C'est la raison pour laquelle on joue les matchs sur la glace. On ne donnait pas cher de la peau du Canadien, vendredi, parce qu'il a envoyé dans la mêlée une formation du calibre de la Ligue américaine contre une équipe de l'Avalanche bien nantie et aguerrie.

Les amateurs de Québec n'ont guère apprécié et la grogne s'est fait entendre dans les médias, en après-midi. Pour une dernière soirée de hockey de la LNH dans le vétuste Colisée, on aurait souhaité mieux.

Mais les jeunes loups du Tricolore ont tenu tête aux Matt Duchene, Ryan O'Reilly, Jarome Iginla et Gabriel Landeskog, et ils ont créé la surprise en l'emportant 3-2 devant une foule ambivalente de 15 074 personnes.

«Le spectacle a été bon, c'est ce que je retiens du match, a relevé l'entraîneur Michel Therrien. Les deux équipes ont donné un bon spectacle et les gens ont apprécié.»

Therrien avait auparavant dit que le Canadien respecte énormément les amateurs de Québec, mais que sa principale tâche est de préparer l'équipe pour le début de la saison, le 8 octobre.

«Je dois évaluer les jeunes qu'on a dans l'organisation, voir où ils sont rendus dans leur progression et vérifier leur force de caractère.»

Vendredi, le jeune Tchèque Jiri Sekac a prouvé qu'il est (presque) mûr pour les grandes ligues. Le trio de jeunes qu'il a complété avec Sven Andrighetto et Jacob De La Rose a été le meilleur du CH.

Andrighetto et Sekac ont d'ailleurs marqué. Le vétéran Brandon Prust a réussi le but qui s'est avéré celui d'une troisième victoire d'affilée pour l'équipe, à 5:22 de la fin de la troisième période. Prust s'est amené sur le flanc gauche et il a déjoué Semyon Varlamov à l'aide d'une feinte du revers.

Erik Johnson et Ryan O'Reilly ont fourni la réplique des visiteurs contre Dustin Tokarski.

Utilisé pendant tout le match, Tokarski a été très bon avec 27 arrêts. Varlamov a terminé la soirée avec 22 arrêts.

«Tokarski a très bien fait ça, a dit Therrien. On l'a vu en séries éliminatoires le printemps dernier, c'est un battant, un «gamer'. Il a fait de bons arrêts. Les gars devant lui ont tenté de s'appliquer à bien protéger l'enclave.»

Si le Canadien revient livrer un match présaison à Québec l'an prochain, ou si jamais les Nordiques devaient renaître de leurs cendres la saison prochaine, ce sera dans un amphithéâtre flambant neuf, qui est en construction tout juste à côté. Le nouveau Colisée doit ouvrir ses portes le 15 septembre 2015.

«J'ai davantage pensé qu'on jouerait dans un aréna neuf, si on est de retour l'an prochain, plutôt que c'était un dernier match au Colisée», a souligné le joueur de centre David Desharnais.

«La glace était mauvaise, c'était l'enfer. La rondelle bondissait partout. Il faisait tellement chaud dans l'aréna. Mais si c'était réellement le dernier match de la Ligue nationale ici, je suis content d'y avoir participé et de l'avoir gagné», a résumé Desharnais, natif de la rive-sud de Québec.

Tokarski veille au grain

Contre toute attente, le Canadien tenait son bout après deux périodes. Grâce en partie à Tokarski qui a été très solide. Il n'a cédé qu'une fois sur les 21 lancers qu'il a encaissés. Il a été particulièrement vigilant au début du deuxième engagement.

À l'attaque, Andrighetto, Sekac et De La Rose ont tôt fait d'afficher leurs couleurs.

L'Avalanche a marqué le premier, à 17:40 du premier vingt, au cours d'un jeu de puissance. Il a repris les devants au cours d'une autre attaque massive au début du troisième tiers, à 3:52.

Aidé par la chance, Andrighetto avait fait 1-1 à 9:54 du deuxième vingt. Sekac a recréé l'égalité en y allant d'un joli tourniquet à 7:50 de la troisième période, avant la poussée décisive de Prust.

Sekac séduit Therrien

Le Tchèque Jiri Sekac commence à adopter un style davantage nord-américain et ceci plaît grandement à l'entraîneur du Canadien.

«Il nous démontre de bonnes choses. Il doit faire des ajustements dans son jeu, mais on a vu des choses ce soir que nous n'avions pas vues à son premier match, a noté Michel Therrien. On l'a senti plus impliqué dans le jeu. Nous voulons qu'il joue moins en périphérie en zone offensive, qu'il aille davantage vers le filet. Il nous a montré ça. Il joue plus à la nord-américaine.»

L'ailier âgé de 22 ans met en application les directives qu'on lui donne et il apprend vite. Son niveau d'aisance augmente sans cesse.

«C'est effectivement le cas. Je me sens mieux à chacune de mes présences sur la glace, a-t-il corroboré. C'est le sentiment que j'ai sur la glace, que ça va mieux à chacune des secondes que je passe dans l'action.»

S'il admet que c'est un bon sentiment que de bien tirer son épingle du jeu contre une formation presque complète de la LNH, Sekac évite de s'emballer trop tôt quant à ses chances de mériter un poste.

«Ce n'est que le camp d'entraînement. J'imagine que les matchs de la saison régulière sont une coche plus intense que le match de ce soir. Mais ça me fait sentir bien que notre jeune équipe ait vaincu une équipe presque du calibre de la Ligue nationale. Nous avons travaillé fort et c'est une belle victoire.»

Le vétéran défenseur Francis Bouillon a été impressionné par la façon dont la relève s'est comportée.

«Beaucoup de personnes ne donnaient pas cher de notre peau. Plusieurs jeunes se battent pour une place et ils ont des choses à prouver. Ils ont montré beaucoup de caractère.»

Bouillon portait un A d'adjoint au (pas de) capitaine du Canadien. Une tâche qu'un joueur invité à un camp d'entraînement ne remplit jamais!

Le vétéran défenseur a paru rouillé à son premier match hors-concours. Il l'a reconnu, en disant qu'il s'est senti mieux à mesure que la soirée a progressé.

Une fleur pour Bozon

Therrien a avoué qu'on a voulu faire une fleur au jeune Tim Bozon en lui permettant de disputer une rencontre présaison.

«Nous connaissons tous son histoire et nous savons tout le cheminement qu'il a fait. Nous avons voulu lui faire vivre l'expérience de jouer un match préparatoire dans la Ligue nationale.

«C'est sûr que pour lui ce n'était pas facile, mais il a bien fait ça», a-t-il ajouté quand on lui a posé la question.

Bozon a apprécié le geste de l'organisation, lui qui a frôlé la mort il y a six mois à peine quand il a été foudroyé par la méningite.

«C'est un moment de fierté pour moi, a commenté l'attaquant d'origine française. Je ne pense pas avoir été trop nerveux. Je voulais vraiment avoir du plaisir, comme c'est le cas depuis le début du camp d'entraînement. J'ai saisi l'occasion, je passe que ça s'est bien passé. J'ai fait mes trucs. L'organisation veut aller doucement avec moi et y aller une étape à la fois. C'est une bonne étape d'accomplie.»

Le Canadien va jouer son prochain match hors-concours contre les Capitals de Washington au Centre Bell, dimanche. Il ne devrait pas y avoir de vagues de retranchements d'ici là. Samedi, l'entraîneur devrait tenir une deuxième bonne séance d'entraînement de la semaine avec les vétérans, comme il l'a fait mercredi.