Il faut croire que Carey Price avait vu juste quand il a, le premier, comparé son équipe à Jekyll et Hyde tout juste avant la pause des Fêtes. De toute évidence, le gardien du Canadien savait de quoi il causait.

Parce qu'au cours des derniers jours, la double personnalité du club montréalais s'est de nouveau manifestée.

Il y a eu tout d'abord la prestation horrible de mercredi soir à Philadelphie, amplifiée par une petite tempête mettant en vedette l'entraîneur et le défenseur-vedette, laissé sur le banc pendant de longues minutes.

Puis, il y a eu une apparition du «bon» Canadien. Celui qui peut parfois avoir des airs de club de premier plan, comme lors de cette prestation presque magique de samedi soir au Centre Bell, une victoire de 2-1 en prolongation contre les Blackhawks de Chicago, champions en titre de la Coupe Stanley.

Ce qui nous ramène à la case départ et à la même question, à quatre semaines de la pause olympique: qui est le vrai Canadien?

La réponse demeure un mystère. «C'est pour ça que c'est parfois frustrant, comme l'autre soir à Philadelphie, a reconnu le capitaine Brian Gionta. Si on joue comme on l'a fait (samedi soir), il n'y a pas de problème. Pourquoi ne serions-nous pas capables de le faire chaque soir?»

Gionta, de toute évidence, ne connaît pas la réponse lui non plus. Il la cherche encore et toujours, comme ses collègues en bleu, blanc et rouge.

«Nous avons souffert d'un manque de constance depuis le début du calendrier, a-t-il admis. C'est ce qui est si frustrant parfois, parce qu'on sait de quoi on est capables. Il faut trouver une façon de refaire ce qu'on a fait contre Chicago chaque soir.»

Contre Chicago, c'est la version nouvelle et améliorée du Tricolore, le «bon» Canadien, qu'on a vue. Du jeu solide en défense (probablement le meilleur match de la saison pour Alexei Emelin), des occasions à la pelle en attaque (ceux qui ont répondu présent ont été nombreux, incluant Tomas Plekanec, Lars Eller et Daniel Brière... même George Parros s'est permis un tir au but!) et une autre bonne performance du gardien Price, qui a affiché une forme olympique devant les redoutables champions.

Bref, le genre de soirée où un peu tout le monde pousse dans la même direction.

«On ne pouvait pas s'attarder sur le match perdu à Philadelphie, il fallait mettre ça derrière nous, a ajouté le gardien. Je crois que le message a été reçu après Philadelphie, et les gars l'ont prouvé pendant plus de 60 minutes contre les Blackhawks.»

Le «bon» ou le «mauvais»?

La semaine qui s'en vient s'annonce-t-elle un peu facile pour le Canadien? Après tout, les adversaires de la semaine (New Jersey, Ottawa et Toronto) ne sont pas des clubs de premier plan et, pour l'instant du moins, se battent pour une place en séries.

Mais le Canadien a souvent démontré cette saison que ses matchs se suivent mais ne se ressemblent pas. Ainsi, la fière formation que l'on a vu faire des flammèches samedi soir daignera-t-elle se présenter demain soir au Centre Bell quand les Devils vont s'amener? Verra-t-on le «bon» Canadien ou bien le «mauvais» Canadien?

Ça, personne ne le sait.

«Il faut continuer de la même façon, a répété Andrei Markov au terme de la rencontre de samedi soir. Le match contre les Blackhawks n'est qu'un seul match; le défi, maintenant, c'est de jouer comme ça chaque soir. Nous allons avoir du succès si on peut répéter ce genre de performance, on le sait fort bien.»

Mais comment faire pour répéter ce genre de performance, justement? C'est ce bout-là qui semble pas mal plus compliqué.

«Les bonnes équipes sont les équipes constantes, a ajouté Tomas Plekanec. C'est cette constance-là qu'il faut trouver au plus vite.»