Non, le Canadien ne sera pas sur la patinoire du Staples Center quand la grande finale de la Coupe Stanley commencera, demain soir à Los Angeles, mais les fans de l'équipe peuvent se réjouir en sachant ceci: Marc Bergevin n'a pas l'impression que son travail est terminé. Loin de là.

Pour les fidèles, il s'agit de la meilleure des nouvelles dans les circonstances.

Le directeur général n'a bien sûr pas voulu dévoiler ses secrets, hier à Brossard (c'est le style de la maison), mais il a tout de même lancé cette phrase qui devrait rassurer les plus sceptiques: «Notre équipe n'est pas encore arrivée à maturité. Des équipes comme Chicago, Los Angeles... on n'est pas là encore.»

Bien dit.

Car il ne faudrait pas que cette place en finale de l'Association de l'Est vienne masquer la vérité, que cela offre une version tordue de la réalité.

Des clubs qui se croient tout près et qui s'enfoncent ensuite, ça arrive. Souvent. Ça arrive parce que des dirigeants trop à l'aise dans leur fauteuil se croient à «un ou deux gars» de la Coupe Stanley, comme on le dit dans le milieu.

Prenons le cas récent des Canucks de Vancouver, qui se croyaient à «un ou deux gars». Prenons les Sharks de San Jose, qui sont à «un ou deux gars» depuis environ 10 ans. Rappelons-nous les Oilers d'Edmonton, finalistes il y a huit ans, qui se pensaient sur le bord de bâtir quelque chose de gros et de mémorable.

Ces équipes ont échoué pour un paquet de raisons, mais il y a souvent une constante: des dirigeants qui se trouvent pas mal bons et qui se croient à «un ou deux gars».

Ce ne sera pas le cas de Marc Bergevin. L'homme qui a répondu aux questions des médias hier a dressé un portrait très lucide de la situation. Le directeur général du Canadien est bien conscient des défis qui l'attendent cet été. Des défis qui auront un impact immense sur la suite des choses au Centre Bell.

La question des joueurs sans contrat en est le meilleur exemple. À ce chapitre, le DG n'a pas beaucoup de marge de manoeuvre. Deux ou trois mauvaises décisions, et la prochaine saison pourrait se transformer en mauvais film très rapidement.

Un club de hockey, ne l'oublions pas, ça tient parfois à bien peu de choses. Carey Price a connu une campagne 2013-2014 exceptionnelle. Pourra-t-il refaire la même chose la saison prochaine? Derrière le banc, Michel Therrien a souvent pris des décisions audacieuses en repensant sa formation, décisions qui ont presque toujours tourné en sa faveur. Et des joueurs de soutien comme Dale Weise et Mike Weaver ont profité de l'occasion pour offrir un rendement qui a surpris un peu tout le monde... incluant, fort probablement, les dirigeants du Canadien!

Bref, presque tout a fonctionné cette saison pour le club au maillot tricolore. Est-il possible de reproduire ce genre de saison magique deux années de suite?

C'est Marc Bergevin qui a une partie de la réponse dans sa tête. Ce sont ses décisions qui vont décider du reste, en grande partie du moins. Et s'il faut se fier à ce qu'on a entendu hier, Bergevin ne fera pas l'erreur de surestimer la réelle valeur de son équipe.

Ce n'est pas l'équivalent d'une Coupe Stanley, mais pour ceux qui attendent depuis 1993, il s'agit au moins d'un pas dans la bonne direction.