Difficile de trouver des adversaires au projet de Hockey Québec d'éliminer presque entièrement les mises en échec dans le hockey mineur. Plusieurs intervenants des milieux du hockey et de la santé appuient l'organisme, qui entend abolir les mises en échec aux niveaux bantam BB, bantam CC et midget BB.

«Nous n'étions pas au courant, mais c'est la première chose que j'ai lue hier matin. Les propositions semblent aller loin, note le président de l'Association des neurologues du Québec, le Dr Marc Girard. On salue ces ouvertures pour en faire davantage dans la prévention des commotions cérébrales. On pense que c'est tout à fait approprié.»

La Presse a révélé, hier, les intentions de Hockey Québec. La proposition doit être entérinée au printemps. Les modifications entreront en vigueur la saison prochaine.

Avec cette mesure, la fédération pense pouvoir diminuer le nombre de commotions cérébrales chez les jeunes. Quelque 5000 hockeyeurs de 14 à 17 ans seraient touchés par le changement.

Il n'existe actuellement aucune statistique sur les commotions cérébrales subies dans le hockey mineur québécois. Aucun registre n'est en place. On sait en revanche que les mises en échec sont responsables de 75% des commotions subies au hockey, avance le Dr Patrick Cossette, neurologue au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM). «Donc, si on enlève les mises en échec dans ces catégories-là, on va réduire sensiblement le nombre de commotions cérébrales chez les jeunes», fait valoir le médecin.

Le Dr Cossette a côtoyé plusieurs jeunes hockeyeurs aux prises avec des commotions. Dans certains cas, une seule commotion peut avoir des effets à long terme. «J'ai vu des jeunes manquer une session complète à l'école», dit-il.

Le président de l'Association des neurologues aimerait que le gouvernement se mêle de la question des commotions. Il reconnaît le travail de Hockey Québec - «ils ont défendu dans le passé des politiques plus ou moins bien reçues par le reste du Canada, qui a finalement décidé de les appliquer» - mais il croit que le ménage doit être fait dans plusieurs autres sports.

«On veut protéger nos enfants. C'est rendu une question de santé publique, croit Girard. Les commotions cérébrales peuvent induire des troubles cognitifs ou de concentration à long terme. On commence à croire aussi que ça peut être responsable de maladies dégénératives plus graves, comme la maladie de Lou-Gehrig, des formes de démence aussi.»

«La chair à canon»

La mesure envisagée par Hockey Québec pourrait-elle nuire au développement de certains joueurs? Yves Pauzé, président de la section montréalaise de Hockey Québec, n'y croit pas une seconde.

Selon lui, à 13 et 14 ans, les joueurs ont des gabarits si différents qu'il est dangereux d'y introduire les mises en échec. «Dans le bantam, on se retrouve avec des très grands et des très petits. La mise en échec devient dangereuse», dit-il.

Au niveau midget BB, chez les joueurs de 15 à 17 ans, M. Pauzé pense que le calibre n'est plus assez fort pour qu'on y permette les mises en échec. «De nos jours, avec le foisonnement du hockey scolaire, on se retrouve dans le midget BB avec des joueurs qui n'ont jamais joué double lettre, explique-t-il. Ils ne connaissent pas les mises en échec. Ils deviennent ce qu'on appelle de la chair à canon.»

Hier, il a été impossible de savoir si Hockey Canada entend conseiller aux autres provinces d'imiter le Québec. Le responsable du développement des joueurs, Paul Carson, n'était pas disponible pour une entrevue.