Mark Giordano n'a pas la notoriété d'un Shea Weber ou d'un Erik Karlsson. Mais s'il continue à amasser les points et que son entraîneur continue de l'encenser comme il l'a fait hier matin, on parlera de plus en plus de lui.

«C'est l'athlète ultime. Il est tellement sur la coche dans tous les aspects de son jeu qu'il en est presque ennuyeux à coacher! a lancé le toujours loquace Bob Hartley, après l'entraînement matinal d'hier des Flames de Calgary. Pas besoin de lui dire que tu as besoin de telle ou telle chose. Il est toujours à l'heure, il joue comme il s'entraîne et il s'occupe de ses coéquipiers.»

Hartley a continué de parler en long et en large du capitaine de son équipe, un joueur qui présente des statistiques ahurissantes depuis l'an dernier, sans obtenir des tonnes d'attention pour autant.

On sera surpris d'apprendre, par exemple, que depuis le début de la saison 2013-2014, sa moyenne de 0,73 point par match est la quatrième parmi les défenseurs de la LNH, derrière Karlsson, Victor Hedman et Duncan Keith. On notera aussi qu'il présente sur la même période un différentiel de +14, un miracle pour le joueur le plus utilisé de l'une des pires équipes de la LNH la saison dernière.

Malgré cela, dans la planète LNH, le nom de Mark Giordano n'est toujours pas associé à l'élite. Quand Équipe Canada se formait en vue de Sotchi, on ne parlait guère de lui. C'est à peine si son nom a effleuré les lèvres de l'influent collègue Pierre Lebrun. Au scrutin du trophée Norris, on le retrouvait au 10e rang, mais il est vrai qu'une blessure en début de saison ne lui a permis de jouer que 64 matchs.

Un parcours atypique

«Il n'a pas été repêché, il sort de nulle part, il s'est expatrié dans la KHL après une ou deux saisons, il a joué dans la Ligue américaine. Il en a bavé, mais il apprécie chaque moment.»

C'est de cette façon que Hartley s'explique le fait que son meneur d'hommes n'obtienne pas autant d'attention que d'autres arrières qui présentent des statistiques comparables.

C'est effectivement au terme d'un parcours tortueux que Giordano a fait sa place dans la LNH. Il a par exemple dû attendre ses 19 ans avant de faire ses débuts dans la Ligue junior de l'Ontario, en 2002-2003. «Je n'étais pas un très bon joueur», admet-il humblement.

Les Flames l'ont ensuite embauché comme joueur autonome. Une dispute contractuelle l'a toutefois amené à passer la campagne 2007-2008 en KHL.

De retour au bercail depuis, il a explosé avec 47 points en 64 matchs la saison dernière. Une saison qu'il a amorcée en recevant le «C» que portait jadis un certain Jarome Iginla. De grosses chaussures à remplir...

«Ce n'était pas si mal, c'était facile pour moi, car les gens ne s'attendaient pas à ce que je sois Jarome Iginla! répond-il. Mais j'ai appris à ses côtés, il traitait très bien les gens.

«J'ai vécu plusieurs hauts et bas dans ma carrière, donc les autres joueurs peuvent s'identifier à moi et je peux m'identifier à eux et comprendre ce qu'ils vivent. On m'a renvoyé et rappelé plein de fois, j'ai souvent été laissé de côté en début de carrière, donc j'ai vécu presque toutes les situations, ce qui peut m'aider.»

Grâce à Hartley

Quand on l'interroge sur ses statistiques individuelles, Giordano donne vite le crédit à son entraîneur.

«Je disais à nos entraîneurs plus tôt aujourd'hui que notre système nous facilite la tâche, explique l'athlète de 31 ans. Nos attaquants exercent une bonne pression de l'arrière, ce qui crée des revirements, et quand ils surviennent, on nous demande d'appuyer l'attaque. Regardez nos défenseurs, Dennis Wideman, T.J. Brodie, on a tous des statistiques similaires et c'est grâce à notre style.»

Vérifications faites, la théorie de Giordano ne doit pas être farfelue. Avant les matchs d'hier, les défenseurs des Flames venaient au premier rang de la LNH avec 26 points. Seules quatre autres équipes ont obtenu 20 points ou plus de leurs arrières.

En plus de posséder des qualités de joueur et de meneur, Hartley devra maintenant souligner que Giordano est aussi un fin analyste!

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Revoici Raphael Diaz

Montréal, Vancouver, Sotchi, New York et maintenant Calgary. On met au défi qui que ce soit de vivre une année plus mouvementée que l'année 2014 de Raphael Diaz. Échangé du Canadien aux Canucks, puis aux Rangers l'hiver dernier, il s'est déniché un emploi pour la présente saison au dernier moment, après avoir reçu une invitation au camp des Flames.

«L'été n'a pas été facile, car je ne savais pas ce qui arriverait», a reconnu le défenseur suisse, qui s'est par ailleurs entraîné à la maison, à Zoug, pendant l'été.

Diaz a nommé Tomas Plekanec parmi les anciens coéquipiers du CH avec qui il demeure en contact. Il n'a toutefois pas pu renouer avec eux sur la patinoire, puisqu'il a été laissé de côté par Bob Hartley pour la sixième fois en 11 matchs cette saison.