Lorsqu'un journaliste a demandé à Michel Therrien, mercredi, ce qu'il pensait des difficultés actuelles de son équipe à marquer des buts à cinq contre cinq, l'entraîneur-chef s'est rebiffé.

«On a eu des chances (mardi), a-t-il rétorqué. Max Pacioretty a frappé trois poteaux. Un pouce et demi plus à gauche ou plus à droite et tout irait bien ce matin. C'est une question de perception. Les perceptions et la réalité sont deux choses très différentes...»

En effet.

La perception, par exemple, pourrait être que le Canadien est en voiture au troisième rang de l'Association de l'Est. La réalité, c'est que les signaux lancés par son attaque depuis longtemps déjà suggèrent que cette jolie position est fragile.

Le Canadien n'a pas marqué un but à cinq contre cinq en bonne et due forme en 16 périodes. On ne tient pas compte ici du but inscrit contre les Flyers de Philadelphie après que Carey Price eut été retiré à la faveur d'un sixième attaquant, ni de celui marqué à quatre contre quatre contre les Panthers de la Floride.

Seize périodes, ça veut dire qu'il faut remonter à la deuxième période du match face aux Sabres de Buffalo, le 7 décembre. Vous savez, le soir où Michel Therrien avait dit que les joueurs «avaient vidé le réservoir» pour gagner?

Heureusement que l'avantage numérique s'est dégourdi, mardi, dans la victoire aux dépens des Coyotes de Phoenix. Car pour le reste, le réservoir en attaque n'a pas été rempli.

«C'est une longue année, plein de choses vont se produire, il faut juste que ça ne dure pas trop longtemps», a commenté David Desharnais, mercredi.

Sauvé par son jeu défensif

Selon les statistiques de la LNH, il faut remonter à la saison 2000-2001 pour trouver une édition du CH qui marquait aussi peu de buts en moyenne à cinq contre cinq. Avant les matchs de mercredi, ses 51 buts marqués à égalité numérique le plaçaient ex aequo au 26e rang de la LNH.

L'an dernier, le Tricolore s'était classé cinquième à ce chapitre.

Ce qui le sauve en ce moment, c'est la qualité de son jeu défensif. Avant les matchs de mercredi, le CH était septième pour le nombre de buts concédés à cinq contre cinq, un rendement semblable à celui de l'an dernier (9e).

On ne contredira pas Michel Therrien sur le fait que la clé du succès dans la LNH actuelle, c'est une défense des plus étanches.

Or, lorsqu'une équipe comme les Blues de St. Louis, à qui le Canadien rend visite jeudi soir, est quatrième de la LNH pour les buts marqués à égalité numérique et sixième pour les buts contre en de pareilles circonstances, elle prend les traits d'une formation élite.

D'ailleurs, depuis quelques années, les statistiques avancées démontrent que les équipes qui ont la meilleure possession de rondelle à forces égales sont celles qui ont le plus de chances de se retrouver dans le carré d'as en route vers la Coupe Stanley.

Deux courbes qui se suivent

Mardi soir, pour un septième match de suite, le CH a été incapable de marquer en première période. Un peu comme le jeu à cinq contre cinq, sa capacité de marquer des buts dès le premier vingt constituait une force en début de saison. Une force qui s'est effritée par la suite.

L'équipe a été en mesure de remporter quatre de ces sept matchs même sans marquer au premier tiers. Mais de façon globale, on observe que dans les séquences où le Canadien a réussi à s'imposer en première période, sa fiche était nettement positive. Et lorsqu'il a été blanchi en première, les résultats s'en sont ressentis.

Le Tricolore a eu deux séquences fortes jusqu'à maintenant où le rendement à cinq contre cinq et celui en première période étaient tous deux en pointe. Ça correspond aux 13 premiers matchs de la saison (fiche de 8-5) et à la portion située entre les matchs 22 à 29 (fiche de 7-0-1).

Entre les deux, on s'en souvient, il y a eu cette disette de plusieurs matchs qui a fini par impatienter Max Pacioretty. Et il y a le creux de vague actuel qui, en dépit de quelques victoires arrachées ici et là, ressemble à la léthargie du début de novembre.

«On est devenus hésitants»

Le rendement de l'équipe en première période préoccupe moins les joueurs. Certes, les buts sont un sous-produit de leur façon de jouer, mais ça ne reflète pas nécessairement la qualité de leur exécution.

«Parfois on va bien jouer, on ne marquera pas et on ne s'en fera pas parce qu'on sait que ça va rentrer dans l'ordre, a expliqué Josh Gorges. Sauf qu'on semble être devenus hésitants à aborder les matchs, on attend de voir ce que l'autre va faire et on réagit en conséquence. On n'est pas bâtis pour jouer de cette façon. Si on ne s'ajuste pas assez vite, c'est trop tard. L'adversaire ferme le jeu, et on perd le match.

«C'est trop difficile de jouer soir après soir en étant à la remorque de l'adversaire. Il faut être en mesure de donner le ton.»