Ils en ont fait un DVD commémoratif tellement le moment était grandiose. On y voit le Canadien, un soir de février 2008, effacer un déficit de 5-0 pour l'emporter 6-5 en prolongation contre les Rangers de New York.

On ne le devinerait pas en regardant cette pièce d'anthologie, mais c'est devenu la source du cauchemar que constitue aujourd'hui le Centre Bell pour le gardien Henrik Lundqvist.

Pas de doute, «King Henrik» est capable d'être souverain devant son filet lorsque la situation le commande. Il a été au centre de la remontée des Rangers de New York aux dépens des Penguins de Pittsburgh après qu'ils eurent été à la traîne 3-1 dans la série.

Mais au Centre Bell, c'est une autre histoire. Tant et si bien que ses ennuis au domicile du Tricolore pourraient bien constituer une clé dans la finale de l'Association de l'Est qui s'amorce demain après-midi.

Historiquement, le Centre Bell pose problème à Lundqvist depuis le début de sa carrière. Mais c'est surtout la remontée historique de 2008 qui semble avoir créé un blocage. Comme s'il ne s'en était jamais remis.

«Je me souviens d'un match où il avait accordé quatre buts en première période avant de fermer la porte par la suite, a raconté Martin Biron, ex-gardien des Rangers. Ce n'est pas facile dans un édifice comme celui-là où tu ne te sens pas à l'aise et où tu as de mauvais souvenirs...»

Le dossier de la vedette suédoise à Montréal (4-5-2) paraît sans histoire, mais sa moyenne de buts alloués de 3,87 et son taux d'efficacité de ,876 sont plus révélateurs.

Il n'a pas gagné un match au Centre Bell depuis la fusillade qui avait mené les Rangers à un gain de 4-3 le 17 mars 2009. Et il faut remonter au 3 février 2008 pour retrouver sa dernière victoire en temps réglementaire.

«Je pense que c'est plus une affaire d'équipe qu'un truc qui concerne juste Hank, soupçonne Martin Biron. Même quand c'était moi qui jouais, on avait de la difficulté à compter des buts. Ce n'était pas juste lui.»

En effet, ç'a été pénible pour les Blue Shirts au grand complet. À leurs neuf dernières visites au Centre Bell, soit depuis le 23 janvier 2010, ils n'ont marqué que quatre buts!

Mais c'est quand même révélateur de voir que les entraîneurs des Rangers, que ce soit John Tortorella ou Alain Vigneault, ont soigneusement évité de replonger Lundqvist dans le bain de Montréal.

«Quand j'étais là, c'était une forme de récompense pour moi que de jouer au Québec», plaide toutefois Biron.

Le fameux match dont parle l'ancien gardien, au cours duquel le CH a marqué quatre buts aux dépens de Lundqvist avant que ce dernier ne se ressaisisse, a eu lieu le 15 janvier 2012. Il n'a pas gardé les buts à Montréal depuis.

Biron a obtenu deux départs et cette année, la recrue Cam Talbot y a décroché le premier blanchissage de sa carrière. Cette performance du jeune Talbot a permis aux Blue Shirts d'obtenir leur seule victoire au Centre Bell à leurs 10 derniers matchs.

Après que Carey Price a eu le dessus sur Lundqvist aux Jeux olympiques de Sotchi, se peut-il que la prochaine confrontation entre ces deux excellents gardiens soit teintée par les problèmes quasi ésotériques du gardien des Rangers?

«En arrivant en séries, ces choses-là changent, croit Martin Biron. On oublie ce genre de statistiques. Après le premier match, l'attention va se replacer sur la série.»