Martin St-Pierre a évité la première vague de réaffectations au camp du Canadien, mais il ne se berce pas d'illusions. Le joueur de centre de petite taille sait qu'on a requis ses services cet été afin d'épauler la jeune relève de l'organisation qui va se faire les dents dans la Ligue américaine cette saison.

«Je suis réaliste: c'est ma 10e année chez les pros et je n'ai jamais commencé une saison dans la Ligue nationale», débite-t-il, sans un brin d'amertume.

Ça n'empêche pas le Franco-Ontarien de s'accrocher à son rêve de s'établir dans la LNH, même à l'âge de 30 ans.

St-Pierre est ce type de joueurs trop forts pour la Ligue américaine (528 points, incluant 151 buts, en 516 matchs), mais juste pas assez pour la LNH (huit points en 38 matchs). Il vit très bien avec l'étiquette, et il continue d'espérer. D'espérer de finalement se retrouver au bon endroit au bon moment.

«Je ne rentre pas chez moi le soir en boudant, dit le sympathique athlète dans un français impeccable. Je suis encore motivé après toutes ces années. Je me dis que je ne dois pas lâcher, qu'à un moment donné ça va finir par débloquer. Et si ça n'arrive pas, je pourrai dire que j'ai tout essayé.»

St-Pierre, natif d'Embrun, a atteint des sommets de 99 et de 88 points dans la Ligue américaine - à Norfolk et à Rockford, en 2006-07 et en 2007-08 - dans l'organisation des Blackhawks de Chicago.

Pendant ces années-là, il a connu deux saisons de 14 matchs chacun avec les Blackhawks, en 2006-07, et les Bruins de Boston, en 2008-09. Il a effectué son dernier séjour (trois matchs) dans la LNH en 2009-10, avec les Sénateurs d'Ottawa. En 2010-11, il a fait un séjour en Europe.

«J'ai été au sommet de mon art dans l'organisation des Blackhawks, relève-t-il. J'ai eu beaucoup de soutien à l'époque de Denis Savard, qui était entraîneur, ainsi que des joueurs québécois Martin Lapointe, Yanic Perreault et Patrick Lalime. P.-A Parenteau et moi étions ceux qu'on rappelait des ligues mineures. Lui a fini par graduer dans la Ligue nationale, pas moi.»

St-Pierre est prêt à s'acquitter de la tâche de grand frère des jeunes espoirs du Tricolore, à Hamilton.

«C'est ce que m'ont expliqué Sylvain Lefebvre (l'entraîneur des Bulldogs) et Marc Bergevin (directeur général du Canadien), avant que j'accepte l'offre du Canadien. J'ai rempli le même rôle à Rockford, la saison dernière. L'équipe était jeune et l'entraîneur voulait que je sois un leader offensif. On m'a nommé capitaine et même si l'équipe n'a pas participé aux séries, plusieurs jeunes ont débloqué à l'attaque. La même tâche m'attend ici et je constate que le Canadien a beaucoup de jeunes talentueux.

«Si je peux leur transmettre tout ce que j'ai appris au fil des années et qu'il y a des gars qui sont rappelés en cours de saison, ça voudra dire que j'ai fait mon travail de vétéran», a-t-il conclu.