C'est sans doute la seule fois qu'Alain Vigneault a grimacé au cours de son point de presse, lundi dans un hôtel du centre-ville de Montréal.

Il n'était pourtant pas question de Michel Therrien ni de la blessure de Derek Stepan.

La collègue Chantal Machabée venait de lui demander quels étaient les pièges à éviter à l'aube du cinquième match, à une victoire de la finale de la Coupe Stanley que les Rangers pouvaient presque toucher.

La question n'était pas impertinente, au contraire, et Vigneault ne réagissait pas négativement à la distinguée journaliste de RDS. Mais placer les mots «finale de la Coupe Stanley», «toucher» dans la même phrase les a tous fait réagir, lundi dans le camp des Blue Shirts: Vigneault, Martin St-Louis et Brad Richards. Comme s'ils avaient peur que ces mots ne leur jettent un mauvais sort...

Les Rangers mènent cette série 3-1 et peuvent éliminer le Canadien dès mardi soir, mais ils ne veulent pas voir plus loin que la première période, la première minute de jeu du match.

«Il est important de rester dans l'instant présent, a rappelé l'entraîneur des Rangers. Il y a un processus qui doit être fait sur la patinoire. Ça permet aux joueurs de ne pas regarder les résultats et de voir trop loin en avant, d'accomplir le travail tout simplement.»

Les joueurs du New York savent trop bien que les séries ne se gagnent pas après trois victoires. Ils ont surpris les Penguins de Pittsburgh après avoir été en déficit 1-3 lors de la ronde précédente. Vigneault ne croit pas cependant que cette expérience offre un avantage supplémentaire à ses troupes.

«Chaque série est différente, chaque match est différent. Plus tu as de l'expérience, plus tu es en mesure d'offrir de bonnes performances. Mais la série contre Pittsburgh est totalement différente. Les Canadiens de Montréal, c'est comme si on voyait notre équipe dans le miroir: deux équipes qui jouent sensiblement de la même façon. Et tous les matchs, sauf le premier, ont été chaudement disputés et auraient pu aller d'un côté comme de l'autre.»

«Ils seront dangereux»

Vigneault a donné congé à ses joueurs lundi. Ils ont fait le voyage entre New York et Montréal, mais n'ont pas touché la glace ni le gymnase.

L'organisation des Rangers a néanmoins rempli ses obligations médiatiques en «offrant» l'entraîneur et trois de ses joueurs aux journalistes au cours d'un point de presse plutôt broche à foin sur la terrasse d'un restaurant de leur hôtel, dans une cacophonie bien particulière avec le bruit ambiant de la rue Sherbrooke.

«Ils seront dangereux, a concédé le vétéran Brad Richards quand son tour est venu de s'adresser au micro. L'espoir peut tout faire basculer. Ils joueront à domicile, ce qui peut les aider encore davantage. Ils se sentiront à l'aise et auront l'espoir d'en gagner une ici. Ils ont probablement l'impression que cette série se rendra à sept rencontres. Alors c'est loin d'être terminé. Quand le match commence, la priorité de 3-1 ne tient plus. Vous êtes dans le match, tout simplement. Je connais le feeling. Ils voudront simplement se battre, et c'est là qu'ils trouveront leur zone de confort. Il faudra être prêts.»

Martin St-Louis et Richards ont déjà éliminé le Canadien en 2004 alors qu'ils portaient l'uniforme du Lightning de Tampa Bay. Ils savent qu'il ne faut rien tenir pour acquis.

«Nous n'avons rien accompli, vous savez. On ne cesse de se le rappeler et nous comprenons que le quatrième match est le plus difficile à gagner et qu'il faudra être au sommet.»

Milan Lucic avait affirmé essentiellement la même chose après le cinquième match, dominé outrageusement par les Bruins. Mais leur force de persuasion n'avait pas été assez puissante puisqu'ils ont perdu les deux rencontres suivantes.

Voyons comment se comporteront le Canadien et les Rangers mardi soir au Centre Bell...