Trois gardiens, deux postes, un dilemme. C'est ainsi qu'on peut résumer le casse-tête auquel fera face la direction du Canadien à l'issue du camp, si aucune transaction n'est conclue d'ici là.

Ce dilemme, il se résumera à deux options: renvoyer un gardien dans la Ligue américaine ou amorcer la saison avec trois gardiens, dont un qui troquerait le plastron pour le complet-cravate lors des matchs.

Le noeud de cette histoire, c'est que si le CH envoie Dustin Tokarski ou même Peter Budaj à Hamilton, l'un ou l'autre doit passer par le ballottage et risque ainsi d'être réclamé par une des 29 autres équipes.

À 25 ans, et après avoir étonné bien des gens en finale de l'Association de l'Est sous haute pression, Tokarski trouverait assurément preneur chez une équipe moins bien nantie en gardiens. À l'inverse, si Budaj ne trouve pas preneur, il recevrait son plein salaire, soit 1,4 million, dans la Ligue américaine.

«C'est sûr que tu ne veux pas perdre un joueur au ballottage, a d'emblée reconnu Marc Bergevin, rencontré au tournoi de golf annuel du Canadien. Mais c'est dans la convention collective, Tokarski est rendu là dans sa carrière. L'an dernier, il est passé au ballottage et cette année, on va gérer ça, on va voir comment il va performer au camp.»

Bergevin pourrait donc tenter d'échanger l'un ou l'autre des deux réservistes, d'autant plus qu'au cours des trois dernières saisons, Price a entrepris 162 des 212 matchs de saison du Tricolore, soit 76% des rencontres. Du nombre, il a raté 12 matchs à cause de blessures, - ce qui signifie qu'un Price en santé dispute 80% des duels de son équipe. Dans ces circonstances, payer deux gardiens pour se partager 16 matchs semble peu probable.

N'empêche, Bergevin, en bon politicien, n'a fermé aucune porte. Commencer la saison à trois gardiens, est-ce une option? «Tout est possible», a répondu le DG.

Budaj garde la tête haute

Dans toute cette histoire, on pourrait comprendre Budaj de se laisser abattre, après avoir été écarté du portrait l'an dernier en finale de l'Association de l'Est au profit de Tokarski. Et voilà qu'il devra prouver au camp qu'il mérite de demeurer le gardien numéro 2 de l'équipe.

«Tout le monde sait ce que je peux faire, je n'ai pas à le prouver, a martelé le Slovaque. Je dois juste faire ce que j'ai à faire. Le reste, je n'y penserai pas, je ne vais pas me mettre à me questionner sur les si...»

On pourrait même ajouter cette rumeur un peu étrange qui envoyait Martin Brodeur à Montréal. Mais comme bien des athlètes, Budaj refuse de s'y attarder. «Je n'y porte pas attention, sans vouloir vous offenser. Je contrôle ce que je peux contrôler.»

Et derrière tout ça, il y a Price, qui voit son loyal auxiliaire des trois dernières saisons coincé dans une situation inconfortable.

«Ça prouve à quel point ce sport est compétitif, a rappelé le numéro 31. Il y a les choix au repêchage, les joueurs autonomes. Peter est un gars incroyable dans le vestiaire, c'est un excellent coéquipier. Mais peu importe qui tu es, tu dois te battre pour ton poste.»

Quelles options?

Échanger un gardien, c'est bien beau. Mais y a-t-il des équipes en mesure de valser avec le CH?

Un rapide coup d'oeil dans la LNH laisse croire que certaines équipes pourraient s'améliorer en obtenant un des deux portiers du Canadien.

Les Devils du New Jersey et les Jets de Winnipeg, avec respectivement Scott Clemmensen et Michael Hutchison, comptent sur des auxiliaires qui ont des contrats à deux volets. À Boston et à Chicago, les auxiliaires Niklas Svedberg et Antti Raanta peuvent être renvoyés dans la Ligue américaine sans passer par le ballottage. Et en Arizona, on devine que Devan Dubnyk, qui vient de connaître une saison atroce qui l'a fait passer par Hamilton, n'est pas immuable.

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Price bien reposé

Peu importe ce qui se dit sur ses deux adjoints, Carey Price poursuit sa préparation comme d'habitude pour répéter ses exploits de la saison dernière.

Il assure être en pleine santé pour le début du camp, même si sa blessure à un genou en séries éliminatoires contre les Rangers de New York a retardé son retour sur la patinoire cet été.

«La saison a été tellement longue, j'aurais probablement patiné plus tard qu'à mon habitude de toute façon. Après une telle saison, c'est assez important de se reposer, de s'éloigner de la patinoire. On aura amplement de travail au camp, donc je ne m'inquiète pas trop.»

Price a évidemment été appelé à commenter les différentes rumeurs - démenties par Marc Bergevin - sur l'intérêt du Canadien pour Martin Brodeur. «Martin est très respecté dans la ligue, je le tiens en haute estime. On n'a pas de trous à combler. Au bout du compte, ce sera une décision de la direction. Évidemment, ça serait cool pour moi de jouer avec une de mes idoles.»

Photo Ryan Remiorz, PC

Carey Price