En bon Québécois, on appelle ça manger une volée. Ce n'est rien de bien poétique comme description, mais vu le pauvre spectacle offert par le Canadien, dimanche soir à Kanata, il n'y a peut-être pas de description plus précise que celle-là.

Au bout de 60 minutes, le Canadien a perdu ses bagarres, sa fierté et aussi le match, qui s'est conclu par un résultat sans appel de 6-1 contre des Sénateurs d'Ottawa qui avaient un peu plus de tout. Plus d'énergie, plus de chien, et surtout plus de buts au compteur.

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«Ils ont joué un bon match, a laissé savoir l'entraîneur Michel Therrien au terme de la rencontre. Il faut leur rendre hommage.»

C'est à peu près tout ce que le pilote montréalais avait de bon à dire concernant le club ennemi. Parce que Therrien n'a pas vraiment apprécié ce temps d'arrêt exigé par l'entraîneur Paul MacLean alors que l'issue du match ne faisait absolument aucun doute, avec 17 secondes à écouler au cadran.

«C'est rare qu'on voit ça, a ajouté l'entraîneur du CH. En tant que coach, tu ne dois pas humilier les autres comme ça, et c'est exactement ce qu'il a voulu faire. C'est un manque de classe total, même l'arbitre ne se souvenait pas de la dernière fois qu'il avait vu ça.»

L'entraîneur des Sénateurs, lui, s'est ensuite défendu en disant qu'il cherchait avant tout à protéger ses joueurs, vu le caractère un peu fou de cette soirée. «On doit laisser les joueurs décider de l'issue d'un match, a ajouté Michel Therrien. J'ai toujours cru à ça.»

Rappel des années 70

En plus de perdre au tableau des buts, le CH a aussi perdu au tableau de la bonne vieille violence. Dans une scène digne des années 70, pas moins de cinq bagarres ont éclaté en même temps à 7: 04 de la troisième période. Il ne manquait que des favoris, des cheveux longs et les meilleurs succès de Grand Funk Railroad pour compléter l'illusion.

Le pire, c'est que les membres du CH ont presque tous perdu leur petit match de boxe, incluant Ryan White, humilié par Jared Cowen. À la fin de ce concours de claques sur la gueule, les taupins des Sénateurs, menés par Chris Neil, se sont permis de quitter la glace d'un air triomphant, les mains dans les airs. «Disons que ce n'est pas quelque chose que je ferais, a expliqué le défenseur Josh Gorges en se retenant à deux mains pour ne pas trop en dire. Mais il faut oublier tout ça et penser au prochain match.»

Une fois les folies terminées, les deux équipes ont écopé d'un total de 236 minutes de pénalité, ce qui a laissé d'énormes trous du côté des deux bancs.

Avec tout ça, il ne faudrait pas oublier le gros match de l'attaquant Jean-Gabriel Pageau, 20 ans, qui s'est offert une soirée de trois buts, lui qui n'avait pris part qu'à neuf matchs cette saison. Alfredsson, Turris et Silfverberg ont aussi marqué pour les Sénateurs. Rene Bourque a été le seul à déjouer Craig Anderson.

Carey Price, lui, a eu une soirée un peu difficile, et a accordé tous ces buts sur un total de 30 tirs. Michel Therrien n'a jamais pensé à le sortir de là, même à 5-1 en milieu de troisième. «On gagne en équipe, on perd aussi en équipe», a-t-il expliqué.

La suite mardi soir au même endroit. Ça promet.