C'était le 1er juillet vers 11h ou 11h30, il n'est plus trop certain. Il savait que les décideurs du Canadien discutaient avec son agent, à qui il avait fait comprendre que son souhait, son but, c'était un nouveau contrat avec le Canadien.

Puis, Brian Gionta a fini par savoir ce que la direction montréalaise lui offrait: un contrat d'un an. C'est tout.

«Nous étions en train de négocier jusqu'à la dernière minute, et mon but, c'était de revenir à Montréal. La famille adorait ça. C'était notre premier choix. Mais nous n'avons pas été capables de nous entendre sur la durée du contrat...»

Brian Gionta parle d'un ton franc devant le vestiaire des Sabres, à Buffalo. Non, il n'est pas amer. Il n'est pas triste non plus. Buffalo, c'était son choix suivant. Un choix logique pour lui. Il a grandi pas trop loin d'ici, il a encore de la famille dans le coin.

Non, Gionta n'est pas amer, et il faut dire que les Sabres se sont arrangés pour qu'il ne le soit pas avec ce nouveau contrat: trois ans, 12,75 millions de dollars.

Il n'a pas hésité bien longtemps.

«Cinq ou six équipes ont démontré de l'intérêt pour moi lors de la semaine précédant le 1er juillet, explique le vétéran. Quand Montréal n'était plus dans le coup, Buffalo est devenu notre premier choix. Nous avons la famille qui est ici dans la région, mais j'aime aussi la direction que l'équipe veut prendre, et j'avais le goût d'y prendre part.»

Il est parti de Montréal assez rapidement, sans trop s'attarder. Il garde de bons souvenirs de ses cinq saisons dans le camp tricolore, mais comme il le dira souvent lors de notre entretien, le hockey, c'est les affaires.

«Mon agent m'a expliqué la situation... Avant de partir, Marc Bergevin m'a passé un coup de fil, tout comme Michel Therrien et Geoff Molson. Les trois m'ont appelé, ça montre un peu la grande classe de cette organisation. Il n'y a aucune amertume. Ma famille et moi, nous avons adoré vivre à Montréal. Mais le Canadien a pris une décision d'affaires, et je comprends ça.»

Gionta a donc quitté un club qui ne lui a pas trouvé de digne successeur pour porter le C... afin de se retrouver avec un club qui n'a pas élu de capitaine en vue de la prochaine saison. Pas encore, du moins.

Gionta jure qu'il ne cherche pas à devenir le prochain capitaine des Sabres.

«On n'entre pas dans un vestiaire en levant la main et en disant qu'on veut être capitaine... Ça ne fonctionne pas comme ça. Je vais arriver ici en me contentant de faire mon boulot, et on verra ensuite ce que la direction du club va décider. Je ne sais pas comment ils vont nommer le capitaine... Mon but premier, c'est de mener ce club en séries éliminatoires. Et je crois que c'est possible d'y arriver.»

À part ces nouvelles couleurs qu'il doit porter, à part ce nouveau vestiaire qu'il doit apprendre à connaître, Brian Gionta ne voit pas un monde de différences entre Buffalo et Montréal.

«Quand on change d'équipe, les choses ne changent pas tant que ça. Tu demeures le même joueur, tu demeures qui tu es. L'équipe est allée me chercher pour aider les plus jeunes, entre autres. Mon rôle ne sera pas si différent du rôle que j'avais avec le Canadien.

«Il y a un état d'esprit ici avec les Sabres, je crois. Nous allons vouloir être compétitifs chaque soir. Il y a déjà plusieurs personnes qui ne nous donnent aucune chance en vue de la prochaine saison. C'est une source de motivation pour nous.»

Quand on lui demande s'il observe encore un peu le quotidien de son ancien club, Gionta répond qu'effectivement, il se tient au courant, comme il se tient au courant de ce qui concerne les autres rivaux des Sabres.

Parfois, il trouve qu'on exagère un peu à Montréal. Comme avec cette histoire des quatre adjoints.

«Les dirigeants du Canadien savent ce qui se passe dans ce vestiaire. L'équipe est entre bonnes mains. À ma première saison à Montréal, il n'y avait pas de capitaine, et on en avait fait tout un plat... Le capitaine, ce n'est qu'une formalité. Il y a des leaders dans le vestiaire du Canadien, qu'ils aient ou non une lettre sur leur chandail.»

Sur ces mots, Gionta offre une bonne poignée de main, et retraite lentement vers son casier. Les quelques membres des médias qui sont sur place l'ignorent. Et ça ne semble pas trop le déranger.