Depuis leur conquête de la Coupe Stanley, il y a deux ans, les Bruins de Boston n'ont apporté que deux changements à leur groupe d'attaquants en séries. Le jeune Tyler Seguin occupe désormais un poste permanent, ayant pris la place de Michael Ryder.

Sinon, il n'y a que Jaromir Jagr qui ait pris le relais de Mark Recchi comme éminence grise au sein de l'équipe.

Jagr, arrivé à Boston à la date limite des transactions, affronte en deuxième ronde une équipe qui lui est bien familière. Une équipe avec laquelle il a passé trois saisons et avec laquelle ça s'est plutôt mal terminé.

«De marquer 50 buts à New York, c'est quelque chose que peu de joueurs sont arrivés à accomplir», a souligné l'attaquant tchèque qui avait inscrit 54 buts et 123 points durant la saison 2005-06, sa première avec les Rangers.

«D'avoir été capitaine de cette équipe a aussi été spécial, tout comme d'avoir pu participer aux séries durant mes trois années là-bas. Les éditions précédentes des Rangers comptaient plusieurs bons joueurs, et pourtant l'équipe n'avait pas fait les séries pendant huit ans.»

Pourtant, le DG des Rangers Glen Sather a refusé de lui consentir un nouveau contrat puisqu'il voulait effectuer un virage jeunesse.

Ça a été le début de l'exil pour Jagr.

Il est allé se faire oublier dans la KHL pendant trois ans avant de revenir en tant qu'employé contractuel chez les Flyers de Philadelphie, puis chez les Stars de Dallas, et aujourd'hui avec les Bruins.

Le défenseur Dan Girardi a beau dire que Jagr a conservé les mêmes atouts qu'à l'époque où ils étaient coéquipiers chez les Rangers, le principal intéressé admet qu'il était meilleur dans ce temps-là.

Quand on se sent bien...

Le deuxième joueur le plus âgé de la ligue après Teemu Selanne joue la carte de l'expérience. Il en a des tonnes et, comme tout le monde le sait, elle ne s'achète pas sur eBay.

«Même à 41 ans, je continue d'apprendre, soutient Jagr. Si tu cesses d'apprendre, tu meurs. Le monde change vite et le hockey aussi. Pour rester dans cette ligue, il faut être capable de s'ajuster. Je ne peux plus jouer comme je jouais en 1990.»

«Si j'étais aujourd'hui au volant de la meilleure voiture de 1990, j'aurais l'air stupide.»

Le modèle 2013 de la Jagr GT n'a plus le turbo d'antan et les boules de feu sur les côtés ont fait place à des tempes grisonnantes. Mais la tenue de route demeure impressionnante. Jagr est encore capable d'utiliser son gros gabarit afin de protéger la rondelle, souvent avec une main sur le bâton et l'autre servant à repousser l'adversaire.

Et il lui reste encore de l'essence dans le réservoir.

«Tout est dans la tête et tout est une question de confiance, dit Jagr. Quand les choses vont bien, je me sens bien et je me crois capable de jouer encore dix ans. Mais quand ça va mal... eh bien, on peut avoir seulement 25 ans et penser qu'on serait mieux de tout lâcher.»

Avec Patrice Bergeron

Jagr attend toujours son premier but des séries, celui qui lui permettra de rejoindre Jean Béliveau au 10e rang de tous les temps pour le plus de buts en matchs éliminatoires. Mais il a tout de même enregistré quatre mentions d'aide et évolue désormais aux côtés de Patrice Bergeron et Brad Marchand.

«Il est une menace sur la glace, car à chaque présence, l'adversaire saute sur lui, a observé Claude Julien. Il est confronté à de gros bonshommes parce qu'il est difficile à déplacer. Il a été un bon ajout à notre équipe et -je ne sais pas si c'est une coïncidence- le trio de Bergeron s'est mis à produire depuis qu'on lui a greffé Jagr.»

Julien admet que l'attaquant tchèque a paru fatigué lors de quelques présences dans le premier match de la série. Il reste ouvert à l'idée de lui donner un répit si ça s'avère nécessaire.

«Mais il n'est certainement pas du bout du rouleau», a précisé l'entraîneur des Bruins.