Quand le voisin se décidera-t-il à faire le ménage dans sa cour? Quand va-t-il cesser ses bruyantes rénovations qui durent depuis une éternité?

Parfois, les gestes et décisions de nos voisins nous touchent directement. Cody Franson en sait quelque chose.

L'été dernier, le défenseur des Maple Leafs de Toronto a loué une maison à Kelowna, en Colombie-Britannique, en attendant que celle qu'il se faisait construire soit terminée.

Le hasard a voulu que son voisin temporaire soit son bon ami Josh Gorges, ancien arrière du Canadien. Plus étrange encore: le hasard a voulu que Gorges détienne pendant quelques heures le destin de Franson entre ses mains. Si Gorges finissait par laisser tomber sa clause de non-échange et acceptait la transaction qui le ferait passer aux Leafs, Franson prendrait le chemin de Montréal.

«Ç'a été une journée stressante», se souvient le défenseur de 6'5 et 213 lb à propos de ce 30 juin qu'a passé Gorges - qui était à ce moment-là à Brossard - à réfléchir à son avenir, avant de refuser d'aller se joindre à l'ennemi.

«On s'est parlé ce jour-là, a confié Franson. La décision lui revenait entièrement, et peu importe de quel côté il allait pencher, j'allais m'y plier. C'est sa carrière, et c'est une situation dans laquelle il avait été placé. Je lui ai dit de faire ce qu'il croyait être le mieux pour lui.

«Alors j'ai surveillé les nouvelles et je suis resté près du téléphone pour voir si quelque chose se produirait.»

Franson avait déjà été avisé par son agent qu'il constituerait la monnaie d'échange dans cette transaction.

«J'avais été au coeur de rumeurs de transaction auparavant et quand on joue dans un aussi grand marché, on baigne toujours dans ce genre de chose. C'est facile à absorber quand ces bruits-là reviennent constamment.

«Mais quand le vent de la rumeur s'est mis à souffler aussi fort, j'ai commencé à penser un peu à ce que ce serait (de jouer pour le Canadien)», a ajouté Franson, qu'une blessure au genou gauche a empêché d'affronter le Tricolore, hier.

«Compte tenu de l'historique entre Montréal et Toronto, ça aurait assurément été différent. Colby Armstrong l'a vécu en jouant avec nous avant d'aller pour eux l'année suivante. Je me suis fait tellement d'amis ici, ça aurait été difficile de les quitter.»

On l'a compris par la suite avec l'embauche de Tom Gilbert: Marc Bergevin chercher à alléger la masse salariale du Canadien et à obtenir, en lieu et place de Gorges, un défenseur droitier à caractère offensif.

Trois fois un an

Franson a récolté 33 points la saison dernière avec les Leafs, ce qui représentait pour lui un sommet en carrière. En juillet, il a évité l'arbitrage à la dernière minute en acceptant un contrat d'un an d'une valeur de 3,3 millions.

C'est la troisième année de suite que Franson signe un contrat d'une saison avec les Leafs. Cette situation n'est pas sans rappeler celle qui avait cours à une certaine époque entre le Canadien et l'attaquant Michael Ryder.

Visiblement, les Leafs hésitent à trop se compromettre avec le défenseur de 27 ans, qui sera admissible à l'autonomie complète en juillet prochain.

Le fait qu'ils se soient montrés prêts à l'échanger ne doit certes pas aider à bâtir des ponts plus solides, non?

«Sachant qu'ils considéraient cette option, ça m'incite à travailler d'autant plus fort pour qu'ils ne veuillent plus m'échanger, répond Franson. Je veux être un joueur qu'ils ne voudront plus jamais céder, c'est de cette façon que j'ai décidé de prendre la chose.»