Autant il faut apprendre à battre les meilleures équipes, autant il faut éviter de s'enfarger dans les fleurs du tapis lorsqu'on affronte une équipe en difficulté.

Le Canadien a retenu les deux leçons au cours des derniers jours. Après avoir battu des puissances offensives comme les Capitals de Washington et les Penguins de Pittsburgh, il a évité de s'assoupir devant les Sabres de Buffalo, bons derniers au classement général, et l'a emporté par la marque de 3-1.

> Le sommaire du match

En route vers une quatrième victoire de suite, le Canadien a du même coup infligé un cinquième revers consécutif aux hommes de Ted Nolan.

Le Tricolore a entre autres bénéficié de deux buts en supériorité numérique pour nourrir la meilleure attaque à cinq du circuit sur les patinoires adverses (30,8%). Le Canadien a marqué au moins un but à cinq contre quatre dans chacun de ses 11 matchs à l'étranger cette saison.

Andrei Markov a dirigé les opérations comme un général, récoltant des mentions d'aide sur les trois buts de son équipe.

«Il joue du hockey inspiré, a reconnu Michel Therrien. Il est en excellente condition physique et il met beaucoup d'efforts là-dessus. Encore ce soir, il a joué un match extraordinaire.»

Desharnais sur une lancée

Mais il n'y a pas eu que l'avantage numérique. L'unité d'infériorité a elle aussi rempli son mandat en première période.

«Nous avons écoulé une punition de quatre minutes qui nous a permis de nous donner du rythme», a signalé Therrien.

Ce fut quand même là la seule infraction qui est allée à la fiche du CH. Histoire différente du côté des Sabres, qui se sont davantage tiré dans le pied. L'obstruction inutile dont Tyler Ennis s'est rendu coupable avec moins de trois minutes à faire au match a coupé court à leurs aspirations, eux qui pressaient le pas afin d'égaler la marque.

Or, Brendan Gallagher a creusé l'écart à 3-1 et scellé le débat grâce à un beau tir sur réception au centre de l'enclave.

Sur le jeu, David Desharnais récoltait son deuxième point de la rencontre, ce qui lui donne une intéressante somme de cinq points à ses quatre derniers matchs.

«Si j'ai joué 200 matchs dans la LNH et que 20 d'entre eux ne sont pas allés comme je le voulais, je n'ai pas à me poser de questions parce qu'il y en a 180 qui m'ont souri davantage», a indiqué Desharnais.

C'est ce même Desharnais qui a inscrit l'autre but des siens en avantage numérique lorsqu'il a fait dévier un tir de P.K. Subban derrière le gardien Ryan Miller.

Des Sabres coriaces

La confiance des Sabres est aussi fragile qu'un vase Ming. Ted Nolan le sait, et il ne s'attend pas à ce que son équipe explose du jour au lendemain.

«On ne peut jamais être heureux après une défaite, mais je suis heureux du fait que ce soir, nous avons été compétitifs», a indiqué l'entraîneur-chef par intérim.

Les Sabres, qui ont accordé le premier but dans 21 de leurs 26 matchs cette saison, n'ont marqué que 6 buts en première période depuis le début de la campagne. Ils en ont accordé 32. Mercredi, ce fut le tour d'Alex Galchenyuk, au terme d'une belle incursion de Lars Eller, de tenter de leur faire plier les genoux avec ce premier but.

Or, les Sabres se sont accrochés.

À compter de la deuxième période, ils ont augmenté la cadence, se sont mis à patiner davantage et surtout à frapper avec plus de vigueur. Ç'a été payant en fin de deuxième lorsque Drew Stafford a mis P.K. Subban en échec en coin de patinoire avant de rejoindre Matt Moulson devant le filet. Sa dégaine a battu Price. Pour l'ancien marqueur des Islanders de New York, qui tente de se remettre du choc de la transaction l'ayant fait passer aux Sabres à la fin octobre, il s'agissait d'un premier but en 11 matchs.

Mais lorsque les locaux ont semblé vouloir dicter l'allure de la troisième période, Michel Therrien a demandé un temps d'arrêt et ses hommes ont immédiatement repris l'ascendant sur le match.

Le Canadien fêtera la Thanksgiving à Washington où il affrontera les Capitals, vendredi, pour la deuxième fois en une semaine.

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Ils ont dit

«Il faut aller dans ces zones-là pour marquer. Parfois, on est juste plus chanceux. Les rondelles nous touchent et ça rentre.» - David Desharnais au sujet de son but en avantage numérique

«Ça n'allait pas être un match facile. Il fallait que chacun d'entre nous se présente, et je pense que c'est ce que nous avons fait. J'aime beaucoup le caractère dans ce vestiaire. Nous sommes là à tous les soirs. C'est le fun de faire partie d'une équipe comme ça.» - Brendan Gallagher, qui redoutait les Sabres malgré leur fiche

«Andrei est un élément important de notre groupe. Il est peut-être silencieux, mais il a beaucoup d'expérience et de leadership. Il est aussi un élément crucial de notre avantage numérique, en plus de bien jouer en défense.» - Carey Price au sujet d'Andrei Markov

«Ce trio-là a été très bon sur le jeu de puissance, mais j'ai aussi beaucoup aimé la façon dont ils se sont comportés à forces égales. C'est la continuité du niveau de jeu qu'ils offrent depuis une dizaine de jours.» - Michel Therrien à propos du trio de David Desharnais

«Il faut faire des ajustements de notre côté. On a réussi à marquer deux buts (mercredi) soir grâce à ces ajustements. C'est un jeu d'ensemble, et l'on essaie d'être un peu plus imprévisibles.» - Therrien en réaction au fait que l'adversaire triche du côté de P.K. Subban en infériorité numérique

«C'est le même refrain qui se répète, ce qu'on fait là n'est pas suffisant. Ça ne sert à rien d'embellir les choses. Il n'y a rien dont on puisse être fiers. Le Canadien est le reflet d'une équipe de série. Or, si par grands bouts on pouvait très bien jouer contre eux, en fin de compte, on a trouvé le moyen de perdre.» - Le capitaine des Sabres, Steve Ott

«Non seulement c'est un gros bonhomme, mais aussi ce n'était pas évident de me battre à la fin d'une présence. J'étais pas mal fatigué.» - Douglas Murray, qui a reçu des points de suture à la tempe après un combat avec John Scott