Le DG des Bruins de Boston Peter Chiarelli a eu un éclair de génie.

Celui qui, il y a quelques jours à peine, défendait encore l'échange de Tyler Seguin a rappelé hier matin des Bruins de Providence l'un des jeunes obtenus dans la transaction, l'ailier Matt Fraser.

Et c'est lui qui a marqué le seul but du match.

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«Vous pouvez entendre par le timbre de ma voix à quel point je suis excité! a lancé Fraser avec la voix du gars qui avait beaucoup crié. J'ai eu de la difficulté à dormir cet après-midi et je suis sûr que ce sera la même chose ce soir.»

L'Albertain de 23 ans n'avait joué que deux matchs préparatoires au Centre Bell et, de son propre aveu, les séries à Montréal étaient un tout autre animal.

«J'ai l'impression qu'il y a plus de médias autour de moi en ce moment qu'il y a de partisans aux matchs des Bruins de Providence», a d'ailleurs lancé Fraser.

L'entraîneur-chef Claude Julien l'avait inséré à la gauche de Carl Soderberg et Loui Eriksson et ce troisième trio a été à la hauteur alors que les ténors offensifs des Bruins étaient réduits au silence par le Canadien.

«Je comprends très bien qu'il ait été nerveux, mais ça n'a pas paru dans le match, a souligné Julien. Il a été solide en possession de rondelle et a pris de bonnes décisions tout au long de la soirée. Il n'y avait aucun doute dans mon esprit qu'on allait continuer de l'utiliser en prolongation.»

«Assez cool»

Jarome Iginla, un vétéran qui en a vu de toutes les sortes au fil des ans, ne se souvenait pas d'avoir vu un joueur rappelé le matin même de la Ligue américaine jouer les héros de la sorte.

«Non seulement a-t-il marqué le but vainqueur, mais c'est une assez belle histoire, le genre d'histoire à laquelle on rêve quand on est enfant. Être rappelé, marquer un but en prolongation, et dans un match de 1-0 par surcroît...

«C'est assez cool», a résumé Iginla.

Fraser est décrit comme un marqueur naturel doté d'un bon tir et d'un bon coup de patin, mais c'est aussi un attaquant qui devait se montrer plus solide en possession de la rondelle et mieux absorber la robustesse de l'adversaire.

Mais hier soir, il n'avait pas besoin d'en faire plus.

«J'ai l'habitude d'appeler mes parents après chacun de mes matchs, a confié Fraser. J'espère que mon père va être impressionné par celui-là!»

Pas encore à leur mieux

Ce quatrième match s'est joué pouce par pouce et les deux équipes se sont montrées particulièrement étanches en défensive. Ce n'est pas un hasard, croit l'entraîneur-chef des Bruins.

«Les deux équipes se connaissent de mieux en mieux et de match en match, on enlève les chances de marquer évidentes pour l'autre équipe, a noté Julien. Par exemple, on n'a pas donné trois échappées comme lors du match précédent...»

Mais même si les Bruins ont égalé la série 2-2 et qu'ils reprennent l'avantage de la patinoire en vue du cinquième match à Boston, Julien estime que son équipe peut en faire plus.

«Je ne crois pas qu'on ait joué notre meilleur hockey - et je ne dis pas cela pour atténuer notre victoire, a-t-il dit. On a joué avec ardeur, mais j'ai déjà vu cette équipe mieux jouer.»

Le trio de David Krejci peut-être?

«Les premiers trios ne sont peut-être pas à la hauteur (offensivement), mais les deux équipes peuvent dire la même chose. Les joueurs qui marquent en ce moment ne sont pas toujours ceux auxquels on s'attend, mais souvent, quand on confronte les meilleurs joueurs de chaque côté, ils se neutralisent. »