La guerre de mots que se livrent Michel Therrien et Alain Vigneault s'est poursuivie à quelques heures du quatrième match avec un Vigneault offusqué par la portée de certains propos exprimés la veille par le Canadien et un Therrien à l'air détendu, sûrement un peu content de voir son homologue déstabilisé.

Il y a d'abord eu le «Spygate» de samedi, avec deux entraîneurs adjoints des Rangers assis dans les estrades pour assister à la pratique du Canadien. En des termes peu délicats, Therrien est allé les voir pour réclamer leur départ.

Alain Vigneault n'a pas apprécié.

«On a été traités très injustement hier, a-t-il soutenu. Il n'y a pas de règle non écrite à ce sujet et il n'y avait pas d'entente entre les deux équipes. Par le passé, quand une équipe ne voulait pas qu'on assiste pas à ses entraînements, l'entraîneur-chef ou le DG m'appelait. Ça ne s'est pas produit.

«Ce qui s'est pas passé était inapproprié et regrettable. C'est la Ligue nationale. Nous sommes chanceux que ce genre de comportement n'ait pas créé d'escalade.»

Therrien, lui, suppose qu'il a dû y avoir une mauvaise communication entre les deux formations car il demeure sous l'impression qu'il y avait un accord tacite entre les Rangers et le Canadien.

«Ils peuvent assister à nos entraînements, ça ne me dérangera pas», a fait valoir Vigneault.

Une menace envers Brassard?

Samedi, Therrien a indiqué qu'il savait exactement où Derick Brassard était blessé et qu'il s'attendait à ce que ses troupes jouent dur contre lui à son retour au jeu.

Il n'en fallait pas plus pour soulever l'ire de certains médias new-yorkais qui y ont vu là une forme de mise à prix de la tête de Brassard.

«J'espère qu'il n'arrivera rien à Brassard sinon Michel va être dans le trouble», a laissé tomber Vigneault, qui y voyait lui aussi des mots lourds de sens.

Il faut rappeler qu'en première ronde des séries, le coach du Canadien avait tenu des propos identiques à l'égard de l'attaquant du Lightning de Tampa Bay Ondrej Palat. Mais à ce moment-là, les commentaires étaient restés lettre morte et ça n'avait eu aucune conséquence sur la glace.

Mais dimanche matin, Therrien a préféré tracer un parallèle avec les commentaires émis par Vigneault à propos de Carey Price après le deuxième match.

«On avait des doutes que Price ne serait pas là et que le Canadien pencherait en faveur de Tokarski, avait confié l'entraîneur des Rangers après la victoire des siens au Centre Bell. 

«Le hockey est un petit monde...»

Therrien a bien voulu préciser sa pensée afin d'éviter de jeter davantage d'huile sur le feu.

«Brassard est un très bon joueur. Il n'y a pas de passe-droit pour personne en séries éliminatoires, mais nous n'avons pas l'intention de blesser qui que ce soit. Je ne crois pas que P.K. Subban obtienne de passe-droit avec tous les coups salauds qu'il reçoit. Ni Brendan Gallagher.

«Mais personne ne veut voir des joueurs se blesser.»

Un show de boucane

L'attaquant Daniel Brière a lui aussi ajouté son grain de sel dans cette rivalité grandissante, samedi, en mettant en doute la sévérité de la blessure dont souffre Derek Stepan et en reprochant au défenseur Ryan McDonagh de multiplier les coups de bâton comme le faisait Chris Pronger à l'époque.

En réponse à cela, Alain Vigneault s'est porté à la défense de McDonagh, disant qu'il était selon lui l'un des meilleurs défenseurs de la LNH. 

Mais il est visiblement embêté par l'image qui est nourrie à propos des Rangers.

«À travers la ligue on nous dépeint comme malhonnêtes et déshonorables, a-t-il dit. Nous ne le sommes pas. Nous suivons les règlements sur la glace comme en dehors.»

Avant le début de la série, Therrien a dit que Vigneault et lui ne seraient plus vraiment amis durant les deux semaines qui suivraient. «Il a probablement raison», a conclu Vigneault.

«Alain est une personne que je connais depuis longtemps, a répliqué Therrien. Il a été bon pour moi, il a été important dans ma vie car il a poussé en ma faveur. On est devenus très proches au fil des ans. J'ai beaucoup de respect pour lui en tant que coach, mais aussi parce que c'est un gars loyal.

«Mais là, câline, on compétitionne pour la même affaire.

«Quand tout sera fini, on ira prendre une bonne bière ensemble.»

«Les Rangers vont tout donner pour ne pas échapper deux matchs à domicile et nous, nous voulons continuer de renverser la vapeur, a conclu Therrien. C'est le plus important. 

«Le reste est un show de boucane.»

Pendant ce temps, sur la glace...

Ces échanges entre les deux entraîneurs-chefs ont peut-être détourné l'attention des médias des considérations sportives, mais au sein des deux formations, les joueurs assuraient ne pas accorder trop d'importance aux jabs portés d'un côté comme de l'autre.

«Les matchs sont trop importants en ce moment pour qu'on se laisse distraire par ce qui se passe à l'extérieur de la patinoire», a noté Max Pacioretty. 

«J'étais à la maison avec les enfants, j'essayais de me tenir loin de ça, a soutenu Martin St-Louis. Il y a toujours des histoires qui se créent en séries, mais nous on se concentre sur notre plan de match.»

Derick Brassard constitue théoriquement une décision d'avant-match, mais tout le monde prend pour acquis qu'il reprendra sa place dans la formation des Rangers.

Quant à Derek Stepan, il est passé saluer ses coéquipiers avant leur entraînement matinal mais ne participera pas au match de ce soir. Il est à l'écart du jeu en raison d'une fracture à la mâchoire et selon Alain Vigneault, il n'y a pas encore d'échéancier fixé quant à un éventuel retour au jeu.

Du côté du Canadien, Thomas Vanek, Brian Gionta et Andrei Markov n'ont pas pris part à l'exercice facultatif. Nous n'aurons que ce soir la confirmation du retour au jeu de Michaël Bournival et Francis Bouillon.