L'Association des joueurs de la LNH pourrait-elle demander un jour à ses membres de se prononcer sur la possibilité d'interdire les bagarres? Ce jour-là est encore loin, mais s'il arrive, le vote des joueurs serait largement en faveur du maintien des bagarres sur la glace.

C'est du moins l'opinion de Todd Bertuzzi. Le vétéran de 38 ans, qui en est à sa 17e saison dans la Ligue nationale, estime que l'interdiction des bagarres au hockey n'est pas pour demain, malgré les discussions qui se font de plus en plus nombreuses à ce sujet.

«Je ne crois pas que les bagarres vont être interdites, ça n'arrivera jamais, a déclaré l'attaquant des Red Wings de Detroit en entrevue avec La Presse. Un vote pour l'abolition des bagarres ne passerait jamais auprès des joueurs. Ce n'est que mon opinion, mais je ne pense pas que les joueurs voteraient en faveur d'une telle mesure.»

L'épineux débat à ce sujet a été relancé récemment en coulisses par Don Fehr, le patron de l'Association des joueurs. Selon Radio-Canada, Fehr a rencontré en avril une douzaine d'agents impliqués dans le monde du hockey. La réunion, tenue à Montréal, aurait permis d'apprendre que le patron du syndicat des joueurs cherche à amorcer une réflexion sur la possibilité d'interdire un jour les bagarres dans la Ligue nationale.

Pour le moment, les détails à ce sujet sont peu nombreux, mais Bertuzzi voit mal comment les choses pourraient changer dans l'immédiat.

«Il y a des gars qui ont un travail à faire dans cette ligue, et on ne peut pas leur enlever leur gagne-pain, a ajouté Bertuzzi lors d'un entretien réalisé avant le quatrième match de la série Red Wings-Blackhawks, jeudi à Detroit. On ne peut pas mettre les durs de durs à la rue et les remplacer par des plus petits joueurs.»

Quelle réunion?

Les joueurs des Red Wings, comme ceux des Blackhawks, affirment ne pas être au courant de ce plus récent projet de Don Fehr. Les joueurs interrogés à ce sujet par La Presse ont dit ne rien savoir de cette réunion tenue à Montréal.

«Personne ne nous a parlé de ça, a répondu Jonathan Toews, le capitaine des Blackhawks. Je ne suis pas sûr de ce que les joueurs penseraient d'une telle proposition, il faudrait en premier connaître tous les détails.»

Les joueurs des Wings paraissaient surpris eux aussi quand La Presse leur a parlé de cette démarche amorcée par le leader de leur syndicat.

«La question de la fin des bagarres, c'est quelque chose dont on entend parler comme ça entre les branches, mais personne de l'Association des joueurs n'a contacté notre équipe à ce sujet, a expliqué le défenseur des Red Wings, Brendan Smith. Ce sont surtout des rumeurs pour le moment. En ce qui me concerne, j'espère qu'on ne va jamais interdire les bagarres. Ça fait partie du jeu, et ça fait partie du jeu depuis très longtemps.»

Smith reconnaît toutefois que d'éventuelles poursuites à l'endroit de la Ligue nationale pourraient changer la donne. Récemment, la famille de Derek Boogaard, ex-poids lourd du Wild du Minnesota et des Rangers de New York, a intenté contre la LNH une poursuite pour homicide délictuel. Boogaard, rappelons-le, est mort en 2011, à la suite d'une surdose d'alcool et de médicaments. Des spécialistes avaient affirmé qu'il souffrait d'une encéphalopathie traumatique chronique, à cause des multiples coups à la tête encaissés dans son rôle de bagarreur.

Selon Brendan Smith, c'est le genre de chose qui pourrait forcer la ligue et ses dirigeants à revoir leurs positions.

«Absolument. On regarde un peu ce qui est arrivé à des gars comme [Rick] Rypien, et on réalise que certains joueurs ont eu des ennuis par la suite. On dirait qu'on se rapproche de la fin des bagarres au hockey. On dirait qu'on se dirige lentement dans cette direction.»