Au milieu des années 80, le Canadien compte sur un noyau de jeunes joueurs fougueux et remplis de talent. Un peu comme la bande des Galchenyuk, Gallagher et compagnie qui nous en mettent plein la vue cette saison. À une différence près: l'apport des vétérans.

On n'a pas vu depuis des lunes un noyau de jeunes joueurs aussi dominants que la bande de jeunes premiers du Canadien. En fait, il faut remonter à l'époque des Patrick Roy, Claude Lemieux, Stéphane Richer, Chris Chelios et compagnie, en 1986, pour voir un groupe avoir un tel impact sur le Canadien. Et remporter une Coupe Stanley en prime.

«Enfin!», lance le dernier compteur de 50 buts chez le Canadien, Stéphane Richer.

«Ça me redonne le goût de suivre l'équipe. Les Galchenyuk, Gallagher et Eller sont beaux à voir aller. Avant, c'était toujours des agents libres en fin de carrière qui transportaient ce club. Les partisans peuvent enfin s'identifier à de bons jeunes.»

Et pas n'importe lesquels. Alex Galchenyuk, 19 ans, Brendan Gallagher, 21 ans, finaliste au trophée Calder l'an dernier, et Lars Eller, 24 ans, obtenu contre Jaroslav Halak, forment le meilleur trio du Canadien.

Quant à P.K. Subban, 24 ans, il a remporté le trophée Norris l'an dernier et il est probablement le meilleur défenseur de la LNH à l'heure actuelle.

Max Pacioretty, 24 ans, a 104 points, dont 48 buts, à ses 123 derniers matchs.

Le gardien Carey Price, 26 ans, est à 17 victoires de rejoindre George Hainsworth au cinquième rang sur le plan des victoires en carrière chez le Canadien.

En défense, Jarred Tinordi, 21 ans, et Nathan Beaulieu, 20 ans, semblent voués à un bel avenir. Michael Bournival, obtenu contre Ryan O'Byrne, choix de troisième ronde en 2003, est déjà un attaquant très utile qui ne cesse de prendre du galon.

Qu'à cela ne tienne, Richer aimerait voir encore plus de jeunes dans l'uniforme du Canadien. «Marc Bergevin était mon cochambreur à St. Louis et je n'arrête pas de le taquiner quand je le croise. J'aimerais maintenant qu'il donne une chance au petit Louis Leblanc.»

De beaux souvenirs

Richer est reconnaissant d'avoir eu sa chance si jeune. «Je vais me rappeler ce moment-là toute ma vie: le directeur général, Serge Savard, m'a convoqué au bureau à mon deuxième camp. J'avais 19 ans. Il avait son gros cigare au bec. Il m'a dit que, peu importe l'âge, ils allaient prendre les meilleurs avec l'équipe. Tout le monde fumait le cigare dans le bureau et je ne le voyais pas bien à cause de la boucane!

«On ne peut pas oublier ça! Pepe [Claude Lemieux] voulait le job de Lucien Deblois, Kordic voulait la place de Nilan, je rêvais de jouer à Montréal.»

Au printemps 1986, le Canadien remporte la Coupe Stanley avec 10 recrues dans sa formation. L'équipe compte d'ailleurs plus de 15 joueurs de 24 ans et moins.

«On était motivés à l'os. On venait de remporter la Coupe Calder dans la Ligue américaine avec Patrick, Brian Skrudland, Mike Lalor [Michel Therrien faisait aussi partie de cette formation].»

Perron: l'apport des vétérans

«Je fais le lien en voyant les Galchenyuk et Gallagher dominer comme ils le font, raconte Jean Perron, entraîneur du Canadien en 1986. Mais il y a une différence énorme avec mon équipe: la qualité des vétérans. Bob Gainey, Larry Robinson, Ryan Walter, Rick Green... Ils avaient tous pris ces jeunes sous leur aile. Même Chris Nilan s'occupait de John Kordic. Ce sont eux qui ont sauvé la mise! Le Canadien n'a pas assez de vétérans comme eux en ce moment.»

Perron se dit surtout impressionné par Alex Galchenyuk. «Je m'amusais à essayer de trouver des comparables. Gallagher a du Claude Lemieux dans le nez. Subban et Chelios, il y a des similitudes. Galchenyuk? On n'avait pas de Galchenyuk à l'époque. On n'avait pas ce joueur repêché troisième au total. C'est tout un fabricant de jeu. J'ai tellement hâte qu'on le place au centre!»

Toute bonne chose a une fin

Quelles leçons peut-on tirer des équipes de 1986 et de 2013?

«Tout se joue au repêchage, dit Jean Perron. Prenez les Red Wings de Detroit. Ils ont réussi à se bâtir des équipes extraordinaires avec des choix de troisième, quatrième, cinquième et sixième rondes comme Henrik Zetterberg, Pavel Datsyuk et compagnie. Le repêchage du Canadien a laissé à désirer pendant trop longtemps. Mais ça change. Trevor Timmins a été beaucoup critiqué, mais c'était surtout parce qu'on ne le trouvait pas assez présent au Québec. Il ne faisait que suivre la philosophie de Bob Gainey et de Pierre Gauthier.»

Aujourd'hui, la balle est dans le camp du directeur général Marc Bergevin. Les jeunes joueurs d'impact sont trouvés. À lui de les encadrer adéquatement pour amener cette équipe à un autre niveau.

Et alors, qui sait?