convaincant lorsque tout était encore à l'enjeu.

Le CH pourra tirer une mince consolation d'avoir limité les Penguins à 22 lancers et de ne pas s'être laissé submerger, surtout dans les 40 dernières minutes.

Après un été tumultueux, on aurait pu s'attendre à ce que les Penguins mettent un peu de temps à retrouver toute leur cohésion. Or, leur début de saison indique que leur machine est déjà bien huilée et ils en ont fait la preuve mardi soir. Ils ont récolté pour l'occasion une 10e victoire en 11 matchs.

Quant au Tricolore, qui a entrepris l'une de ses semaines les plus difficiles de la saison, il recevra jeudi les puissants Blues de St-Louis, qui se sont fait blanchir 2-0 par les Bruins, mardi à Boston.

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Ils ont dit

> Marc-André Fleury, qui avait récolté un blanchissage contre le Canadien en séries éliminatoires: «Je ne sais pas pourquoi, mais ça ne marche jamais comme je le veux à Montréal. C'est le fun de finir avec un jeu blanc. (...) Ça fait du bien, j'ai l'impression que je viens de libérer des démons.»

> Christian Ehrhoff, qui a quitté les Sabres pour les Penguins l'été dernier: «La différence de culture est assez simple. Tout le monde à Pittsburgh s'attend à gagner, alors qu'à Buffalo, le monde s'attend à perdre.» - Christian Ehrhoff, qui a quitté les Sabres pour les Penguins l'été dernier

> Max Pacioretty: «On dirait que ces séquences de victoires se terminent souvent comme ça. C'est une mauvaise sensation. On savait que c'était un match important pour mesure notre progression, avec une bonne équipe qui débarquait ici.»

> Michel Therrien: «C'est le genre de match qui nous donne une bonne dose d'humilité. Ça met les choses en perspective. Quand on affronte une équipe comme les Penguins, on réalise qu'il nous reste énormément de travail à faire.»

> P.K. Subban: «Tôt dans le match, nous n'étions pas suffisamment compétitifs. De l'autre côté, ils se démènent du premier joueur jusqu'au dernier. On ne peut pas se permettre de prendre une seule présence à la légère. Qu'on soit victimes de mauvais bonds, d'accord. Mais on ne peut pas laisser l'adversaire travailler plus fort que nous.»

> Tomas Plekanec: «Nous avons fait plusieurs erreurs, ce soir, que nous ne commettons pas normalement et que, chose certaine, nous ne commettions pas lors de notre séquence de six victoires. Mais ça ne sert à rien d'être négatif. Il s'agit juste de rebondir au prochain match.» 

> Beau Bennett: «Si nous sommes pour nous mesurer aux premiers trios adverses, d'être en mesure de terminer avec un différentiel positif on aura fait notre travail. Ce soir, ça a fait du bien de contribuer offensivement et de donner un petit répit à nos gros canons.»

> Michel Therrien: «On a perdu l'initiative en partant. Sur le premier but, (les Penguins) ont profité d'un revirement qui n'avait pas lieu d'être. Et le deuxième est survenu sur une mauvaise couverture. Mais on a quand même fait de bonnes choses.»

> Beau Bennett, à propos du premier but du match: «On était en échec avant et on s'attendait à ce que (Beaulieu) fasse une passe à l'autre défenseur. Mais il a choisi de passer à un attaquant qui a laissé glisser la rondelle entre ses jambes. J'étais à la bonne place au bon moment. Ç'a été un cadeau parce que ça m'a donné une mini-échappée.»

- Propos recueillis par Guillaume Lefrançois