Peter Budaj ne voulait plus jouer à Montréal, et le Canadien ne souhaitait pas amorcer la saison avec trois gardiens. Tout le monde a trouvé son compte.

Le Tricolore a réglé son épineux problème de gardiens, dimanche, en échangeant Budaj, de même que l'attaquant Patrick Holland, aux Jets de Winnipeg, contre l'attaquant Eric Tangradi. Les deux avants impliqués avaient été retranchés de leur camp respectif et allaient amorcer la saison dans la Ligue américaine.

C'est donc dire que Dustin Tokarski devrait jouer le rôle de numéro 2 cette saison, derrière Carey Price.

Demande de transaction

Joint par La Presse, l'agent de Budaj a indiqué que son client avait cogné à la porte de Marc Bergevin à l'issue des dernières séries.

«On a demandé une transaction après les séries, a révélé Rolland Hedges. Nous sommes très contents que la transaction soit faite. Ç'a été un long été pour Peter. Il veut simplement se retrouver dans une équipe qui a besoin de lui et qui le désire.»

Budaj a toujours eu la réputation du bon coéquipier, du fidèle numéro 2 qui acceptait son sort. Et Hedges assure que son client est resté le même avec ses coéquipiers.

«Nous n'avions pas de levier de négociation et nous n'en avons pas utilisé. On a demandé une transaction, on ne s'attendait pas à ce que ça se fasse du jour au lendemain. Ça aurait été bien que ce soit plus tôt, mais on est très contents que l'échange soit conclu avant le début de la saison. Peter est un bon gars, il n'a pas fait de vagues avec la situation.»

Signes avant-coureurs

En finale de l'Est l'an passé contre les Rangers, Price s'est blessé dès le premier match. Budaj l'a relevé pour la fin de la rencontre, mais Tokarski a été préféré à Budaj lors des cinq départs suivants.

Mais visiblement, le Canadien était intrigué par Tokarski avant même cet épisode. Le CH avait profité de l'absence de Price après les Jeux de Sotchi pour offrir deux départs à Tokarski. Le jeune Saskatchewanais a remporté les deux rencontres - la première contre les puissants Ducks, la deuxième par jeu blanc contre les moins puissants Sabres. Chaque fois sur la route.

Budaj, quant à lui, a présenté une fiche de 2-4-1 en l'absence de Price, et aucune des deux victoires n'a été enregistrée en 60 minutes.

Un mois plus tard, Tokarski a signé un contrat de deux ans, à deux volets en 2014-2015 et à un volet à compter de 2015, soit l'année au cours de laquelle le contrat de Budaj prenait fin. Cette date semblait indiquée pour la passation des pouvoirs, mais les performances de Tokarski ont visiblement précipité la décision.

Des économies

Avec cette transaction, Bergevin assainit également les finances de son équipe.

C'est que Budaj commandait un salaire annuel de 1,4 million de dollars, tandis que Tokarski ne coûtera que 562 500 $ dans le plafond salarial au cours des deux prochaines saisons. C'est donc une économie de 837 500 $ pour le poste de gardien auxiliaire.

Tangradi avait quant à lui été envoyé dans la Ligue américaine ce week-end par les Jets. Comme il détient un contrat à un volet dans la Ligue nationale, il est passé par le ballottage, mais il n'a pas été réclamé. Il se rapportera aux Bulldogs de Hamilton, où il touchera son plein salaire de 700 000 $. Cette somme ne sera toutefois pas comptabilisée dans le plafond salarial.

Choix de deuxième tour des Ducks en 2007, Tangradi compte 136 matchs d'expérience dans la Ligue nationale. L'an passé, il a été limité à 6 points en 55 matchs avec les Jets, mais il a distribué 105 mises en échec.

Holland avait été retranché du camp du CH dimanche dernier, après un camp décevant. Ironiquement, lui et Tangradi étaient à St-Jean (Terre-Neuve) pour un match préparatoire entre les Bulldogs et les Ice Caps, le club-école des Jets. Ils ont tous deux disputé la rencontre avec leurs nouveaux coéquipiers.

Parlant de Hamilton, là aussi, la donne changera devant le filet. Cette transaction signifie que le vétéran Joey MacDonald partagera le travail avec Mike Condon. Ce dernier, embauché en 2013 comme joueur autonome après sa carrière universitaire à Princeton, a terminé au premier rang des gardiens de l'ECHL la saison dernière avec une efficacité de ,931.

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Photo James Guillory, USA Today Sports

Eric Tangradi

Le passage de Budaj à Montréal en cinq temps

1er juillet 2011: l'arrivée

Le Canadien embauche Peter Budaj sur les termes d'un contrat de deux ans. Le Slovaque avait disputé 45 matchs avec l'Avalanche du Colorado la saison précédente, mais il vient clairement à Montréal dans un rôle d'auxiliaire. Il succède à Alex Auld.

3 mars 2013: la surprise

Le 2 mars, Price accorde sept buts dans un revers de 7-6 contre les Penguins de Pittsburgh. Le lendemain, dans un match dont l'enjeu est le 1er rang de la division Nord-Est, Michel Therrien joue gros et fait appel à Budaj contre les Bruins, à Boston. Le gardien réussit 31 arrêts pour mener les siens à un gain de 4-3. Budaj a présenté un dossier de quatre victoires et une défaite en trois saisons contre les Bruins dans l'uniforme bleu-blanc-rouge.

11 avril 2013: la séquence

Le Canadien défait les pauvres Sabres de Buffalo 5-1 pour assurer sa place en séries. Pas la victoire la plus mémorable de Budaj, qui ne reçoit que 15 tirs. Mais il signe une septième victoire de suite, et conclut la saison avec un dossier de 8-1-1.

19 mai 2014: l'affront

Price blessé, Therrien doit choisir entre le vétéran Budaj et le jeune Dustin Tokarski pour le deuxième match de la finale de l'Est contre les Rangers de New York. L'entraîneur-chef opte pour la jeunesse, et restera fidèle à Tokarski pour les quatre autres matchs. L'expérience de Budaj en finale d'association se sera limitée à la troisième période du premier match. En bon coéquipier, Budaj ne se plaint jamais de son sort devant les micros.

3 octobre 2014: la dernière

Dans ce qui sera sa dernière présence dans l'uniforme tricolore, Budaj accorde 4 buts sur 26 tirs et le Canadien s'incline 4-3 en prolongation à Ottawa. Il paraît mal sur les deux premiers buts, mais se dit tout de même satisfait de sa performance. Questionné une énième fois sur ses perspectives d'avenir à Montréal, il répète qu'il ignore ce qui l'attend, et refuse une fois de plus de placer ses intérêts personnels devant ceux de l'équipe.