À l'ombre de Jonathan Toews et de Patrick Kane, et à l'ombre du plus récent lauréat du trophée Norris Duncan Keith, il y a chez les Blackhawks de Chicago un discret vétéran de 35 ans. Un type qui n'a peut-être jamais été l'un des noms les plus vendeurs de la LNH, mais qui a pourtant atteint jeudi dernier le cap des 1000 points en carrière. Un plateau d'autant plus impressionnant que 79 joueurs seulement l'ont atteint dans l'histoire de la ligue.

Marian Hossa est seulement le quatrième joueur actif à y parvenir, les autres étant Jaromir Jagr, Joe Thornton et Jarome Iginla.

C'était flamboyant que Hossa réalise l'exploit face à sa toute première équipe, les Sénateurs d'Ottawa. Mais pour le reste, il est vrai que son jeu rapide n'est pas nécessairement le plus flamboyant. Il s'agit surtout d'un style méthodique, un style qui lui a valu le surnom du «Professeur» lorsqu'il portait l'uniforme des Thrashers d'Atlanta, et qu'il a développé en faisant sans cesse évoluer son jeu défensif.

«Quand je suis arrivé dans la LNH avec les Sénateurs, je ne pensais qu'à l'attaque, se souvient l'ailier slovaque. Par la suite, avec Atlanta, nous n'avions pas le même genre d'effectifs qu'à Ottawa et je me suis dit qu'il fallait que j'aide dans d'autres départements.»

L'ancien entraîneur-chef Jacques Martin, qui l'a dirigé durant plusieurs années à Ottawa, n'est pas d'accord.

«Déjà à cette époque-là, c'était l'un des meilleurs joueurs que j'avais jamais vu pour exercer de la pression arrière», se souvient l'ancien pilote du Canadien.

Mais aux yeux de Hossa, son application envers le jeu défensif n'a fait que croître avec les années. À ce titre, la saison qu'il a passée chez les Red Wings l'a grandement aidé.

«De côtoyer les Zetterberg, Datsyuk et Lidstrom à tous les jours m'a permis de gagner beaucoup en expérience, dit-il. C'est dommage qu'on ait perdu en finale cette année-là, mais j'ai pu ensuite apporter ce bagage-là à Chicago où j'ai essayé d'appliquer ce style dans les deux sens de la patinoire.»

S'il avait évolué au centre, Hossa aurait probablement un trophée Selke sur son tableau de chasse. Or, depuis 2002-03 et les belles années de Jere Lehtinen, l'honneur du meilleur attaquant défensif semble réservé à des joueurs de centre.

L'un des plus rapides au monde

Le capitaine des Hawks Jonathan Toews ne tarit pas d'éloges à l'égard de Hossa, soulignant à quel point il est bon coéquipier, combien un bon esprit l'anime et que ses qualités athlétiques sont indéniables.

«On apprend beaucoup d'une personne comme lui», mentionne-t-il.

Les entraîneurs aiment rappeler qu'une bonne attaque naît souvent d'une bonne défensive, et Toews convient que Hossa en est le parfait exemple.

«À son âge, il a encore l'un des meilleurs coups de patin au monde, note le Franco-Manitobain. Parfois on sent qu'on a beaucoup d'énergie et on se dépêche à revenir dans notre zone, puis Marian arrive d'en arrière à chaque fois et nous dépasse sans qu'on puisse comprendre pourquoi!

«C'est le genre de joueur qui t'aide à réaliser que plus tu travailles fort en défense, plus tu vas avoir de temps avec la rondelle pour créer des jeux à l'attaque. C'est un bel exemple pour toute notre équipe.»

Au fil de sa carrière, Hossa a atteint le plateau des 40 buts à trois occasions. Mais à Chicago, son rôle lui va comme un gant. Il prend plaisir à jouer sans être nécessairement celui sur qui l'on se fie pour marquer des buts.

«Il y a tellement de talent ici que je n'ai pas trop à me soucier de marquer des buts, concède-t-il. Ça enlève de la pression à tout le monde quand on sent que la contribution est répartie.»

Ça n'empêche pas que Hossa ait maintenu un rythme de 0,86 point par match depuis son arrivée chez les Blackhawks en 2009-10.

En toute discrétion...