Le défenseur Keith Aulie ne joue pas souvent pour le Lightning de Tampa Bay. Mais s'il n'a pas beaucoup d'occasions de jouer les héros sur la patinoire, il n'a pas raté celle qui s'est imposée à lui à la maison.

L'arrière de 24 ans, qui a grandi dans une ferme à Rouleau, en Saskatchewan, a sauvé la vie de son père en 2005 en le tirant de l'eau glacée après que la glace eut cédé.

«C'était juste avant Noël, a raconté Aulie à La Presse. J'avais 16 ans à l'époque. Mon père passait le tracteur sur l'étang pour ôter la neige là où on allait aménager une patinoire pour la famille. On avait vérifié l'épaisseur de la glace à quelques endroits et ça semblait suffisant.

«Mais à une extrémité où il y avait plus de neige, elle ne l'était pas. La glace a cédé, et le tracteur a été aspiré vers le bas.»

C'est par un pur hasard qu'Aulie avait décidé quelques instants auparavant d'aller regarder ce que son père faisait. En l'espace de quelques secondes, tout ce qu'il a pu voir fut le capot du tracteur qui relevait le nez alors que l'engin s'engouffrait dans quatre mètres de profondeur.

La pression sous l'eau empêchait Bill Aulie d'ouvrir la porte, mais une vitre a fini par éclater.

«Il est sorti du tracteur en nageant et a pu remonter à la surface», a expliqué le joueur du Lightning, qui a toutefois vu son père rester coincé sous la glace jusqu'à ce que le tracteur se déplace suffisamment pour créer une brèche.

«J'ai finalement pu le sortir de là. Ç'a été une expérience traumatisante...»

Keith Aulie peut témoigner des ressources additionnelles que procure une montée d'adrénaline. Car il se demande encore, huit ans plus tard, comment il a pu agripper cette pièce d'homme de 6 pi 5 po et 215 lb et le projeter sur un banc de neige comme il l'a fait.

«Sur le coup, j'ai agi de façon spontanée, mais c'est en y repensant, dans les jours qui ont suivi, que je me suis mis à songer aux autres éventualités. C'était assez épeurant.»

Son père et lui n'ont pas l'habitude de parler de cette tragédie qui a été évitée de peu. Aulie dit ignorer si cela a vraiment changé quelque chose entre eux.

«Si ça se trouve, ça a consolidé notre relation, car on ne tient plus rien pour acquis», suggère-t-il quand même.

La ferme ou le hockey?

Aulie adore travailler à la ferme paternelle. S'il reste de glace lorsqu'il parle de son manque d'occasions de jouer à la ligne bleue du Lightning, ses yeux s'illuminent lorsqu'il est question de la ferme.

«On se prépare à la période d'ensemencement sur un terrain de 3500 acres», annonce-t-il fièrement.

L'ancien des Maple Leafs de Toronto admet que les activités agricoles l'allument davantage que la moyenne des garçons de la Saskatchewan.

Mais alors, de quel côté son coeur penche-t-il? «Le hockey doit passer en premier, répond Aulie. On ne peut jouer au hockey très longtemps et c'était le rêve de tous les gars dans ce vestiaire de faire carrière. La ferme est une passion, mais elle sera toujours là. Cela dit, ça fait du bien d'y retourner chaque été et de s'éloigner du hockey et des projecteurs.»

Il ronge son frein

Aulie semblait voué à un avenir prometteur avec les Maple Leafs mais ceux-ci, raconte-t-on, trouvaient qu'il manquait de constance et qu'il ne s'était pas vraiment remis d'avoir été promu trop rapidement à la LNH. Les Leafs ont fini par l'échanger au Lightning.

Le défenseur de 6 pi 6 po a partagé les dernières saisons entre la LNH et la Ligue américaine mais, contrairement à d'autres joueurs qui ont remporté la Coupe Calder avec les Admirals de Norfolk, il n'a pas bénéficié de la promotion de l'entraîneur-chef Jon Cooper à Tampa.

«L'an dernier, j'ai joué tous les matchs, mais les choses ont changé avec l'arrivée de Cooper derrière le banc, confie Aulie. Puis, j'ai eu des blessures cette année et ç'a été une saison frustrante. J'attends la chance de me faire valoir, mais elle ne s'est pas présentée souvent cette année.»