Les choses ont bien changé à Tampa. Il n'y a pas si longtemps, quand on prenait le petit train de l'aéroport en direction du terminal des bagages, c'est la voix préenregistrée de Vincent Lecavalier qui nous accueillait à bord. Quand on arrivait au centre-ville, à quelques mètres de l'aréna, c'est une affiche de Martin St-Louis qui était accrochée sur un des murs de l'édifice.

Mais tout ça est rangé dans le grand tiroir du passé.

Lecavalier n'est plus ici depuis presque un an déjà. Martin St-Louis, quant à lui, est parti en claquant la porte au début du mois de mars, à la suite du conflit que l'on sait avec le directeur général Steve Yzerman.

Lecavalier était fort populaire, mais St.Louis était le leader. Le capitaine. Celui vers qui les plus jeunes se tournaient. Un mois plus tard, les ondes de choc créées par son départ se ressentent encore dans le vestiaire du Lightning.

«C'est drôle, parce que Martin avait sa propre routine d'avant-match, et tout le monde suivait, raconte le gardien Ben Bishop. Quand il est parti, on s'est demandé: "Bon, qu'est-ce qu'on fait maintenant qu'il n'est plus là?" Ce sont des joueurs comme lui qui aident des équipes à gagner des matchs. Des joueurs qui proviennent de ce moule. Et puis, c'est toujours dur de perdre un capitaine.»

À Tampa Bay, Martin St-Louis faisait partie des meubles, si l'on veut. Membre de l'équipe à l'éclair depuis 2000, gagnant de la Coupe Stanley en 2004 - la seule de l'histoire du club - , le vétéran était le meneur de cette bande... avant d'exiger de sortir de là au plus vite.

La direction du Lightning l'a finalement refilé aux Rangers de New York, en retour de l'attaquant Ryan Callahan.

«On a perdu l'un des 10 meilleurs marqueurs de la ligue, en retour d'un joueur qui permet à d'autres de finir parmi les 10 meilleurs marqueurs de la ligue, estime l'entraîneur Jon Cooper. Je crois qu'on a récolté des points à 11 de nos 13 premiers matchs avec Ryan... Ce n'est pas entièrement grâce à lui, mais il est l'une des raisons pour expliquer nos récents succès. On a besoin de joueurs comme Steven Stamkos, qui mettent la rondelle dans le filet. Mais on a aussi besoin de joueurs comme Ryan pour aider les autres à marquer.»

Depuis le jour du fameux échange, l'histoire des deux joueurs a pris une tournure bien différente. Callahan s'est offert 9 points lors de ses 13 premiers matchs à Tampa Bay. Martin St-Louis? Pour lui, ça va un peu moins bien; avant les matchs de mardi soir, le Québécois n'avait que 2 points au compteur à ses 10 dernières rencontres.

Comme si Martin St-Louis était incapable, pour l'instant du moins, de passer à autre chose. Incapable de retrouver ses repères loin des palmiers de Tampa Bay.

Ses anciens coéquipiers s'en sortent mieux et pensent déjà aux séries qui s'en viennent. Mais ils pensent aussi à leur ancien capitaine.

«Ç'a été difficile quand Martin est parti, et ça l'est encore, explique Stamkos. On peut dire que les échanges, ça fait partie du jeu. Mais il était plus qu'un coéquipier pour plusieurs d'entre nous. Il était un gars que j'admirais, un mentor, et il est toujours un ami. C'est dur, surtout quand on est habitués de jouer avec un gars pendant aussi longtemps, un gars de son calibre et de son talent.»

D'une certaine façon, ç'a été un peu la fin d'une époque par ici quand Martin St-Louis a pris un aller simple pour New York, le 5 mars. Les souvenirs sont encore là, mais les joueurs du Lightning tentent maintenant de créer leur propre histoire sans celui qui aura été le coeur du club pendant des années.

«Ça peut prendre un bout avant de s'ajuster, et on le fait encore, conclut Steven Stamkos. Mais le gars qu'on a eu de New York en retour de Martin fait du bon travail. On est heureux avec les cartes qu'on nous a données.»