C'est à la fois facile et difficile de préparer une compétition quand on sait longtemps à l'avance quelles seront nos adversaires. L'équipe nationale féminine de hockey est dans cette position depuis plusieurs années déjà, puisqu'elle n'a qu'une seule véritable rivale, la formation américaine.

Les deux équipes se sont partagé les 15 titres mondiaux (10-5 pour les Canadiennes) et les 4 titres olympiques (3-1 pour les Canadiennes), et seules les Américaines ont raté une grande finale, aux Jeux de 2006 à Turin, quand elles ont été surprises en demi-finale par les Suédoises.

Doit-on dire que tout le monde prévoit une finale Canada-États-Unis, le 20 février à Sotchi? Les principales intéressées, elles, n'ont pas le moindre doute, et toute la préparation des deux équipes a été organisée autour d'une série de matchs les opposant. En plus de la Coupe des quatre nations, le mois prochain à Lake Placid, six matchs préparatoires ont été prévus, trois au Canada, trois aux États-Unis.

Les Canadiennes ont surpris les Américaines, 3-2, samedi dernier à Burlington, au Vermont, dans le premier match qui s'est terminé dans une mêlée générale. Nos voisines tenteront donc de prendre leur revanche dans le deuxième, jeudi soir au Centre d'excellence Sports Rousseau de Boisbriand.

«Ce sera la première fois depuis 2001 que nous jouons dans la région de Montréal», a souligné Caroline Ouellette, l'une des meneuses de l'équipe, qui était justement sur la glace samedi dernier à la fin du match à Burlington. «L'une de leurs joueuses a foncé sur notre gardienne, et nous avons réagi en conséquence, a expliqué Caroline. Ça ne se fait pas, s'en prendre à la gardienne, et j'espère qu'elles ont compris notre message...»

L'entraîneuse adjointe Danielle Goyette s'est réjouie de la réaction des Canadiennes. «C'est toujours bien de commencer une série importante avec une victoire, et le comportement de nos filles à la fin du match a montré que l'esprit d'équipe est déjà très fort au sein du groupe.»

Goyette: «L'intensité est incroyable»

Avec l'entraîneur-chef Dan Church et la directrice générale Melody Davidson, Goyette aura un gros mot à dire dans la sélection finale de la formation canadienne qui se rendra à Sotchi. En principe, 6 des 27 joueuses de l'équipe actuelle devront être retranchées.

«Nous aimerions avoir notre équipe définitive à Noël», a expliqué celle qui a pris un congé sans solde de son poste d'entraîneuse-chef des Dinos de l'Université de Calgary pour vivre une autre aventure olympique.

«J'ai connu ça comme joueuse et je sais que c'est difficile pour les filles. L'intensité est incroyable non seulement dans les matchs, mais aussi tous les jours à l'entraînement.

«Ce ne sera pas facile pour celles qui seront coupées, bien sûr, mais aussi pour leurs amies qui vont les voir partir, a noté Goyette. En fait, nous ne voulons pas étirer le processus et nous allons procéder aux coupures dès que nous sentirons qu'une fille n'est plus en mesure de rivaliser pour un poste.»

Pas moins de six Québécoises sont de la formation canadienne, et elles ont toutes de bonnes chances d'aller à Sotchi. Ouellette, Charline Labonté, Marie-Philip Poulin (actuellement blessée) et Catherine Ward ont toutes déjà remporté au moins une médaille d'or olympique, mais Mélodie Daoust et Lauriane Rougeau en seraient à leur première expérience aux Jeux.

Daoust, au deuxième rang des joueuses les plus jeunes de l'équipe, estime s'être beaucoup améliorée depuis le début du camp d'entraînement. «J'étais un peu intimidée au début, mais je crois avoir pris ma place depuis quelques semaines. J'ai l'impression d'apprendre et de progresser chaque jour, et c'est sûr que j'ai hâte que les coupures soient terminées.»

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Un match de haut niveau

La gardienne Charline Labonté est originaire de Boisbriand et ce serait bien étonnant qu'elle ne soit pas devant le filet canadien, ce soir, contre les Américaines.

«C'est un rêve pour moi d'être ici avec l'équipe nationale, a-t-elle expliqué, mercredi, au Centre d'excellence Sports Rousseau. On n'a pas souvent la chance de jouer devant nos familles, nos amies et je suis certaine que ce sera une belle expérience.»

L'entraîneuse adjointe Danielle Goyette s'attend à un autre match de haut niveau entre deux équipes qui se connaissent bien. «La région de Montréal est réputée pour le hockey et cet amphithéâtre de Boisbriand devrait être idéal pour notre match.

«Il va sûrement y avoir beaucoup d'ambiance et c'est ce dont nous avons besoin pour poursuivre notre préparation vers Sotchi», a dit Goyette.