Des fois, il y a des vestiaires un peu joyeux au terme d'une élimination. Les saisons sont longues, les blessures sont nombreuses et des fois, il y a de ces joueurs qui ont hâte que ça se finisse. De ces joueurs qui ont hâte de partir au plus vite.

Ce n'était pas comme ça dans le vestiaire des visiteurs, jeudi soir au Madison Square Garden.

Dans un coin, au bord de la porte, il y avait Dustin Tokarski, le visage long, qui parlait et qui parlait, sans doute pour prolonger ce qu'il restait de sa saison. «Je suis amer, c'est nul présentement», a-t-il répété.

À l'autre bout, il y avait Max Pacioretty, pas pressé de sortir de là, incapable de bien saisir ce qui venait de se passer. Incapable de comprendre que c'était la fin, que son équipe venait de se faire sortir en six matchs par les Rangers de New York lors de la finale de l'Association de l'Est.

«Nous étions nerveux un peu, nous avons un peu paniqué, a dit l'attaquant, d'un ton à peine audible. C'est difficile. On le sentait, on était si près...»

Si près de ce septième match, qui aurait eu lieu ce soir au Centre Bell. Tout peut arriver dans un septième match, on le sait. Ensuite, peut-être que tous les espoirs auraient été permis. Qui sait? Michel Therrien avait même affirmé que le Canadien espérait pouvoir miser sur Carey Price dans le cas d'un éventuel premier match de finale de la Coupe Stanley...

Un scénario qui ne veut plus rien dire aujourd'hui.

«Je croyais que nous avions une chance, je ne croyais pas que ça allait finir comme ça, a expliqué un Josh Gorges passablement défait lui aussi. C'est vraiment difficile de devoir conclure comme ça. Nous étions encore dans ce match lors de la troisième période...»

Les joueurs qui étaient dans ce vestiaire silencieux ont presque tous remarqué la même chose, remarqué la présence de celui qui deviendra peut-être un gardien de premier plan dans cette ligue un jour. Peut-être.

«Le travail que Dustin Tokarski a fait, c'est remarquable, a ajouté l'attaquant Daniel Brière. C'est lui qui nous a donné une chance de gagner chaque soir contre les Rangers. C'est juste qu'on ne lui a peut-être pas donné le support nécessaire...»

Plusieurs questions

Alors oui, c'est fini. L'heure du bilan arrive à grands pas. Aujourd'hui à Brossard, les joueurs vont passer se saluer pour une dernière fois cette saison, ramasser les sacs qui traînent près des casiers, et se dire à la prochaine fois.

Et qui sera là la prochaine fois? C'est la grande question, inévitable en fin de saison. Au hockey, il y a toujours des changements, et le Canadien n'y échappera pas, avec sept membres de l'équipe qui pourraient devenir joueurs autonomes à compter du 1er juillet.

Mais jeudi soir, plusieurs joueurs du Canadien semblaient s'entendre sur une chose: peut-être qu'il ne manque pas grand-chose à ce club, qui est tout de même passé à deux victoires d'atteindre la grande finale de la Coupe Stanley.

Peut-être que ce n'est que partie remise.

«On vient de réaliser ce que ça prend pour se rendre jusqu'ici, a observé le défenseur P.K. Subban, qui deviendra bientôt un homme très riche. On vient de réaliser que ce n'est pas facile que d'atteindre ce niveau. Je suis certain que nous aurons d'autres occasions dans le futur.»