Frédérick Roy a grandi en rêvant à la Ligue nationale. Il se rappelle encore la Coupe Stanley de 2001, son père la tenant à bout de bras et le vestiaire de l'Avalanche baignant dans l'odeur du champagne. Il avait 10 ans.

Le fils cadet de Patrick Roy en a aujourd'hui 23. Contrairement à son frère Jonathan, il rêve encore à la Ligue nationale de hockey (LNH), mais le rêve semble de plus en plus fou.

«Quelque part, je ne vais jamais arrêter d'y croire. Je ne veux pas abandonner, lance Frédérick Roy en entrevue. Si ce n'est pas une carrière dans le hockey que je fais, alors je ferai autre chose. Mais ce qui est sûr, c'est que je veux aller au bout de mon rêve et vider ma tank

Pour la première fois de sa vie de hockeyeur, l'attaquant se retrouve devant rien. Après deux saisons dans la Ligue américaine, Roy n'a pas de contrat en poche. Il continue de s'entraîner pour être prêt «si une occasion se présente». Mais il attend toujours et l'automne est dangereusement proche.

Cette situation n'est pas la plus grande des surprises. Frédérick Roy le sait mieux que quiconque: peu lui auraient prédit une carrière dans le hockey. «Avec ma charpente et ma taille, les gens doutaient. Ils disaient: "Ça passe junior, mais il ne pourra pas aller plus haut"», raconte le joueur de 5 pieds 10 et 168 livres.

À Québec déjà, des mauvaises langues expliquaient sa présence dans l'alignement des Remparts par l'identité de l'entraîneur, un certain Patrick Roy.

«Il y aura toujours du monde négatif. Ça fait partie de la vie. Moi, je le savais que ce n'était pas pour ça que j'étais dans le junior. Mon père m'a prévenu que des gens diraient des choses. Il m'a dit: "Moi, je te prends pour ce que tu peux donner sur la glace, tu es un bon joueur et je crois en toi." Je me suis dit que j'allais confondre les sceptiques.»

Puis, en novembre 2008, il a reçu une suspension de 15 matchs pour avoir asséné un double échec au visage d'un joueur adverse. Dégoûté par la controverse, Roy n'avait plus goût au hockey. Il a rangé son uniforme des Remparts et est parti étudier le jeu d'acteur à Los Angeles.

Il est retourné au hockey la saison d'après, mais il n'a jamais été repêché par une équipe de la LNH. À sa dernière saison avec les Remparts, il a amassé 92 points en 64 matchs et terminé au quatrième rang des marqueurs dans la LHJMQ. Il a aussi reçu le trophée Guy-Carbonneau remis au meilleur attaquant défensif du circuit.

C'était assez pour convaincre les Sabres de lui offrir un contrat. À lui de faire sa place dans la Ligue américaine. Chez les Americans de Rochester, Frédérick Roy y est parvenu. Là, personne ne pouvait plus dire que son père le protégeait, même si l'ombre de Patrick Roy n'est jamais bien loin.

«Je me suis donné à fond pour mon équipe. Je me suis battu 11 fois l'année passée. J'ai montré que j'étais capable de faire n'importe quoi pour mes coéquipiers. J'ai affronté des gars de 6 pieds 3, de 6 pieds 5. Je n'ai pas froid aux yeux. J'ai été élevé comme ça.»

«Une erreur»

L'année dernière, la plupart des amateurs de hockey québécois avaient oublié l'existence de Frédérick Roy. Son nom est réapparu dans les médias en cours d'année pour une bien mauvaise raison.

Durant la Coupe Spengler, en Suisse, Roy a disjoncté après avoir été expulsé d'un match. Dans le couloir menant au vestiaire et sous l'oeil d'une caméra, il s'est défoulé sur tout ce qui lui tombait sous la main. Des bâtons, une machine à café et une aiguiseuse à patins ont fait les frais de sa colère pendant que le jeune joueur s'époumonait en propos plus ou moins compréhensibles, mais de toute évidence vulgaires. «Je vous laisse juger de l'intelligence de ce garçon», a dit l'analyste suisse.

Plus tard, Roy s'est excusé publiquement. «C'est dans le passé. J'apprends de mes erreurs. J'ai mal choisi mes mots, répète-t-il aujourd'hui. Je n'ai aucune excuse. Ç'a pris des proportions beaucoup trop grandes, cette histoire-là. Mais je m'excuse et j'espère grandir après ça.»

Plusieurs amateurs de hockey ont froncé les sourcils en voyant l'extrait. «Une autre frasque d'un Roy», ont pu penser certains. Frédérick Roy le sait trop bien. «Mais je ne peux pas revenir en arrière, je dois me concentrer sur ce que je contrôle», dit-il.

Mais voilà que sa carrière n'est plus vraiment entre ses mains. Accepterait-il de partir dans la East Coast League ou en Europe? «Je devrais en discuter avec mon agent et mon père, dit-il. On verra.»

Ce qui est sûr, c'est que personne ne pourra lui enlever les 116 matchs et les 2 saisons passées dans la Ligue américaine. Ce parcours, le fils de Patrick Roy l'a fait seul.

«Il y a deux ans, personne n'aurait pensé que je me rendrais aussi loin, que j'accomplirais ce que j'ai accompli. J'ai travaillé fort, j'ai persévéré, lance-t-il. Je suis fier.»