Gerard Gallant éclate d'un rire sonore au bout du fil.

Son interlocuteur vient de lui rappeler que le jeu en supériorité numérique du Canadien ne fonctionne pas très bien depuis son départ pour la Floride. «C'est peut-être le seul aspect qui fonctionne un peu moins bien à Montréal... et n'ont-ils pas justement marqué jeudi soir? Je prendrais leur fiche de 12-4-1 demain matin avec les Panthers...»

Gallant a quitté le Canadien cet été pour construire la jeune équipe des Panthers de la Floride. Ils ne se débrouillent pas trop mal avec une fiche de 5-4-5. Leur 13e place au classement dans l'Est représente mal leurs performances puisqu'ils ont disputé moins de matchs que leurs principaux rivaux.

«Nous avons disputé 11 bons matchs sur 13, dit-il. On ne compte pas beaucoup, de toute évidence, mais on n'accorde pas beaucoup de buts non plus.»

Les Panthers viennent au neuvième rang de la LNH au chapitre des buts concédés par match, mais se classent 28es pour les buts par rencontre. Le faible rendement offensif de ses jeunes vedettes ne semble pas le préoccuper.

Jonathan Huberdeau, 21 ans, troisième choix au total en 2011, a seulement 2 points en 11 matchs. Il en avait obtenu 28 l'an dernier après une première saison prometteuse. Aleksander Barkov, 19 ans, deuxième choix au total en 2013, a 3 points en 12 matchs. Nick Bjugstad, 22 ans, 19e choix au total en 2010, a seulement 3 points en 14 matchs.

«Ils sont encore très jeunes et ils jouent très bien malgré leur manque de production, répond Gallant. Huberdeau et Barkov ont 21 ans et 19 ans, ils deviendront de grandes vedettes éventuellement dans la LNH. Mais dans un monde idéal, ils seraient entourés de certains types de joueurs. Ici, nos joueurs de talent sont jeunes et nos vétérans sont des joueurs de caractère. On doit faire jouer les jeunes ensembles en supériorité numérique. On veut gagner nos matchs, mais on vise aussi à développer nos jeunes.»

Gallant n'a donc pas de Martin St-Louis, de Jarome Iginla ou même de Mike Ribeiro pour appuyer les meilleurs jeunes de l'équipe, un peu comme St-Louis l'a fait avec Steven Stamkos ou Ribeiro à l'heure actuelle avec Filip Forsberg à Nashville.

«Jonathan Huberdeau est beaucoup plus fort qu'à l'époque où je le dirigeais à St. John dans les rangs juniors. Il pèse désormais 190 livres et il doit continuer à acquérir de la force. J'adore son éthique de travail. Il ne cessera pas de s'améliorer.»

Tranquilles en défense

Pendant que les jeunes attaquants peinent à produire, le premier choix au total en juin, Aaron Ekblad, s'impose de façon étonnante à seulement 18 ans. Il est le meilleur compteur de l'équipe avec 9 points en 14 matchs et il est employé à toutes les sauces par Gallant. «Je n'aurais jamais imaginé qu'il aurait un tel impact à 18 ans. Il est notre meilleur compteur et il est solide défensivement, ce qui n'est pas facile à faire à un tel âge. Il joue déjà presque 22 minutes par match, il est utilisé à la pointe au sein de notre première vague en supériorité numérique et il affronte constamment les meilleurs trios adverses. Je n'en ai pas vu beaucoup comme lui à 18 ans...»

Ekblad est le seul de sa cuvée avec Leon Draisaitl, troisième choix au total par les Oilers d'Edmonton, à jouer dans la LNH cette saison. Sam Reinhart, deuxième choix au total, a disputé neuf matchs avec les Sabres de Buffalo avant d'être renvoyé dans les rangs juniors. Ekblad fait partie des quatre défenseurs des Panthers utilisés entre 21 et 22 minutes par match, avec Brian Campbell, Willie Mitchell et Dimitry Kulikov.

«Notre défense va bien. Kulikov est blessé actuellement, mais ils joue mieux défensivement et il appuie bien l'attaque. [Erik] Gudbranson est un bon défenseur défensif.»

La tenue de son gardien numéro un Roberto Luongo n'inspire aucune inquiétude. Acquis des Canucks l'an dernier, le gardien montréalais a une fiche de 5-3-4, une moyenne de 2,24 et un taux d'arrêts de 92,7 %. «Il est un très bon leader pour nos jeunes entre les matchs, mais on ne lui en demande pas trop non plus à ce chapitre. Avec 30 à 40 tirs par match, on préfère qu'il se concentre sur son travail!»

Malgré un rendement prometteur, les Panthers n'attirent pas les foules. Après les six premiers matchs à domicile, les Panthers avaient attiré en moyenne moins de 9000 spectateurs par rencontre. Gallant n'entend pas donner un style plus offensif à son club pour attirer les fans. «On n'y porte pas attention. On savait avant le premier match que nous n'allions pas faire salle comble lors de nos matchs. Il ne faut pas se laisser affecter par ça. Quand on gagnera, les gens viendront plus nombreux.»