Dans un premier temps, on ne peut que saluer le travail journalistique colossal abattu par Rosie DiManno pour la rédaction de ce bouquin. Les témoignages recueillis auprès de ceux qui ont côtoyé Pat Burns de près ou de loin se distinguent autant par leur quantité que par leur variété.

Le récit est d'ailleurs organisé de telle sorte qu'on a parfois l'impression de lire la transcription d'un documentaire télévisé et d'entendre presque la voix du narrateur entre les paroles des gens interviewés.

Si l'exercice peut rendre la lecture plus agréable pour certains, il peut parfois s'avérer un peu lourdaud, notamment quand l'auteure raconte en long et en large chacune des séries éliminatoires auxquelles Burns a pris part.

Il reste qu'au final, Pat Burns, l'homme qui voulait gagner est un must pour les amateurs de hockey qui veulent découvrir - ou redécouvrir - l'un des entraîneurs les plus fascinants et méconnus de l'histoire de la LNH.

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DES EXTRAITS DE PAT BURNS, L'HOMME QUI VOULAIT GAGNER

Sur la mort de son père Alfred

«Pour le tout jeune Pat, la perte soudaine de son père a affecté sa psyché, ouvrant une plaie béante, un mal lancinant que rien ni personne ne pourrait jamais apaiser. Avant même qu'il pût appréhender ce qu'il avait perdu, l'absence définitive d'Alfred Burns l'a marqué. Ainsi commencerait la quête de toute une vie pour des mentors, pour des patriarches bienveillants susceptibles de combler ce vide.»

Sur le côté réservé de Pat Burns

«Au premier abord affable, toujours accessible pour les partisans qui le croisaient dans la rue, Burns était en réalité un homme très réservé, presque timide, assez méfiant, qui admettait très peu de proches dans son intimité. Rien ne l'épuisait davantage que ces parasites qui voulaient gagner son amitié à cause de son statut de vedette ou pour avoir leurs entrées dans les hautes sphères du hockey. Ses rares et vrais amis devaient se montrer loyaux et discrets, et plus ils étaient éloignés du hockey, mieux cela valait.»

Sur le policier devenu entraîneur

«Burns ne se débarrasserait jamais de cette réputation de policier rompu à la réalité de la rue une fois qu'il serait devenu un entraîneur - et ses antécédents de policier étaient précisément ce qui captiverait les directeurs généraux d'équipes de hockey, mais ses 16 années passées à côtoyer intimement le monde criminel teinteraient son caractère pour de bon, biaiseraient sa vision du monde et alimenteraient une méfiance bien enracinée à l'endroit de la bête humaine.»

Sur son arrivée avec les Maple Leafs

«Burns était l'incarnation du tempérament irlandais et de la fierté gaélique, il était coloré et savoureux après des années de misère sous la férule d'entraîneurs insipides, il avait prouvé qu'il était un gagnant, même sans bague de la Coupe Stanley au doigt. Depuis le premier passage de Punch Imlach à la barre des Leafs, dans les années 60, la ville ne s'était pas enorgueillie d'un entraîneur avec autant de charisme.»

Sur sa maladie

«Burns n'a pas eu beaucoup de temps à sa disposition entre le moment où il a su que son dernier cancer était incurable et celui où sa condition a été médiatisée et qu'on lui a donné cette image d'homme à l'agonie. Il ne souhaitait pas qu'il en fût ainsi. La pitié n'était pas son fonds de commerce. Et pourtant, il fut touché droit au coeur par le déferlement d'amour et de soutien dont il fut l'objet.»