Patrick Roy fait plaisir à ses partisans de Québec en sortant l'artillerie lourde, ce soir au Colisée Pepsi. L'Avalanche du Colorado pourra compter sur la présence en uniforme de Matt Duchene, Jarome Iginla, Gabriel Landeskog, Daniel Brière, Alex Tanguay et Ryan O'Reilly à l'occasion du match retour contre le Canadien.

Nathan MacKinnon aussi sera là et il sera bien heureux de revenir dans la Vieille Capitale, où il a vécu dans le junior quelques-uns de ses meilleurs moments avec les Mooseheads de Halifax.

«Je me souviens qu'à ma première saison, on était en déficit 0-3 en deuxième ronde contre les Remparts et qu'on était revenus de l'arrière pour l'emporter à Québec en sept matchs», s'est souvenu avec le sourire la merveille de 19 ans.

Cette remontée, dans l'esprit de MacKinnon, demeure un plus beau souvenir encore que la soirée de cinq buts qu'il s'était payée contre la formation jadis menée par... Patrick Roy.

Mais ces jours-ci, l'explosif attaquant de Cole Harbour n'a pas besoin de ressasser ses exploits chez les juniors pour trouver de l'inspiration en vue de la prochaine saison.

Ce qu'il a réussi lors de sa saison de recrue dans la LNH suffit amplement!

Durant une campagne qui lui a valu de remporter sans suspense le trophée Calder, MacKinnon a d'abord démontré qu'il était capable de jouer au centre dans la LNH, puis qu'il est déjà apte à connaître du succès au sein d'un des deux premiers trios de l'Avalanche.

Cette saison, Roy lui demandera l'un et l'autre, car MacKinnon sera appelé à pivoter le deuxième trio entre Gabriel Landeskog et un vétéran qui pourrait bien être Jarome Iginla ou encore Alex Tanguay.

«On l'a repêché en tant que joueur de centre et, la saison dernière, on s'attendait à ce qu'il passe l'année au centre du troisième trio, a indiqué Roy. Il a très bien fait. Mais quand Alex Tanguay a subi sa blessure, il a tellement bien joué à l'aile aux côtés de Paul Stastny et Gabe [Landeskog] que c'était facile pour nous de le laisser là.

«Cette saison, la perte de Paul sur le marché des joueurs autonomes nous a permis de le ramener au centre.»

Un impact dès maintenant

Alors que de nombreuses recrues frappent un mur au cours de leur première année dans la LNH, MacKinnon, lui, a trouvé une nouvelle vitesse en deuxième moitié de campagne. À compter du 18 janvier, donc lors des 42 derniers matchs de la saison, il a récolté 11 buts et 44 points.

Ce qu'il a constaté en cours de route, c'est que le statut de recrue n'était qu'un détail et qu'il n'en voulait pas vraiment.

«Je suis encore jeune, mais j'ai les atouts pour être un joueur d'impact et je ne veux pas attendre d'avoir 22 ou 23 ans pour le devenir», a lancé le puissant attaquant, qui a cherché à se renforcer durant l'été sans sacrifier sa rapidité.

De se retrouver de nouveau au poste de centre exigera toutefois de lui qu'il poursuive son apprentissage des tâches défensives.

«Je veux en faire tellement, défensivement, alors qu'en faire un peu moins est parfois plus payant. Je veux aider mes coéquipiers et parfois, ça fait en sorte que je perds le joueur que je devrais couvrir.

«Dans le junior, j'avais la rondelle durant toute la partie. C'est différent pour moi de devoir travailler en territoire défensif. Je travaille là-dessus.»

MacKinnon veut être de ceux qui font la différence, sans égard à son âge.

Mais ce qui trahit ses 19 ans, c'est qu'il habite toujours chez un coéquipier. Après avoir été hébergé par le gardien Jean-Sébastien Giguère, nouvellement retraité, il vit désormais chez Maxime Talbot qui est devenu père il y a six mois, son épouse, l'ancienne patineuse artistique Cynthia Phaneuf, ayant accouché.

«J'adore Jiggy et je m'ennuie déjà de lui, mais Max est génial lui aussi, raconte MacKinnon. Disons que c'est très différent de passer de l'un à l'autre...»

L'Avalanche offre un spectacle en attaque

L'Avalanche a enregistré l'an passé ses meilleures assistances en six ans au Pepsi Center. Aux yeux de Matt Duchene, qui a entamé sa carrière au Colorado dans les années les plus sombres de l'organisation, l'explication est simple. «On a commencé à présenter un meilleur produit sur la glace et un spectacle plus intéressant», résume le centre de 23 ans.

L'Avalanche a regagné ses amateurs en leur redonnant ce qui les avait captivés après l'arrivée des Nordiques: une équipe avec une impressionnante force de frappe et de belles prestations devant le filet.

«Nos fans sont très importants pour nous et nos fans savent que l'Avalanche est une équipe offensive», a martelé Patrick Roy hier, empruntant un discours qui diffère de ce qu'on entend de la majorité des entraîneurs-chefs obsédés par la défense.

«On prend la défense au sérieux. C'est juste qu'on veut passer le moins de temps possible dans cette situation-là, explique Duchene. C'est le genre de joueur que j'ai été toute ma vie, et c'est la même chose pour [Nathan] MacKinnon, [Gabriel] Landeskog et [Ryan] O'Reilly. Pourquoi une équipe voudrait-elle nous changer à notre arrivée dans la LNH? Je n'ai jamais été d'accord avec cette façon de faire.

«Or, Patrick a entièrement endossé le genre d'équipe qu'on était et le genre de joueurs qu'il avait sous la main. On a profité de hauts choix au repêchage et c'est là que sont choisis les meilleurs joueurs offensifs. C'est le genre d'équipe qu'on a construit.»

MacKinnon est lui aussi d'avis que la meilleure défense, c'est l'attaque. Et avec tous les effectifs que compte désormais l'Avalanche, il n'y a aucune raison que l'équipe ne poursuive pas sa progression.

«La reconstruction est terminée, avertit MacKinnon. On cherche à gagner.»