Au bout du fil, la voix d'Anthony Mantha est presque éteinte. D'ici quelques jours, le jeune espoir aura retrouvé son aplomb, il pensera à la prochaine étape. Il pourra une fois de plus rêver à l'uniforme des Red Wings de Detroit.

Mais jeudi, Mantha n'était pas rendu là. Le hockeyeur de 20 ans était toujours à l'étape de la déception. Ça se lisait dans sa voix.

«Mon moral? Pour être honnête, mon moral est presque à terre», a lâché celui qui, avec Jonathan Drouin, était considéré comme la recrue la plus prometteuse des camps d'entraînement de la rentrée dans toute la Ligue nationale. Mais mercredi, Mantha a appris qu'il n'y aurait pas de camp pour lui cette année.

Lundi soir dans un match contre les espoirs du Wild du Minnesota, Mantha s'est blessé. En première période, son patin droit est resté coincé dans une fissure de la glace. Un joueur adverse l'a percuté par accident. «C'était un jeu anodin, raconte-t-il. Je suis même revenu au jeu et j'ai fini le match.»

Mais les Red Wings n'ont pas pris de risques avec leur premier espoir. Mercredi, ils lui ont fait subir un test par résonance magnétique. Le verdict a fait mal, plus que la blessure: fracture du tibia droit, un repos de sept à huit semaines.

Mantha ne pourra donc pas participer au «vrai» camp des Red Wings, où il aurait aimé convaincre la direction de l'équipe de le garder.

«J'ai travaillé tellement fort l'année passée. Cet été aussi, avec des entraînements physiques, hors glace et sur la glace. J'ai travaillé fort mentalement aussi. Tout ça pour être prêt pour le vrai camp, explique-t-il. J'étais confiant en arrivant ici. Et là, je ne peux même pas me retrouver au vrai camp, c'est quand même tough.

«En plus, cette blessure pourrait me tenir à l'écart sept semaines, ajoute-t-il. Même si je vais essayer de viser un retour avant ça, c'est dur à entendre.»

Mauvais moment

L'attaquant va passer les prochaines semaines au gymnase, à entraîner le haut de son corps. Il ne veut pas que les presque deux mois de sa convalescence ne servent à rien.

«Dans le fond, je dois me dire que ça va me retarder de sept ou huit semaines, mais qu'après, veux, veux pas, ma confiance sur la glace va revenir, j'imagine. Je vais devoir saisir ma chance à mon retour, dit-il. Je ne sais pas si leur plan sera de m'essayer tout de suite dans la Ligue nationale ou plutôt dans la Ligue américaine. C'est encore loin.»

La blessure arrive à un bien mauvais moment. Tout indique que les Red Wings auraient permis à Mantha de disputer quelques matchs avec l'équipe en début de saison.

Au camp des recrues, Mantha a cartonné. Il a inscrit 4 buts et 2 aides en 3 matchs, contre les espoirs des Blues de St. Louis, des Blue Jackets de Columbus et du Wild.

«J'avais un beau camp. Il y a de la grosse compétition ici, à l'intérieur de l'équipe, mais aussi entre les équipes d'espoirs. J'ai été capable de jouer ma game et j'ai eu de bons résultats. C'est sûr que c'est dommage que ça se soit produit.»

Mantha va donc passer les prochains jours à Traverse City, au Michigan, en marge du camp. Jusqu'à maintenant, il ne s'est pas assis avec la direction des Red Wings pour discuter de la suite. Le réconfort est plutôt venu de sa famille.

«Ma copine, mes parents, mes soeurs sont tous loin en ce moment. On s'est textés. Ils sont sûrs à 100% que je vais avoir ma chance quand je vais être rétabli. Alors il faut seulement que je reste concentré pendant les prochaines semaines.»

Mantha vit une sorte de faux départ dans la Ligue nationale. Mais il espère que tout ça, d'ici quelques années, ne sera plus que broutilles bien vite oubliées.