Ça ne rigole pas toujours dans l'aile des adolescentes anorexiques de l'hôpital Sainte-Justine. Même si la maladie est la même pour toutes, elles ont chacune vécu un cheminement différent pour se retrouver là.

Les filles se réunissent souvent dans une aire commune qui devient en quelque sorte leur quartier général. Durant leur séjour à l'hôpital, qui dure de 8 à 12 semaines selon la gravité des cas, des amitiés se nouent. Une forme de solidarité les aide à passer au travers.

Elles ne rigolent pas toujours, mais certaines suivent assidûment leur hockey.

«C'est ici, dans cette salle, qu'on se réunit pour écouter les matchs - tous les matchs, explique l'une d'elles. Moi, j'aime tous les joueurs de l'équipe, mais les Québécois sont un peu plus spéciaux. Il y a un élément de fierté là-dedans.»

Il fallait voir leurs visages s'illuminer lorsqu'une demi-douzaine de joueurs du Tricolore ont fait irruption dans la pièce, hier, pour venir les saluer. Il y avait là David Desharnais, Michaël Bournival, Brian Gionta, George Parros, Davis Drewiske...

Et, bien sûr, Carey Price.

Price qu'on s'arrache partout, qu'on réclame en premier dans une chambre, qui doit répondre à des «demandes spéciales». Price de qui le personnel hospitalier, aussi excité que les parents et les enfants, réclame constamment des photos.

Il va sans dire que devant une meute d'adolescentes, le gardien de 26 ans ne manque pas non plus de faire de l'effet!

La fibre paternelle

Pour les joueurs dont les enfants ont eu des ennuis de santé, la visite des hôpitaux revêt un cachet particulier.

«Ça vous tire la fibre paternelle», lance George Parros.

Le dur à cuire du Canadien, qui se remet d'une deuxième commotion cérébrale cette saison (voir autre texte), a passé du temps à l'hôpital pour des raisons familiales, lui qui est devenu père de jumelles l'an dernier. «Ils se sont retrouvés aux soins intensifs des nouveau-nés pendant deux mois et demi parce qu'ils étaient prématurés, a-t-il dit. J'ai passé pas mal de temps à l'hôpital.

«Participer à une visite comme celle-ci me rappelle ce qui s'est produit et me rend reconnaissant d'être là où l'on est aujourd'hui.»

Brian Gionta, lui, a dû quitter l'équipe temporairement en début de saison pour aller au chevet de son fils, qui avait été hospitalisé en raison de problèmes respiratoires.

«Pour des parents, rien n'est plus important que la santé de leurs enfants, a rappelé le capitaine. Ce ne sont pas des expériences faciles à traverser. Mais ce que nous avons vécu est très mineur par rapport à ce à quoi plusieurs des enfants et des parents font face.»

Bournival attentif

Michaël Bournival en était à sa première expérience du genre en tant que représentant du Tricolore. Lui qui est normalement si peu loquace dans le vestiaire se montre plus expansif devant les enfants malades.

«On essaie de ne pas trop parler de la maladie», explique Bournival, qui s'était prêté à l'exercice l'an dernier avec les Bulldogs de Hamilton et pour le compte d'Équipe Canada junior.

«On leur demande s'ils suivent le Canadien, cela fait combien de temps qu'ils sont à l'hôpital, s'il y a une date de sortie de prévue. On ne veut pas rentrer dans les détails parce qu'on veut qu'ils se sentent bien...»

Bournival s'est montré sensible et attentif. Par exemple, après que les joueurs eurent quitté la chambre d'une jeune patiente pour aller en voir une autre, il y a eu comme un temps mort. Bournival a décidé de retourner voir la jeune fille pour lui tenir compagnie.

«C'est agréable, les joueurs prennent particulièrement le temps de parler aux enfants cette année», a constaté Geneviève Paquette, directrice exécutive des relations communautaires chez le Canadien.

Un peu de bonheur

Le jeune Rafaldo, qui recevait des traitements à la clinique d'hématologie, était curieux de voir les joueurs du Canadien avant de rentrer à la maison. Il ne restait que lui à la clinique et il a eu le luxe d'avoir tous les joueurs du Canadien pour lui tout seul.

Il n'aurait cependant pas pu nommer ceux qu'il venait de rencontrer car il est surtout un fan de soccer.

Ce fut une drôle d'année en ce sens-là. Le hasard a voulu que les joueurs croisent des jeunes qui, dans certains cas, n'avaient aucune idée de qui ils étaient.

Un garçon d'origine marocaine fêtait ses 15 ans, hier, et les joueurs du Canadien s'y sont donnés à fond pour lui chanter joyeux anniversaire. Pourtant, ces joueurs lui étaient inconnus.

Au Centre de cancérologie Charles-Bruneau, la mère du jeune Éric, originaire d'Ottawa, a dû s'assurer d'ôter le t-shirt des Sénateurs que portait son fils avant que n'arrivent les joueurs du Canadien.

Mais tout cela est bien circonstanciel. Le jeune Bournival l'a bien compris.

«Si l'on peut apporter un peu de bonheur aux gens qu'on vient voir, c'est tant mieux. Aujourd'hui, juste de voir l'expression des jeunes et l'excitation dans leur visage, c'était quelque chose de spécial. Les enfants vivent des moments difficiles et si l'on est en mesure de leur offrir notre soutien, c'est le fun pour tout le monde.»