Sébastien Farrese, entraîneur des gardiens à Hockey Canada et mentor de Malcolm Subban, avait été renversé à l'époque par la réaction furieuse des fans du CH à la suite de l'échange de Jaroslav Halak aux Blues de St. Louis.

«Halak avait transporté l'équipe contre Washington et Pittsburgh, c'est vrai, mais on savait que ça ne durerait pas à long terme. On regardait le nombre de retours de tirs qu'il accordait dans l'enclave, la suite était prévisible. Le mot s'est vite passé dans la LNH, et encore aujourd'hui, au moins la moitié des buts qu'il accorde survient sur des retours dans l'enclave.»

Un peu moins de quatre ans après l'avoir acquis du Canadien et lui avoir consenti un contrat de 4 saisons évalué à 15 millions, les Blues ont décidé qu'ils n'avaient aucune chance de gagner la Coupe Stanley avec Halak devant le filet.

Dans la transaction la plus spectaculaire de la saison, et probablement le secret le moins bien gardé de la LNH, les Blues ont sacrifié plusieurs éléments pour acquérir Ryan Miller, des Sabres de Buffalo, vendredi.

Les Blues ont donné Chris Stewart, un choix de première ronde, leur choix de deuxième ronde en 2013 - William Carrier -, un choix de troisième ronde et Halak contre Miller, un éventuel joueur autonome sans compensation - comme Halak et Steve Ott.

Fait étonnant, en trois saisons avec les Blues, le héros des séries 2010 pour le Canadien aura disputé seulement 2 des 15 matchs de l'équipe en séries éliminatoires en raison de blessures ou de contre-performances.

Halak, qui a eu un tournoi olympique difficile avec la Slovaquie, aura connu une seule saison de plus de 46 matchs, confirmant ainsi son statut de gardien fragile, incapable d'assumer un poste de numéro un pendant une saison complète. C'est d'ailleurs ce qui a poussé Pierre Gauthier à choisir Carey Price et à échanger Halak contre Lars Eller.

Malgré une défense extraordinaire - sans doute supérieure à celle de pays comme la Slovaquie, la République tchèque et même la Russie - , avec un trio comme Alex Pietrangelo, Jay Bouwmeester et Kevin Shattenkirk, Halak, bientôt 29 ans, n'a jamais pu s'imposer comme un gardien de premier plan.

Avec une équipe nettement moins solide, Carey Price a su maintenir un taux d'arrêts supérieur (,917) à celui d'Halak (,913). Price, 26 ans, a une médaille d'or au cou, et Sidney Crosby n'est plus le seul à le considérer comme le meilleur gardien de but au monde.

Rappelons-nous le scandale. Halak allait revenir hanter le Canadien comme Patrick Roy l'avait fait avec l'Avalanche du Colorado. Des kilomètres de fans avaient fait la file dans un centre commercial de l'ouest de Montréal pour obtenir l'autographe de Halak à son retour en ville après la transaction.

«À long terme, le Canadien devait y aller avec Price, affirme Farrese, qui travaille avec les membres de l'équipe junior canadienne, dont Zachary Fucale. Price est supérieur au chapitre de la lecture du jeu, du contrôle des retours et du jeu de pieds dans le demi-cercle. La vitesse est semblable dans les deux cas, mais comme Halak n'est pas très grand et qu'il joue assez profondément dans son filet, il est souvent en extension après le premier arrêt, d'où les rebonds inopportuns. Il n'y a aucune comparaison possible. Price est actuellement le meilleur gardien de but au monde devant Henrik Lundqvist, sans l'ombre d'un doute.»

Farrese estime que l'arrivée de Stéphane Waite chez le Canadien a relancé la carrière de Price.

«Il a gagné en confiance avec Waite. Je trouve aussi qu'il est plus patient. Il semble y avoir une bonne chimie entre les deux. On peut avoir le meilleur gardien au monde et le meilleur entraîneur des gardiens au monde, si ça ne clique pas, il n'y a rien à faire.»

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