L'immense majorité des joueurs de la LNH n'entendent pas parler d'une léthargie lorsqu'ils sont blanchis pendant deux matchs. Mais voilà: Steven Stamkos ne fait pas partie de l'immense majorité des joueurs.

S'il s'était fait discret lors des deux premières sorties du Lightning de Tampa Bay, Stamkos a fait les choses en grand en enfilant son huitième tour du chapeau en carrière dans la victoire de 7-1 sur le Canadien. Il écrasait ainsi les aspirations du Tricolore à revenir de voyage avec quatre victoires.

> Le sommaire du match

Le capitaine du Lightning a récolté 11 buts à ses 15 derniers matchs face au Tricolore. À lui seul, il a enregistré lundi 12 lancers sur Carey Price et Dustin Tokarski alors que le CH au grand complet n'en a réussi que 17!

«Ce sont toujours de bons matchs contre le Canadien et j'aime élever mon jeu lors des gros matchs, a indiqué Stamkos après le match. C'était bien de pouvoir marquer un premier but et de pouvoir me mettre à l'aise à mesure que le match avançait. J'aurais pu marquer quatre ou cinq buts.»

Martin St-Louis n'est peut-être plus là pour le seconder, mais le soutien risque de venir souvent du défenseur Victor Hedman, qui s'est lui aussi illustré avec un but et trois mentions d'aide. Les deux hommes ont porté un dur coup au CH en milieu de deuxième période lorsque Hedman, posté au cercle de mise en jeu à la gauche de Ben Bishop, a effectué une très longue passe à Stamkos, qui l'a rejoint à la ligne bleue offensive, la rondelle se faufilant entre Andrei Markov et P.K. Subban.

Échappée. But. Alouette.

Souvenirs de séries

Il a beaucoup été question des séries éliminatoires depuis l'arrivée du Canadien à Tampa. Les joueurs du Lightning étaient interrogés à savoir si le match de lundi pouvait représenter une forme de revanche pour leur élimination en quatre matchs le printemps dernier. Ils répondaient qu'il n'y a que la nouvelle saison qui compte.

D'avoir pu rosser le Tricolore leur fera certes un petit velours, mais l'idée était surtout d'empêcher un rival direct de récolter trop de points lors d'un voyage déjà lucratif.

«Pour nous, c'était un match qu'il fallait absolument gagner, a même soutenu l'entraîneur-chef Jon Cooper. Leur équipe était sur la route depuis le début de la saison et ils étaient probablement un peu fatigués. C'était somme toute un match assez serré. Si Anton Stralman ne faisait pas cet arrêt désespéré et que le Canadien égalait la marque à 2-2, qui sait quelle tangente le match allait prendre à compter de ce moment-là.

«Nous avons pu ouvrir la machine par la suite, mais ça ne change rien au fait que (le Canadien) est une très bonne équipe dont on va beaucoup entendre parler cette saison.»

Chez le Tricolore, ce n'est pas la première ronde face au Lightning que Max Pacioretty avait en tête, mais la déconfiture de son équipe en finale d'Association face aux Rangers de New York.

«J'ai senti un relâchement émotif à la suite de notre remontée de samedi contre les Flyers, a noté le jeune attaquant. Ça me rappelle beaucoup notre fin de série émotive face aux Bruins et la contre-performance qui a suivi lors du premier match de la série contre New York.»

Faux départ

Il est vrai que le Canadien avait laissé passablement d'énergies sur les trois patinoires adverses qu'il avait foulé auparavant. Chaque fois, en jouant du hockey de rattrapage, il avait trouvé le moyen d'aller chercher la victoire.

Ça devait finir par le rattraper.

Un autre lent départ fait en sorte qu'après quatre rencontres, le Tricolore a accordé sept buts en première période et n'en a marqué que deux. Il a dirigé 24 lancers sur le filet adverse alors que l'ennemi en a cadré 52.

Même si les hommes de Michel Therrien n'ont pas cherché à utiliser cette excuse, on a bien senti que ce quatrième match en six soirs pesait lourd sur Tricolore, qui a été dépassé par la vitesse du Lightning et par la pression qu'il l'empêchait de bien orchestrer ses sorties de zones.

