Travis Moen a dû être «échangé» au moins 20 fois depuis un an. Sans trop le savoir, le vétéran attaquant est régulièrement au centre de rumeurs qui l'envoient à gauche et à droite, laissant croire que son passage au Centre Bell tire à sa fin.

Mais Travis Moen est encore là, et il rit un peu quand on lui explique son immense popularité sur le marché un peu fou des rumeurs de transaction.

«C'est pour cette raison qu'on appelle ça des rumeurs, n'est-ce pas?, lance-t-il en guise de réponse. Tu me dis que mon nom se retrouve dans ces rumeurs chaque semaine et il n'y a rien qui se passe, alors...»

Pour l'observateur moyen, Travis Moen représente souvent une source de frustration. On le remarque avant tout pour ses statistiques pas du tout spectaculaires (aucun point en 10 rencontres cette saison), on remarque son salaire, jugé trop élevé (1,8 million de dollars par campagne). On remarque qu'il n'est plus trop intéressé à la bagarre.

Pourtant, c'est son nom que Brian Gionta avait avancé l'été dernier, avec celui de Tomas Plekanec, parmi les deux candidats au titre de prochain capitaine du Canadien. C'est lui que plusieurs joueurs de l'équipe nomment lorsque vient le moment de cibler les leaders dans le vestiaire montréalais.

Travis Moen, malgré son rôle limité avec le Canadien, jure qu'il ne veut pas aller voir ailleurs, même s'il a été laissé de côté à cinq reprises cette saison.

«Oui, c'est nul de devoir être à l'écart, on veut toujours être de la formation et aider le club à gagner... Je n'ai pas eu de discussion à ce sujet avec l'entraîneur (Michel Therrien). Je joue de la manière dont j'ai joué au cours des 10, 12 dernières années... Si j'ai dû rater des matchs, c'est peut-être juste à cause du nombre de joueurs qui sont disponibles au sein de notre équipe, selon moi. Mais je ne connais pas la raison exacte.»

Rôle différent

Du même souffle, le joueur de 32 ans reconnaît que la situation a changé chez le Canadien depuis son arrivée ici à titre de joueur autonome, en 2009.

«Mon rôle est un peu différent. Quand je suis arrivé ici, j'étais un joueur de troisième trio. Nous avons des joueurs de talent (au sein du troisième trio), et c'est difficile de prétendre qu'ils ne méritent pas d'être là.»

En effet. Samedi soir, le troisième trio nouvelle mouture du Canadien (Brandon Prust, Lars Eller et Jiri Sekac) a largement contribué à cette victoire convaincante de 4-1 sur le Wild du Minnesota, et on peut difficilement croire que Michel Therrien modifiera cette combinaison en vue du match de demain soir au Centre Bell, contre les Jets de Winnipeg.

Du côté du quatrième trio, c'est autre chose. La compétition y est certes plus ouverte, et Moen pourrait être engagé cette saison dans une rotation qu'il aimerait mieux éviter.

Le vétéran n'a pas discuté de la situation avec Michel Therrien.

«Je ne sais pas ce qu'il veut faire à ce sujet, vous allez devoir lui demander... Je ne connais pas sa stratégie par rapport aux gars et à la formation. J'en ai déjà discuté avec la direction, je pense que quand je suis sur la glace, je peux aider l'équipe à gagner. Mon rôle a changé un peu au sein du club, mais j'ai mon rôle à moi, qui est un peu le même: jouer de manière physique, être bon défensivement, et jouer à quatre contre cinq.»

Il est clair que malgré tout, Travis Moen est très conscient des critiques. De sa fiche cette saison, qui n'est pas celle qu'il voudrait avoir.

«Bien sûr que ça me dérange, admet-il. Très certainement. Ça dérangerait n'importe qui. Il y a quelques gars ici qui n'ont pas de point à leur fiche. On veut tous contribuer aux succès de l'équipe, marquer quelques buts pour se sentir mieux. J'aimerais bien pouvoir en réussir quelques-uns...»

Le 0 à sa fiche lui pèse un peu, mais Travis Moen estime qu'il peut aider d'autres façons.

«Je ne pense pas que ça diminue ma contribution à l'équipe, offre-t-il en guise de conclusion. Je donne un coup de main en défense et en désavantage numérique. Je ne pense pas que l'équipe se fie à moi pour marquer souvent... Mon rôle, c'est d'être bon défensivement.»