Certains moments qui pavent la voie à une conquête de la Coupe Stanley deviennent parfois mythiques.

Si les Bruins de Boston finissent par remporter leur deuxième Coupe Stanley en trois ans, on évoquera à coup sûr leur remontée historique face aux Maple Leafs de Toronto lors du septième match de la première ronde.

Mais on se souviendra aussi de cette séquence en infériorité numérique face aux Penguins de Pittsburgh au cours de laquelle Gregory Campbell s'est fracturé le péroné droit en bloquant un lancer d'Evgeni Malkin. Les Bruins étant coincés dans leur zone, Campbell a continué de se défendre sur une jambe pendant 50 secondes.

Cette séquence a bien sûr marqué la fin de des séries de Campbell, qui a été opéré lundi dernier.

«J'ai bloqué plusieurs lancers dans ma carrière, mais la sensation était différente sur celui-là. J'étais pas mal certain que quelque chose n'allait pas», a raconté Campbell, dont le profil de col bleu sied pied à la personnalité des Bruins et à la ville de Boston.

«Ça faisait mal, mais l'adrénaline est si forte dans ce temps-là qu'on n'a pas le temps de penser.»

La seule chose à laquelle Campbell a pensé, c'est qu'il devait se lever s'il était en mesure de le faire.

«À partir de ce moment-là, j'ai juste essayé de me mettre dans les corridors de tirs. Je n'étais pas très efficace mais j'essayais de ne pas être une nuisance. C'était plus utile que d'essayer de retourner au banc, ce qui m'aurait pris un bout de temps à faire.»

Ne sortez pas les violons

À travers la LNH, les réactions ont fusé. Des joueurs ont exprimé sur Twitter leur fierté devant une telle démonstration. Mais Campbell, lui, n'y voit rien d'héroïque.

«Plusieurs joueurs continuent de jouer malgré la douleur et je ne me vois pas différemment des autres, a-t-il dit. Les gars font tout ce qu'ils peuvent pour gagner.»

Les Bruins ne sont pas du genre à verser dans le sentimentalisme. On aimerait bien vous dire que Campbell a créé un moment «Jimmy-dans-Lance-et-Compte» lorsqu'il a retrouvé ses coéquipiers pour la première fois depuis sa blessure.

Mais ceux-ci ont préféré se moquer de sa tenue vestimentaire.

«Ce n'est pas parce qu'il est en béquilles qu'il mérite un passe-droit», a lancé Shawn Thornton.

Le parallèle avec la visite de Nathan Horton dans le vestiaire des Bruins, après le quatrième match de la finale de la Coupe Stanley, il y a deux ans, demeure tentant. Dans la rencontre précédente, Horton avait été victime d'une commotion cérébrale lors d'une mise en échec violente d'Aaron Rome, des Canucks de Vancouver.

Sa présence avait été une inspiration pour ses coéquipiers. Campbell dit mieux comprendre à quel point ça a pu être difficile pour Horton en 2011 de rester sur les lignes de touche.

«Je suis un fan de hockey depuis toujours, je n'ai manqué aucune finale de la Coupe Stanley, et je trouve ça dur de ne pas pouvoir jouer», a-t-il confié.

«Graviter autour du vestiaire est une seconde nature pour moi. D'en être privé me fait réaliser combien je suis chanceux de faire partie de cette équipe.»

De nouvelles combinaisons

Campbell n'est qu'un joueur de quatrième trio, mais son absence se fait sentir en finale. Car lorsque les matchs atteignent la prolongation, comme ça a été le cas lors des deux premières rencontres, le recours à quatre trios utilisés de façon régulière devient déterminant. À plus forte raison du côté des Bruins, dont c'est le modus operandi à longueur d'année.

«Depuis la perte de Campbell, notre quatrième trio a perdu son identité», disait l'entraîneur-chef Claude Julien il y a quelques jours en parlant du fait qu'il avait été forcé de revoir la composition de ses trios face aux Blackhawks.

Force est d'admettre qu'il a eu la main heureuse en réunissant Tyler Seguin, Chris Kelly et Daniel Paillé dans le deuxième match. Ces trois-là ont encore abattu un boulot colossal lundi soir.

«Ça m'agace un peu de ne pas y avoir pensé avant», a confié Julien en souriant.