Dans une série qui implique Sidney Crosby, Evgeni Malkin, Jaromir Jagr, Patrice Bergeron et Kris Letang, c'est un joueur beaucoup moins connu qui occupe toutes les discussions depuis mercredi soir à Boston: Gregory Campbell.

Campbell, un gars de quatrième trio qui ne faisait pas vraiment parler de lui avant mercredi, est en quelque sorte devenu l'inspiration des Bruins depuis ce troisième match, remporté 2-1 par sa bande, en deuxième période de prolongation, à la suite d'un but de Bergeron.

Campbell s'est assuré d'entrer dans le grand livre d'histoire des Bruins en deuxième période du match de mercredi, quand il a bloqué un puissant tir de Malkin en désavantage numérique.

Le joueur de 29 ans est resté sur le jeu, sur une seule jambe et pendant quelque 60 interminables secondes, incapable de se sortir de là. Il a fini par rentrer au banc sous les hourras d'une foule conquise par son courage.

Qu'a-t-on appris dans la nuit de mercredi à jeudi, au terme du match? Que Gregory Campbell a subi une fracture du péroné droit sur le jeu en question. Sa saison est terminée.

«Je ne me souviens pas d'avoir vu quelque chose comme ça auparavant, a soupiré l'entraîneur Claude Julien, hier midi. J'ai seulement vu ça sur vidéo, et c'était Bobby Baun...»

Le pilote des Bruins faisait référence à cet ancien joueur des Maple Leafs de Toronto, qui a bâti sa propre légende en jouant sur une seule jambe lors des séries de 1964. Baun avait disputé une portion de la grande finale malgré une cheville fracturée.

Le temps nous dira bien si la légende de Gregory Campbell va devenir aussi immense que celle du mythique Baun, mais en attendant, les Bruins voient en leur coéquipier blessé une source d'inspiration.

«Ce qu'il a fait sur le jeu est impressionnant, mais pas surprenant, a ajouté Julien. C'est lui, il est comme ça. Il est capable d'en prendre. C'est sûr que ça a inspiré ses coéquipiers.»

Certains joueurs des Bruins ont admis avoir grincé un peu des dents en voyant leur collègue peiner comme ça sur la glace pendant de longues secondes.

«C'était dur à regarder, a admis le défenseur Torey Krug. Mais Gregory est un guerrier et il représente un peu tout ce que cette équipe reflète. C'est certain qu'on veut gagner cette série-là pour lui.»

Pendant que Campbell tentait de se tenir debout, les joueurs des Penguins, eux, ont continué leur jeu à cinq contre quatre, sans trop savoir ce qui arrivait à celui qui porte le maillot numéro 11 chez les Bruins. «On n'avait aucune idée de ce qui était en train d'arriver, a dit l'attaquant Pascal Dupuis. C'est plus tard qu'on a su qu'il avait subi une fracture. C'est dommage pour lui.»

Claude Julien n'a pas voulu dire qui il allait choisir pour remplacer Gregory Campbell, qui a manifestement le respect de tout le monde dans le vestiaire des Bruins.

«Il était l'un de nos meilleurs joueurs depuis le début des séries, a tenu à dire l'attaquant Shawn Thornton. À sa place, plusieurs joueurs auraient choisi de rester couchés sur la glace. C'est impossible de résumer tout ce qu'il représente pour nous.»