La réunion des gouverneurs de la Ligue nationale de hockey, qui s'amorce aujourd'hui à Pebble Beach, sera l'occasion pour Gary Bettman de rendre publiques les projections relatives au plafond salarial en vue de la saison prochaine.

Des sources consultées par La Presse ont indiqué que le plafond, fixé actuellement à 64,3 millions, devrait dépasser les 70 millions la saison prochaine. On parle d'une limite établie quelque part entre 70 et 71,5 millions.

Autrement dit, on retournera dans les mêmes eaux que lors de la saison écourtée de l'an dernier (70,2 millions).

Ces projections ne tiennent pas compte de l'afflux d'argent généré par le nouveau contrat canadien de télé qui assurera à la LNH 5,2 milliards au cours des 12 prochaines années. En effet, cette entente ne sera intégrée aux calculs qu'à compter de la saison 2015-2016. D'aucuns s'attendent à ce que le plafond salarial grimpe aux alentours de 78 millions dans deux ans et qu'il franchisse le cap des 80 millions dans trois ans.

Mais pour l'heure, il appert que le contrat de télévision entre Rogers et la LNH contenait un boni à la signature de 150 millions qui, lui, sera comptabilisé dans l'établissement du plafond salarial de l'an prochain.

D'autres facteurs, comme l'augmentation des revenus dans des marchés phares comme Manhattan, Toronto et Montréal, y sont aussi pour quelque chose. Quant aux six matchs présentés à l'extérieur, une source estime qu'ils génèreront environ 60 millions en revenus, et permettront à eux seuls d'augmenter le plafond salarial d'environ 1 million.

Le concept des parties à l'extérieur plaît aux réseaux NBC et HBO, et malgré l'offre qui a été décuplée cette année, on ne croit pas que la source se tarisse à court terme.

Le Canadien pourra payer tout son monde

Le fait de savoir que le plafond salarial dépassera les 70 millions l'an prochain et qu'il pourrait atteindre 80 millions d'ici trois ans doit être de la musique aux oreilles de Marc Bergevin.

Le directeur général est en train de déterminer comment il pourra retenir les services de ses meilleurs joueurs au sein de son enveloppe salariale, ayant entre autres amorcé des pourparlers avec P.K. Subban.

Le Canadien a 15 joueurs sous contrat en vue de l'année prochaine, à hauteur de 46,2 millions, et doit renégocier les ententes de Subban, de Lars Eller et de Ryan White, qui seront tous trois joueurs autonomes avec compensation à la fin de la campagne.

À ces noms s'ajoutent ceux d'Andrei Markov, Raphael Diaz, Brian Gionta, Francis Bouillon, Douglas Murray et George Parros, qui pourraient tous profiter de leur autonomie complète le 1er juillet.

Gionta empoche 5 millions par saison et, à moins d'accepter une diminution de salaire significative, on voit mal comment le capitaine pourrait demeurer à Montréal au-delà de cette année. Il faudrait que son leadership pèse lourd dans la balance aux yeux de la direction.

En toute logique, soit Bouillon, soit Murray - sinon les deux - laissera sa place à un jeune de l'organisation ou à un défenseur de l'extérieur qui améliorera le top 6.

Quant à George Parros, qui est employé de façon sporadique, le Canadien jugera peut-être que son salaire serait mieux investi ailleurs.

Mais pour le reste, une enveloppe de 70 millions devrait suffire à répondre aux demandes de Subban, de Markov, d'Eller et de Diaz. Ou alors, selon les options que Bergevin privilégie, permettre d'améliorer sa formation par l'entremise d'autres embauches.

Dans tout cela, le DG doit garder en tête que les ententes de Brendan Gallagher, Alex Galchenyuk et Michaël Bournival prendront fin au terme de la prochaine saison.

Mais il n'en reste pas moins que le Tricolore sera pas mal moins coincé qu'on ne l'aurait imaginé initialement!

Deux points d'interrogation

Avec la hausse rapide du plafond salarial, des formations ayant un budget plus restreint seront forcées à respecter un plancher salarial qui augmentera lui aussi très vite. Il faudra voir, à l'usure, si la nouvelle division 50-50 des revenus reliés au hockey entre les joueurs et les équipes suffira à maintenir toutes ces formations à flot.

«Si l'on regarde les équipes à faibles revenus, notre modèle d'affaires nous donne une meilleure chance de travailler», a toutefois signalé au New York Times le directeur général de Hurricanes de la Caroline, Jim Rutherford.

Il faudra aussi garder le dollar canadien à l'oeil. Les sept équipes canadiennes ont généré près de 35% des revenus de la LNH au cours des dernières saisons avec un dollar qui était plus ou moins à parité avec la devise américaine.

Or, le huard a clôturé la semaine dernière à 0,9398$ US, son plus bas niveau depuis février 2010. S'il descendait davantage, cela pourrait ralentir quelque peu la hausse du plafond salarial, d'autant plus que le récent contrat télévisuel sera défrayé en argent canadien.

Cela dit, lorsqu'on regarde le portrait d'ensemble, on ne peut que conclure que la LNH est une industrie en pleine croissance.