Une mauvaise sortie de Carey Price a mis la table au premier but du Lightning, quelques mauvaises punitions au CH lui ont donné de l'élan et, le temps de le dire, le match était hors de portée.

Therrien l'a bien vu, et c'est la raison pour laquelle il a remplacé Price pour la troisième période.

Pénible sur l'attaque à cinq

En plus de ses faux départs, le Tricolore devra faire un peu de nettoyage dans ses unités spéciales. Blanchie en quatre occasions, l'attaque n'a marqué aucun but en 14 occasions depuis le début de la saison. Si l'on tient compte de la disette de huit matchs (0 en 23) à la fin du calendrier 2013-2014, son dernier but en supériorité numérique en saison remonte au 25 mars!

«Nous avons plusieurs armes à notre disposition en avantage numérique, mais nous n'exécutons pas, a déploré Brendan Gallagher. Il y a eu des matchs où, même sans marquer, on créait des chances et on se donnait du rythme. Ce soir, nous n'avons rien créé et ça, ça fait mal.»

En ce jour de l'Action de grâce, le Canadien pouvait se montrer reconnaissant de rentrer à Montréal avec trois victoires en quatre matchs.

«C'est le temps de rentrer à la maison, a reconnu Max Pacioretty. On est contents d'avoir pu arracher trois victoires, mais c'est le début de la saison et il y a beaucoup de travail qui nous attend. On a réussi à soutirer une victoire à Philadelphie qui était laide, mais ce soir, c'était très laid.»

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Ils ont dit

«Que l'on joue quatre matchs en six soirs ou non, ces choses-là vont arriver. On va mettre ce match-là de côté et penser au suivant. Au final, on a connu un bon voyage et même ce soir, je crois qu'il y a des choses qu'on a bien faites. Malheureusement, durant ma pénalité, ils ont marqué et ça a quelque peu changé le momentum de la partie. Ils en ont marqué un autre peu de temps après et c'était pas mal terminé.» - P.K. Subban

«Carey n'était pas responsable. C'est le genre de match où rien ne fonctionne. Ça arrive à l'occasion durant une saison et ça nous est arrivé ce soir.» - Michel Therrien

«Nous n'aimons jamais laisser des points sur la table, mais ce soir, nous n'avons jamais eu de chance. Ils étaient meilleurs que nous, ils étaient compétitifs et ils bataillaient plus fort pour les rondelles libres. Ils ont été récompensés et pas nous parce que nous ne le méritions pas.» - Brendan Gallagher

«J'espérais qu'il réussisse sa passe, mais je ne croyais pas qu'elle allait se glisser entre deux défenseurs. Mais j'ai dit à Heddy: "Quand tu es hot, tu es hot!"» - Steven Stamkos au sujet de la «bombe» que lui a servie Victor Hedman

«Il faut mettre beaucoup plus de présence devant le filet et tirer davantage. Pour l'instant, on se passe un peu trop la rondelle à l'extérieur de l'enclave.» - Michel Therrien, à propos des ennuis de l'attaque à cinq

«J'ai appris au fil de ma carrière à continuer de faire ce que je fais et à ne pas céder à la frustration. Je sais que pour la majorité des joueurs, passer deux matchs sans marquer, ce n'est rien, mais on dirait que c'est une grosse affaire quand il s'agit de moi. On me pose des questions là-dessus. Alors, c'est un bon feeling de me taire d'abord et ensuite de faire taire les journalistes!» - Steven Stamkos

«On a réussi à resserrer passablement notre défensive l'an dernier et on doit continuer de bâtir là-dessus. Les équipes championnes sont toujours en haut du tableau en termes de buts accordés. C'est là où on veut être nous aussi.» - Victor Hedman

«Je suis content d'entendre que Christian a connu un bon camp d'entraînement, car quand je lui parle, je lui pose 100 questions et je ne reçois que trois réponses!» - Steve Thomas, entraîneur adjoint du Lightning, à propos de son fils Christian