Cela avait tout l'air d'une décision risquée. Un entraîneur à ses premières armes dans la LNH allait essayer de convaincre le double joueur par excellence du circuit d'adopter une nouvelle position.

Mais il fallait faire quelque chose. Les récentes statistiques d'Alexander Ovechkin lui donnaient des airs d'une valeur boursière à la baisse, une analogie pertinente étant donné que les Capitals ne le paieront pas près de 10 millions de dollars US par année jusqu'à la fin de la décennie pour qu'il soit seulement un joueur offensif potable dont les meilleurs jours sont derrière lui.

Le jeu du Russe de 27 ans était devenu si prévisible et incomplet il y a un an que l'entraîneur à l'époque, Dale Hunter - qui mettait l'accent sur la défensive -, le confinait souvent au banc en fin de rencontre, surtout quand les Caps avaient l'avance.

Et voilà que s'est amené Adam Oates, qui a déplacé Ovechkin de l'aile gauche à l'aile droite et a enduré un piètre début à une saison écourtée par le lock-out. Oates a maintenant remis les Capitals - et Ovechkin -sur les rails. Au moment de s'amener à Montréal, où l'équipe affrontera le Canadien mardi soir, Washington s'est emparé du premier rang dans la section Sud-Est, et Ovechkin a retrouvé ses airs d'Alexandre le Grand. Il a enfilé 16 buts à ses 14 plus récentes sorties pour se hisser, avant les matchs de lundi, à égalité en tête chez les francs-tireurs de la LNH.

On dirait bien que la décision risquée a payé.

«Il ne m'avait jamais rencontré auparavant, a noté Oates. Et je respecte tout à fait qui il est, et ce qu'il a accompli. Lorsque tu suggères quelque chose comme ça, il faut que les deux parties se rencontrent au milieu pour se mettre d'accord, et il fallait qu'il ait confiance en moi. Ça prend un peu de temps, et évidemment j'espère qu'il a confiance en moi maintenant. Nous allons dans la bonne direction.»

La séquence de cinq participations aux séries d'affilée des Caps était en danger de prendre fin à la suite d'un début de saison de 2-8-1. Ils ont affiché du jeu inégal jusqu'en février, et Oates a déclaré le 26 février que ses joueurs avaient seulement apprivoisé son système à «60-70 %».

Puis, quelque temps en mars, Oates s'est rendu compte qu'ils y étaient arrivés - ou du moins, qu'ils étaient tout près d'y arriver.

Et au centre de ce revirement de situation se trouve Ovechkin, qui maintenant se place en position de recevoir la rondelle à différents endroits sur la patinoire, et ne se fie plus seulement à ses feintes habituelles pour essayer de battre un adversaire. Il a 25 buts en 39 matchs - ce qui représente un rythme de plus de 50 buts sur l'ensemble d'une saison complète de 82 rencontres.

Qui plus est, son temps de jeu n'est plus limité, même quand les Caps ont l'avance. Aux yeux d'Oates, c'est là un signe de respect qu'on se doit d'accorder au capitaine de l'équipe.

«Je lui ai dit qu'il est notre homme, que je voulais lui donner toutes les opportunités de connaître du succès et d'être notre homme», a affirmé Oates.

C'est là un vote de confiance qu'Ovechkin n'a jamais reçu de Hunter.

«C'est une question de confiance, a noté Ovechkin. C'est ce que je n'avais pas l'an dernier. Quand tu ressens ça, tu veux aller sur la patinoire, jouer pour ton équipe et ton entraîneur, et faire de ton mieux.»

Ce témoignage de confiance a permis de vite faire disparaître toute réticence qu'Ovechkin a peut-être ressentie dans les premiers moments où Oates et lui ont initialement abordé l'idée de changer d'aile.

«Je m'y suis simplement habitué, a dit Ovechkin. Nous regardons encore de la vidéo et mes jeux. C'est plaisant lorsque tu as la confiance de ton équipe et de ton entraîneur.

«Je ne veux pas parler de l'an dernier, a-t-il ajouté. Cette année est très différente. En ce moment, je me sens très bien et nous avons recommencé à gagner - c'est la chose la plus importante. C'est évident que je suis heureux de marquer des buts; le début de saison a été très dur pour toute l'organisation. Maintenant nous sommes de retour et c'est bien.»