Le chandail numéro 5 du défenseur Guy Lapointe ira en effet rejoindre ceux de ses ex-coéquipiers Larry Robinson et Serge Savard au plafond du Centre Bell la saison prochaine.

«Je vis sur un nuage présentement, je dois vous dire. C'est vraiment spécial, extraordinaire», a déclaré un Guy Lapointe visiblement très ému et honoré lors de la conférence de presse visant à officialiser la chose.

Son chandail sera le 18e à être hissé au plafond du temple.

«C'est un beau numéro, Guy!», a lancé l'ancien numéro 18 du Tricolore, Serge Savard, qui était présent à la conférence de presse en compagnie de Larry Robinson et du propriétaire de l'équipe, Geoff Molson.

«J'ai souvent entendu mentionner le nom de Guy Lapointe comme un candidat pour retirer son chandail», a reconnu M. Molson. «Maintenant, c'est le bon moment.»

Tous les participants ont vanté le talent exceptionnel de celui que l'on surnommait «Pointu» et qui détient toujours le record de la Ligue nationale pour le nombre de buts comptés par un défenseur recrue (15) et le record d'équipe chez le Canadien pour le nombre de buts par un défenseur dans une saison (28).

«Il n'avait pas de faiblesses; il était bon offensivement mais aussi défensivement», a indiqué Serge Savard.

«C'est un des grands joueurs de l'histoire. C'est pour cela qu'il est au Temple de la renommée du hockey», a renchéri Larry Robinson. «Je suis bien content d'avoir eu mon chandail là-haut avant lui parce que j'ai finalement réussi à le battre dans quelque chose!»

En fait, selon Serge Savard, un autre «Big Three» serait aujourd'hui impensable.

«Tu ne pourrais pas avoir en 2014 Savard-Lapointe-Robinson sur la même équipe à cause du plafond salarial, c'est presque impossible», a-t-il expliqué. «Il ne resterait rien pour les vedettes offensives. Si t'avais Guy Lafleur aujourd'hui... Prenez notre équipe qui a perdu 10 matchs dans les années 1970 et essayez de les mettre dans la structure salariale d'aujourd'hui, c'est impossible.»

On imagine mal, en effet, ce qu'il faudrait débourser aujourd'hui pour une équipe qui, à un certain moment, alignait ces trois défenseurs et Jacques Laperrière, Ken Dryden, Guy Lafleur, Steve Shutt, Jacques Lemaire, Marc Tardif, les frères Frank et Pete Mahovlich, Yvan Cournoyer et Henri Richard, pour ne nommer que ceux-là.

Mais Guy Lapointe est aussi célèbre pour avoir été l'un des plus grands joueurs de tours de l'histoire de l'équipe. Quelques-uns de ses coups pendables ont été évoqués au cours de la conférence de presse: avoir découpé les sous-vêtements de Larry Robinson et avoir enduit son pare-brise de vaseline un soir de bruine; avoir subtilisé le dentier d'un coéquipier (que l'on n'a pas voulu nommer) et lui avoir expédié la chose par courrier; avoir remplacé la crème glacée de Ken Dryden par de la crème sûre...

Serge Savard, qui ne donnait pas sa place pour les mauvais tours, a toutefois rappelé qu'il avait lui-même accueilli le jeune défenseur à sa première pratique en lui disant que le gardien Lorne «Gump» Worsley aimait recevoir des lancers hauts durant les pratiques pour pratiquer son «top corner».

Le vénérable cerbère avait laissé tomber les gants et pourchassé tout autour de la patinoire le jeune blanc-bec qui avait osé faire siffler une rondelle à la hauteur de son visage avec un puissant lancer frappé.

Malgré tout, c'est bien pour son exceptionnel palmarès de hockeyeur que Guy Lapointe verra son chandail porté dans les hauteurs du Centre Bell.

Il a disputé 777 de ses 894 matchs dans la Ligue nationale avec le Canadien, marquant 166 buts en plus d'ajouter 406 aides pour 572 points. Il a connu sa meilleure saison en 1976-77, alors qu'il avait marqué 25 buts et récolté 51 mentions d'assistance pour 76 points.

Il a porté son total à 622 points en carrière dans la LNH, dont 171 buts après des passages chez les Blues de St. Louis (1981-83) et les Bruins de Boston (1983-84).

En séries, il a joué 112 matchs avec le Tricolore, marquant 25 buts en plus d'ajouter 43 aides et de remporter six coupes Stanley.

Lapointe a aussi pris part à la Série du Siècle de 1972, alors que le Canada a affronté l'Union soviétique.

Guy Lapointe, aujourd'hui âgé de 66 ans, a été intronisé au Temple de la renommée du hockey en 1993.