Lars Eller surprend bien des gens cette saison en raison de son jeu amélioré. Larry Pleau, lui, n'est pas surpris.

Pleau, lui-même un ancien joueur, travaille aujourd'hui à titre de dépisteur pour les Blues de St.Louis. Mais juste avant, il fut le directeur général de cette équipe pendant 13 saisons, de 1997 à 2010. Et c'est lui qui était le patron lorsque les Blues ont choisi Eller avec le 13e choix du premier tour, au repêchage de 2007.

Il s'en souvient très bien.

«Nous avions trois choix de premier tour cette année-là, et nous étions clairement à l'étape de la reconstruction, rappelle Pleau, en entrevue téléphonique avec La Presse. Les deux joueurs les mieux cotés par notre équipe cette année-là étaient Jakub Voracek et Lars Eller. Quand les Blue Jackets de Columbus ont choisi Voracek avant nous, on a décidé d'y aller avec Lars.»

Presque six ans plus tard, Pleau refuse de se lancer des fleurs pour cette décision. Il tient plutôt à rappeler qu'il ne savait pas grand-chose du joueur danois à cette époque et qu'il s'était plutôt fié au bon jugement de son dépisteur principal à ce moment-là, un certain Jarmo Kekalainen, qui est aujourd'hui le directeur général... des Blue Jackets de Columbus, le club qui a poussé les Blues de Pleau à sélectionner Eller.

«C'est Jarmo qui l'avait vu jouer et c'est Jarmo qui m'avait parlé de Lars, poursuit Larry Pleau. Je sais que nos dépisteurs et nos hommes de hockey aimaient beaucoup Eller. Lors de ce repêchage, nous avions coté un seul joueur avec une note supérieure à la sienne, soit Voracek. Sur notre tableau, nous avions Lars Eller au sommet, il avait obtenu une très haute cote. À nos yeux, c'était assez clair qu'il allait devenir un joueur de premier ou de deuxième trio.»

Dur de savoir ce que pense Kekalainen d'Eller aujourd'hui, puisque le DG des Blue Jackets n'a pas voulu répondre aux questions de La Presse à ce sujet.

Du talent et du caractère

Larry Pleau, lui, admet qu'il n'a pas vu souvent le jeune attaquant du CH cette saison, mais il réalise que le joueur de 23 ans est en train de devenir l'attaquant que les Blues espéraient.

En 25 rencontres cette saison, Eller a 15 points au compteur. Malgré cette saison écourtée, il pourrait récolter la meilleure production de sa carrière dans la LNH, lui qui avait obtenu 28 points la saison passée, mais qui avait eu besoin de 79 matchs pour arriver à cette marque.

«On savait qu'il avait du talent et qu'il était un jeune qui savait travailler, ajoute l'ex-DG des Blues. Nous aimions beaucoup sa force de caractère aussi.»

Mais alors, pourquoi les Blues ont-ils fini par abandonner et le refiler au Canadien en juin 2010, dans l'échange qui a impliqué un gardien nommé Jaroslav Halak?

«Parce que nous avions besoin d'un gardien, de répondre Larry Pleau. Je me souviens d'avoir eu des discussions avec la direction du Canadien cette saison-là, un peu avant le début des séries. On avait besoin d'un gardien et on savait que le Canadien en avait deux qui étaient bons. De notre côté, nous n'avions pas parlé d'un joueur en particulier pour réussir l'échange. J'ai ensuite quitté mon poste de directeur général, et Doug [Armstrong, le DG actuel des Blues] s'est chargé du reste.»

On connaît la suite: Armstrong a refilé Eller et l'attaquant Ian Schultz à Pierre Gauthier et au Canadien, en retour de Halak, une transaction qui avait été décriée à Montréal à ce moment-là, puisque le gardien slovaque venait tout juste de permettre au Canadien et à ses partisans de vivre un printemps magique.

Trois ans plus tard, force est de constater que la transaction de Pierre Gauthier ne semble plus si mauvaise...