Patrick Roy doit peut-être son style papillon à sa mère.

«Elle me faisait faire de la natation quand j'étais jeune et j'étais vraiment fort en brasse, raconte l'ancien gardien du Canadien. Quand je suis arrivé sur la glace, on dirait que c'était naturel pour moi de tomber sur les genoux. En plus, mon idole Tony Esposito utilisait déjà le papillon.»

Esposito était en effet un précurseur puisque la plupart des gardiens de son époque demeuraient debout lorsque les attaquants tiraient. «Il utilisait déjà le papillon, sauf qu'il demeurait près de son filet, dit Roy. Moi, je préférais sortir de mon but pour défier les tireurs, et dans ce sens-là, j'imitais ma deuxième idole, Rogatien Vachon, qui aimait sortir de son but. J'ai donc inventé mon style en combinant ceux de Vachon et d'Esposito. Il y avait un peu de Daniel Bouchard également, une autre de mes idoles, qui employait le papillon à l'occasion. Je me disais que si j'avais assez de mobilité pour quitter mon filet et utiliser le papillon, ça pourrait fonctionner.»

Mais quand Roy a été repêché en troisième ronde par le Canadien en 1984, on l'a invité à modifier son style.

«André Boudrias, qui était responsable du développement des joueurs, m'avait donné une vidéo de Pelle Lindbergh en me disant qu'ils souhaitaient que je garde les buts comme lui. J'ai pris le tape et je l'ai jeté aux poubelles après 10 minutes. J'étais capable de reconnaître que Lindbergh était un très bon gardien, mais j'étais incapable de jouer comme lui. Je me suis dit qu'à compter de ce jour-là, je garderais les buts à ma manière.»

Roy a alors croisé François Allaire, qui venait d'être embauché comme entraîneur des gardiens par l'organisation. Allaire cherchait justement à mettre au point le papillon, mais se heurtait à l'entêtement des gardiens qu'il avait sous la main. Quel heureux hasard!

«C'est bien tombé quand j'ai rencontré François parce qu'il était capable d'aller au deuxième étage et de dire qu'on s'en allait dans la bonne direction. Je n'avais pas à travailler à contre-courant. Ç'a été une rencontre marquante parce que j'avais quelqu'un qui pensait comme moi.»

Aujourd'hui, le papillon est devenu la norme partout dans le monde.

«Je ne sais pas si j'ai eu une influence, mais si c'est le cas, je suis très fier de ça, souligne Roy. Ce n'était pas le but, mais si c'est le cas, tant mieux si mes années ont pu profiter à d'autres. Parce qu'avant moi, j'ai eu la chance d'être inspiré par Tony Esposito, Rogatien Vachon et Daniel Bouchard...»