Ça ne date pas d'hier que Philadelphie est reconnu à travers la LNH comme un cimetière de gardiens. Depuis la retraite de Ron Hextall, en 1999, une multitude de gardiens se sont succédé devant le filet des Flyers sans qu'un seul ne s'avère une solution à long terme: Cechmanek, Esche, Boucher, Biron, Niittymaki, Leighton, Bobrovsky, Bryzgalov...

Mais voilà qu'un jeune gardien talentueux, au lieu de perdre ses moyens en enfilant le maillot des Flyers, les a plutôt retrouvés!

«Je ne sais pas pourquoi c'est comme ça, bien des gens m'en ont fait la remarque, mais ce n'est pas quelque chose auquel je m'attarde», a dit Steve Mason lorsque La Presse l'a abordé à ce sujet.

Ayant mené à l'âge de 20 ans les Blue Jackets de Columbus à la seule participation aux séries de leur histoire, Mason a remporté le trophée Calder en 2008-2009. Sauf qu'il s'est embourbé par la suite en alignant les mauvaises saisons.

Mason a commencé à traîner la réputation d'un gardien qui n'y mettait pas toujours tout l'effort requis. Il a fini par perdre son poste de numéro un à Columbus au profit de Sergei Bobrovsky, en qui les Flyers avaient perdu confiance.

«Mason est travaillant, ce n'est pas un paresseux», a toutefois constaté l'entraîneur adjoint des Flyers, Ian Laperrière.

«Il ne l'est pas cette année et il ne l'était pas l'année passée quand on l'a acquis. Parfois, un changement de décor...»

Les mêmes correctifs que Price

Avec l'aide de l'entraîneur des gardiens des Flyers Jeff Reese, Mason a entièrement revu sa façon de garder les buts. Un peu comme le fait Stéphane Waite à Montréal, Reese a encouragé le gardien de 6'4 à profiter davantage de sa grande stature pour faire un meilleur suivi de rondelle.

«Pour des gars plus grands comme Carey Price ou moi, le fait de rester debout plus longtemps nous permet de voir au-delà des écrans qu'on essaie de placer devant nous», explique Mason.

«Se mettre sur les genoux, c'est un filet de sécurité plus qu'autre chose parce qu'on a l'impression de couvrir plus d'espace devant le filet. La clé, lorsqu'on reste sur ses pieds plus longtemps, c'est de faire confiance à ses réflexes et à son positionnement en sachant que l'adversaire va essayer plus souvent de te battre entre les jambières.»

En jouant un peu plus profondément dans son filet, Mason cherche en outre à améliorer ses déplacements latéraux, un autre élément que Price a fait avec le Tricolore.

Mais au-delà de cela, c'est l'attitude et l'état d'esprit qui ont changé lorsqu'il s'est amené à Philadelphie en avril 2013.

«Quand j'ai été échangé, j'ai décidé de faire table rase complètement. Je voulais remodeler mon jeu depuis ses fondations. Travailler avec Jeff Reese a été extrêmement rafraîchissant et j'apprécie beaucoup mon expérience ici.

«Ce qui est déterminant, c'est d'avoir la confiance de gens au-dessus de moi. L'organisation m'a appuyé à 100% depuis mon arrivée ici. On m'a démontré de la confiance en me disant que je pouvais faire le travail soir après soir.

«Quand on sent cela de la part d'une équipe, c'est un très bon feeling et on ne veut pas la décevoir.»

Après la victoire de 3-1 contre le Canadien, Mason n'a encaissé que trois revers en temps réglementaire à ses 22 derniers départs, soit depuis le 5 novembre (15-3-4).

À 25 ans, Mason est encore jeune. Son talent n'a jamais fait de doute. Si les Flyers lui donnent la chance de s'épanouir, il pourrait devenir l'un des gardiens les plus dominants de la ligue.