Quarante-sept matchs plus tard, on ne sait toujours pas, d'un soir à l'autre, quel visage présentera le Canadien.

Lamentable à Philadelphie mercredi dernier, puis imposant face aux Blackhawks de Chicago trois jours plus tard, le Tricolore n'a pas trouvé de solution contre les Devils du New Jersey... même en marquant le premier but. Les Devils sont les rois du calfeutrage lorsqu'ils prennent l'avance, mais ils n'avaient remporté que trois matchs sur 20 cette saison après avoir concédé le premier but.

Aux yeux de Michel Therrien, Martin Brodeur a fait la différence hier soir. «Il a été phénoménal», a-t-il dit. C'est vrai que le légendaire gardien a repoussé 29 rondelles et qu'il a obtenu de façon très hollywoodienne la première étoile de la rencontre.

Mais Brodeur n'a pas affronté un club très menaçant. Le Canadien a peut-être eu le dessus 30-19 au chapitre des lancers, mais les Devils ont passé beaucoup de temps en zone du Canadien. Ils ont inscrit trois buts à leurs 13 premiers lancers et ont dominé la première moitié du match quant aux chances de marquer. Et quelques-unes de ces chances ont été obtenues à la suite de revirements dont le Tricolore s'est rendu coupable. Avec 11 revirements après 40 minutes, il se dirigeait allègrement vers un sommet à ce chapitre cette saison (14).

Le CH a réussi à se montrer plus prudent en troisième, mais il l'a aussi été à l'attaque en ne dirigeant que cinq lancers sur Brodeur.

Un rythme brisé

Le Canadien se méfiait de cet adversaire qu'il qualifiait de «frustrant» et de «structuré». Il avait raison de le faire, car ce match-là a semblé lui glisser entre les doigts dès le moment où le Québécois Éric Gélinas a donné l'avance aux visiteurs. Adam Henrique a renchéri trois minutes plus tard et la pente devenait soudainement un col.

Ce qui n'aide pas dans les circonstances, ce sont tous ces buts refusés que le Canadien collectionne depuis quelque temps. Sauf erreur, il en serait rendu à sept buts refusés à ses huit derniers matchs. Un peu comme les insuccès qui se prolongent en avantage numérique - le CH n'a pas marqué à cinq contre quatre à ses cinq derniers matchs -, les buts refusés ont le don de briser le rythme.

Le travail des arbitres sur la glace, en revanche, aura de quoi laisser Carey Price dubitatif. Car les Ryane Clowe, Dainius Zubrus et autres n'ont pas hésité à gêner son travail, parfois de façon litigieuse. Ça a porté des fruits à deux reprises sans même que les officiels ne sourcillent.

Price aime répéter à ses coéquipiers qu'il est assez grand pour prendre soin de lui-même, mais des joueurs comme Douglas Murray doivent lui donner une chance et l'aider à nettoyer le devant du filet.