Les débats sur les gardiens numéro 1 de chaque équipe sont toujours intéressants à suivre, et ils le sont encore plus quand le coloré Bob Hartley est là pour les commenter. On en a eu une preuve, hier matin, au Centre Bell.

C'est que Jonas Hiller amorçait hier un troisième match de suite devant le filet des Flames de Calgary. Or, lors des 11 premiers matchs de la saison, Hiller et Karri Ramo jouaient en alternance, un match chacun. Mais voilà que Hiller s'est suffisamment démarqué de son adjoint pour mériter quelques départs de suite.

Mais de là à parler d'un gardien numéro 1, il y a un pas que Hartley refuse de franchir.

«Non, il n'y a pas de numéro 1. À Montréal, vous êtes fameux pour faire des vagues de 20 pieds dans des barboteuses, a lancé l'entraîneur-chef des Flames, ce qui a déclenché l'hilarité. On a deux gardiens qui ont le potentiel d'être étiquetés numéro 1. Je ne ferai jamais la gaffe de courir en haut de l'oratoire Saint-Joseph et mentionner qu'un est le numéro 1 et, dans deux ou trois matchs, ce sera l'inverse, parce que l'inverse peut se produire aussi. C'est un heureux problème à avoir.

«Après 11 matchs, on a déterminé que Jonas avait une petite longueur d'avance, mais c'était presque un photo-finish. Comme entraîneur, tu dois aussi y aller avec ton "gut feeling". On y est allé avec Jonas contre Nashville (vendredi), il a très bien joué. Et la bataille contre Price, c'était tout un match. C'était un match enlevant et les deux gardiens se sont donnés en spectacle. Pour nous, c'était une décision de bon sens. Mais là, on entreprend un voyage de cinq matchs et on aura besoin de nos deux gardiens.»

Hiller pouvait difficilement demander mieux pour ses premiers pas dans une organisation autre que celle des Ducks. Avant la rencontre d'hier, son dossier se lisait à 4-2-1, avec une moyenne de 1,82 et une efficacité de ,941. Bref, de quoi rassurer les Flames sur l'investissement de deux ans et 9 millions de dollars qu'ils ont fait l'été dernier.

«Ça va bien. Je sais bien que je dois continuer sur cette lancée pour rester devant le filet. Je dois poursuivre sur le même rythme», a dit simplement Hiller, dans un très bon français.

Son adjoint, Karri Ramo, ne présente pas de vilaines statistiques, avec sa moyenne de 2,37 et son efficacité de ,914. Mais la première manche de cette compétition interne appartient clairement à Hiller.

Soir de première

Parlant de Hiller, il a contribué à l'écriture d'une petite page d'histoire du hockey suisse, hier.

Avec le rappel de l'attaquant Sven Baertschi et le retour dans la formation du défenseur Raphael Diaz, la Suisse comptait trois représentants chez les Flames. C'était la première fois de l'histoire de la LNH que l'on retrouvait trois Helvètes dans le même uniforme pour un match de saison.

«En Suisse, il y a tous les jours de petits articles sur les matchs dans la LNH, a expliqué Hiller. J'imagine que l'article de demain sur notre match contre le Canadien sera un peu plus gros!»

Et c'était de circonstances que cette équipe soit dirigée par Hartley, lui-même ancien entraîneur-chef à Zurich en 2011-2012!

«J'ai passé une saison là, j'ai vu comment on travaille avec les jeunes au hockey mineur. Non seulement on forme de bons joueurs de hockey, mais on forme aussi de bons athlètes. Avant les entraînements, les équipes font du hors-glace, que ce soit au terrain de soccer ou au gymnase. On développe d'excellents athlètes.»

«Il y a quelques années, les seuls Suisses dans la LNH étaient gardiens, il n'y avait pas d'attaquants ou de défenseurs, rappelle avec justesse Diaz. Mark Streit a brisé la glace pour nous comme défenseur. Maintenant, il y a une dizaine de Suisses dans la LNH. C'est bon pour un petit pays comme le nôtre. J'espère qu'il y en aura plus bientôt.»

Selon le site Hockey-Reference.com, 20 joueurs nés en Suisse ont disputé au moins un match dans le circuit. Avec 334 matchs derrière la cravate, Hiller est le gardien avec le plus d'expérience, tandis que Mark Hardy (915) est le meneur parmi les patineurs, devant Streit (584).