Sebastian Collberg ne devrait pas revenir hanter le Canadien dans l'uniforme des Islanders de New York.

C'est du moins l'avis des recruteurs professionnels consultés hier par La Presse.

«Ses statistiques de trois buts et six passes en quarante matchs en Suède sont un peu alarmantes pour un joueur de 20 ans, répond le premier homme de hockey interviewé. Ça ne veut pas dire qu'il n'atteindra pas la LNH, il semble avoir le potentiel pour le faire, mais je ne crois pas qu'il aura un gros impact. C'est un excellent échange pour le Canadien.»

Collberg, cédé mercredi aux Islanders avec un choix de deuxième ronde en retour de Thomas Vanek, était hautement coté avant le repêchage de la Ligue nationale en 2012, mais curieusement, ce jeune Suédois était encore disponible au début de la seconde ronde.

«Je l'avais classé en deuxième ronde également, mentionne le recruteur. Il n'a pas un très gros gabarit et n'est pas explosif. J'aime beaucoup mieux leur autre espoir de la Suède, Jacob de la Rose, qui a cependant un style très différent.»

Non seulement le jeune Collberg semble plafonner dans la Ligue d'élite de Suède, mais il n'a rien cassé au Championnat mondial junior. Il a terminé au neuvième rang des meilleurs compteurs de son pays avec un but et six aides en sept matchs. En comparaison, Filip Forsberg, repêché en première ronde par les Capitals de Washington, qui l'ont ensuite échangé à Nashville, a obtenu douze points.

«On verra bien ce que les Islanders en feront, dit un second recruteur, mais ils n'ont pas la réputation de bien développer les jeunes. Le Canadien avait mal paru dans l'échange de Patrick Roy parce que l'Avalanche avait un club puissant à qui il ne manquait qu'un gardien. Même chose avec Ryan McDonagh qui s'est retrouvé avec les Rangers, une formation établie qui offre un bon encadrement à des jeunes de talent. Dans le cas de Collberg, le CH l'a peut-être envoyé dans la meilleure organisation possible pour ne pas perdre la face.»

Ce dépisteur aurait souhaité voir Collberg demeurer en Amérique du Nord après le camp d'entraînement du CH.

«Sa décision de jouer en Suède cet hiver a nui à sa progression. Son temps d'utilisation est très limité. C'est pourquoi je ne me fie pas à ses statistiques pour le juger. Les statistiques en Suède sont d'ailleurs trompeuses, car ils jouent sur une grande patinoire et le jeu n'y est pas très robuste. Il avait pourtant bien fait en deux matchs à Hamilton en fin de saison dernière. Il semblait à sa place et il avait obtenu de bonnes chances de compter. Pourquoi a-t-il préféré aller flâner sur les grandes patinoires de Suède plutôt que de s'habituer tout de suite au style de jeu nord-américain? Ça en dit peut-être beaucoup sur son caractère.»

En comparaison avec Collberg, Filip Forsberg avait amassé 33 points en 38 matchs au même âge en Suède. Henrik Zetterberg avait obtenu 40 points en 47 rencontres avec Timra à 19 ans. Par contre, des joueurs comme Johan Franzen et Loui Eriksson se sont développés un peu plus tard.

Sauf que devant la progression d'un Sven Andrighetto à Hamilton (30 points en 43 matchs), Martin Reway à Gatineau et au Championnat mondial junior (10 points en cinq matchs), Michael McCarron qui reprend du poil de la bête à London, Artturi Lehkonen (20 points en 33 matchs en Finlande), Charles Hudon et compagnie, Marc Bergevin avait le luxe de sacrifier l'un de ses jeunes attaquants pour obtenir un compteur de la trempe de Thomas Vanek.