L'ancien du Canadien Michael Cammalleri connaît des débuts explosifs avec les Devils du New Jersey, lui qui a inscrit quatre buts et cinq points à ses trois premiers matchs au sein de sa nouvelle équipe.

On pourrait croire le bon vieux Cammy de retour à ses bonnes habitudes de joueur offensif. Mais ce serait ignorer une partie de la réalité. Car durant ses deux saisons et demie chez les Flames de Calgary, l'attaquant de 32 ans s'est appliqué à devenir un meilleur joueur défensif que lors de son premier passage en Alberta... ou même à Montréal.

C'est pourquoi le voir aujourd'hui dans l'uniforme des Devils n'est pas aussi incongru qu'on pourrait l'imaginer a priori.

«Je sens que mon jeu d'ensemble est meilleur qu'il ne l'a jamais été, et je dois beaucoup à Bob Hartley, a confié Cammalleri en entrevue à La Presse. On a passé beaucoup de temps ensemble à faire du vidéo pour faire de moi le meilleur joueur possible aux deux extrémités de la patinoire.

«Il ne s'agissait pas de nouvelles notions pour moi, mais ça m'a été présenté à nouveau de telle manière que ça a beaucoup aidé.»

L'entraîneur-chef Peter DeBoer s'est dit «agréablement surpris» de découvrir un joueur totalement au service de la cause et de la culture de l'équipe.

«Sans dire que c'est rare venant d'un joueur offensif d'être à ce point engagé dans notre style de jeu, je dirais que son attention aux détails défensifs est formidable, a indiqué le coach des Devils. C'est génial pour un entraîneur de pouvoir compter sur l'attaque d'un tel joueur qui se préoccupe tout autant de son jeu à l'autre bout.

«Il déploie beaucoup d'efforts pour bien jouer sans la rondelle. Qu'il puisse continuer de marquer des buts malgré cela est important pour tout le monde, car ça prouve qu'on n'a pas besoin de sacrifier quoi que ce soit dans notre jeu défensif pour produire en attaque.»

Moins de tirs sur réception

En attaque aussi, Cammalleri a été forcé de revoir son arsenal.

À Montréal, il n'était pas rare qu'on le voie tenter des tirs sur réception, tant en avantage numérique qu'à forces égales. Or, les nouveaux schémas défensifs l'ont forcé à corriger certaines pratiques.

«De nos jours, rappelle-t-il, les équipes en défense surchargent un côté de la zone. Si on cherche à se libérer pour faire un tir sur réception, ça ne fonctionnera pas souvent. On ne peut pas espérer qu'une passe fraye son chemin entre trois opposants.

«Alors il faut aller soutenir son coéquipier et créer quelque chose en sortant de là avec la rondelle. C'est là que le synchronisme entre des compagnons de trio est important: si on sait où chacun se trouve, on va être capable d'agir une fraction de seconde avant que l'autre équipe ne réagisse, et c'est là qu'on aura des chances.»

Plus le temps d'attendre

Ce n'est un secret pour personne, l'avenir à court et moyen terme n'est pas rose à Calgary. Malgré cela, Cammalleri a longtemps envisagé la possibilité de demeurer avec les Flames plutôt que de devenir joueur autonome.

Pourquoi?

«Parce que croire en du monde, c'est croire qu'ils ne s'apitoieront pas sur leur sort et qu'ils ne mettront pas dix ans à remettre l'équipe sur les rails, répond-il. Je sais qu'ils ne veulent pas faire d'erreurs en accélérant le processus, mais je sais qu'ils comptent l'accélérer.»

En fin de compte, toutefois, Cammalleri est conscient qu'à 32 ans, ses chances de remporter la Coupe Stanley ne sont plus ce qu'elles étaient.

«Ç'a été le gros facteur, reconnaît l'ancien du CH. Il fallait que je me retrouve dans le contexte où je serais le plus motivé.»

Au New Jersey, où on l'a placé dans le premier trio avec Travis Zajac et Jaromir Jagr, Cammalleri a retrouvé avec surprise son ancien coéquipier Scott Gomez. Invité au camp d'entraînement, le vétéran centre s'est illustré, mais cela n'a pas encore débouché sur une offre de contrat. Lou Lamoriello a toutefois invité Gomez à rester dans les parages pour qu'il s'entraîne avec l'équipe.

«Je ne sais pas ce qui va se passer avec lui, mentionne Cammalleri. Il a toujours été un bon ami et un bon coéquipier avec tout le monde ici.

«C'est important que les gens sachent qu'il ne garde pas d'amertume de ces années à Montréal. Quand on évoque nos jours avec le Canadien, il a un grand sourire sur le visage.

«Et c'est la même chose pour moi: j'ai eu un fun noir à jouer pour le Canadien et je me sens privilégié.»