Il y a du mouvement dans la course pour une nouvelle équipe dans la Ligue nationale de hockey (LNH). Après avoir tenté de convaincre des investisseurs d'amener une équipe de la LNH à Seattle, un consortium de trois hommes d'affaires incluant l'ancien joueur Jeremy Roenick regarderait maintenant la possibilité d'acheter une équipe «ailleurs aux États-Unis ou au Canada».

Selon des documents obtenus par La Presse, Roenick et deux hommes d'affaires spécialisés dans l'immobilier aux États-Unis, Lothar Estein et David Trandel, ont formé au cours de la dernière année le consortium Hat Trick afin d'obtenir une équipe de la LNH à Seattle. Il leur manquait 85 millions US dans leur financement (ils avaient obtenu 401 des 486 millions nécessaires à leur montage financier, selon les documents en question). À défaut d'un nouvel amphithéâtre à Seattle, Hat Trick regarde maintenant «d'autres villes aux États-Unis et au Canada», indique David Trandel, qui a confirmé hier les informations de La Presse.

«Nous sommes très intéressés, avec Jeremy Roenick, à faire notre entrée dans la LNH et nous regardons d'autres options que Seattle. Notre intérêt n'est pas limité sur le plan géographique (à une région en particulier). Pour l'instant, il n'y a pas d'intérêt de notre part à Seattle parce qu'il n'y a pas d'amphithéâtre», a-t-il dit à La Presse, sans toutefois préciser quelles villes son consortium évalue actuellement.

«Il n'y a pas de groupe de propriétaires incluant Jeremy Roenick qui est mis sur pied pour Seattle à ce moment-ci, mais Seattle est un endroit formidable pour que la LNH prenne de l'expansion», a pour sa part indiqué Tracy Roenick, la femme de Jeremy Roenick et l'associé directrice de sa firme Roenick Life. Quant à Lothar Estein, il a indiqué, par l'entremise de sa firme Estein & Associates, ne pas avoir de commentaires sur le dossier de la LNH à Seattle.

Bartoszek favori à Seattle

Selon nos informations, le financier new-yorkais Ray Bartoszek, qui a dévoilé la semaine dernière son intérêt publiquement pour une équipe de la LNH à Seattle, aurait complété son financement, ce qui lui donne une bonne longueur d'avance sur les autres consortiums intéressés à obtenir une équipe, dont le groupe Hat Trick. La principale épine au pied de Bartoszek: il n'y a pas d'entente à Seattle pour construire un nouvel amphithéâtre, les investisseurs Chris Hansen et Steve Ballmer (ex-PDG de Microsoft) étant seulement intéressés à construire un amphithéâtre s'ils obtiennent une équipe de la National Basketball Association (NBA).

En entrevue avec des médias new-yorkais la semaine dernière, le commissaire Gary Bettman a indiqué que plusieurs groupes étaient intéressés à devenir propriétaire d'une équipe de la LNH à Seattle. Il n'a toutefois révélé qu'un seul nom publiquement, celui du financier new-yorkais Ray Bartoszek, qui avait une entente pour déménager les Coyotes de Phoenix à Seattle, l'été dernier, si le plan initial de la LNH ne fonctionnait pas, selon le Seattle Times.

La LNH n'a pas voulu commenter hier nos informations sur le consortium Hat Trick et son intérêt pour une équipe de la LNH à Seattle ou ailleurs. «Nous avons plusieurs demandes d'intérêt pour une équipe de la LNH, mais nous ne commentons pas de dossier particulier», a indiqué son porte-parole, Gary Meagher.

Un plan d'affaires intéressant

Le nom de Jeremy Roenick a été mentionné dans le dossier de la LNH à Seattle depuis sa visite dans la ville du Pacifique en décembre dernier, mais l'identité de ses partenaires potentiels n'était pas connue. Lothar Estein est un homme d'affaires allemand qui possède la firme immobilière Estein & Associates, spécialisée dans les projets immobiliers d'envergure. David Trandel, un ancien vice-président de la firme immobilière The Prime Group à Chicago, a maintenant sa propre firme, Stone Street USA, aussi à Chicago.

Les documents obtenus par La Presse, qui datent de l'automne dernier, lèvent le voile sur le plan d'affaires du consortium Roenick-Estein-Trandel à Seattle, un plan d'affaires intéressant surtout dans le contexte où Québec tente aussi d'obtenir une équipe de la LNH.

Selon les documents, Roenick, Estein et Trandel avaient amassé 401 millions (400 millions de la part d'Estein et Trandel, 1 million de la part de Roenick), mais leur montage financier s'élevait à 486 millions. Le consortium Hat Trick estimait avoir besoin de 300 millions pour une équipe de la LNH (visiblement une équipe d'expansion, même si le document ne le précise pas), 131 millions pour payer une partie du nouvel amphithéâtre de 527 millions, 5 millions pour payer la moitié des rénovations au vieux Key Arena, 30 millions en investissements de capitaux pour démarrer l'équipe et 20 millions pour les frais de transaction.

Une marge de profit de 6%

Selon les prévisions du groupe Hat Trick, l'équipe perdrait de l'argent (environ 5,4 millions) au cours des deux premières saisons au Key Arena, en 2015 et 2016. Dans un nouvel amphithéâtre, l'équipe de hockey générerait ensuite en moyenne 8 millions de profit par année, soit une marge de profit de 6%.

Les documents indiquent que l'amphithéâtre serait beaucoup plus rentable que l'équipe de la LNH. Selon leurs estimations, un nouvel amphithéâtre avec une équipe de la LNH, mais sans d'équipe de la NBA, générerait des profits de 6 millions (marge de profit de 20% sur des revenus de 28 millions) en 2015. Les profits de l'amphithéâtre augmenteraient progressivement jusqu'à 21 millions (marge de profit de 42% sur des revenus de 49 millions) en 2021.