Joel Quenneville, entraîneur-chef des Blackhawks de Chicago, s'est mis à sourire quand La Presse lui a posé une question sur Jimmy Waite, son entraîneur des gardiens tout neuf. «Jimmy? Ça me rappelle que nous avions le frère avec nous il n'y a pas si longtemps...»

Le frère, c'est bien sûr Stéphane Waite, aujourd'hui entraîneur des gardiens chez le Canadien. Jimmy, c'est bien sûr le frangin dudit Stéphane, et c'est lui qui est le nouvel entraîneur des gardiens par ici, à Chicago.

Bref, dans le camp des Blackhawks, on est passé rapidement d'un Waite à l'autre en un an.

«Jimmy est un grand entraîneur et on le voit, a ajouté Joel Quenneville. Nous avons plusieurs bons gardiens ici, et il est à bâtir un lien de confiance avec eux. Jimmy cadre parfaitement avec notre équipe.»

Cette affaire de famille est un peu compliquée, mais voilà: avant d'aller travailler avec Carey Price (et d'en faire un meilleur gardien, selon plusieurs), Stéphane Waite a été l'entraîneur des gardiens chez les Blackhawks pendant 10 saisons. Les mêmes Hawks qui, en 1987, avaient misé sur son frère Jimmy au premier tour du repêchage, avec le 8e choix au total.

Jimmy Waite le gardien n'aura jamais réussi à s'imposer chez les Hawks, mais Jimmy Waite l'entraîneur va tenter de le faire à compter de cette saison, après avoir passé les dernières années à apprendre le métier chez les Saguenéens de Chicoutimi, au hockey junior québécois.

Dans le vestiaire des Hawks, le règlement stipule que les assistants ne peuvent accorder d'entrevues aux médias (c'est ridicule, mais c'est comme ça), alors Jimmy Waite n'a pas pu répondre à nos questions.

Mais Corey Crawford l'a fait à sa place.

«Je connais Jimmy et il me connaît, alors ça commence à prendre forme, d'expliquer le gardien des Hawks. Ses méthodes me rappellent celles de Stéphane; avant un entraînement, on peut aller sur la glace 15 minutes avant les autres, et je reçois des tirs et des tirs. On travaille sur tous les aspects techniques. Stéphane et Jimmy, ce sont deux personnalités différentes, mais leurs méthodes sont les mêmes. Avec eux, c'est le travail avant tout. Ils savent que les résultats ne viennent pas tout seuls...»

Depuis son arrivée à titre de gardien régulier chez les Hawks, Corey Crawford en est à son 3e coach des gardiens. Il y a eu Stéphane Waite. Il y a eu Steve Weeks l'an dernier, une association fragile qui n'aura duré que le temps d'une saison, à la suite de laquelle il a été viré. Maintenant, il y a Jimmy Waite. Avec qui Crawford vise la Coupe Stanley, comme avec Stéphane Waite jadis.

S'il marche maintenant avec Jimmy, Crawford n'a pas oublié Stéphane.

«On a vu le travail que Stéphane a fait avec Carey Price... Moi, je ne suis pas comme Price. Quand on le regarde, ça a toujours l'air facile, comme s'il faisait ça sans effort. Il n'a même pas l'air d'essayer. Il est relaxe, calme, toujours en excellente position. Carey apprend comme j'ai appris avec Stéphane Waite. Ce qu'on doit faire, ce qu'on ne doit pas faire. Je sais que Stéphane aime travailler sur la rapidité des déplacements, et quand on regarde Carey, ça paraît...»

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Corey Crawford va entreprendre sa cinquième saison à titre de gardien numéro un à Chicago. À 29 ans, avec une bague de la Coupe Stanley à son palmarès, le gardien québécois pourrait croire qu'il n'a plus rien à prouver. Mais ce n'est pas comme ça qu'on fait les choses quand on a un maillot des Blackhawks sur le dos.

«Chaque année ici, le but, c'est la Coupe Stanley... Ce n'est pas assez de participer aux séries éliminatoires, il faut aussi la Coupe. Ici, une saison sans Coupe Stanley, c'est une saison ratée.»

Crawford prend une petite pause, puis fait le tour du vestiaire des yeux.

«C'est quelque chose qui commence avec les vétérans de l'équipe. On n'a qu'à regarder un peu les gars qui sont ici, dans ce vestiaire... Tu vois les [Jonathan] Toews, [Duncan] Keith, [Marian] Hossa, [Brent] Seabrook... Ce sont eux qui nous apprennent à ne pas nous contenter de participer aux séries.»

Comme Crawford lui-même à appris à «ne pas vouloir trop en faire», tel qu'il le répète souvent. Comprendre: ne pas tenter d'enfiler la cape du héros soir après soir.

Une autre affaire que Stéphane Waite lui a montrée. Une autre affaire que Jimmy Waite va sans doute lui rappeler cette saison.

«Je n'ai pas de buts précis cette année... Moi, je veux juste gagner des matchs, donner à mon club une chance de gagner. C'est tout. Avec le talent offensif qu'on a ici, on peut gagner chaque soir. Je dois juste donner aux gars une chance de le faire...»